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15 janvier 2022, par
Femme aux allures de Gandhi et au nom divin, Vandana Shiva a un parcours digne des plus grandes histoires mythologiques. Cependant, rien dans son combat ne relève de la légende ou de la fiction. Scientifique, philosophe, militante et activiste féministe, l’intermondialiste indienne est considérée comme chef de file du mouvement écoféministe qui prône un retour à des valeurs plus pures au sein de notre société, mettant ainsi la femme et la nature au cœur de sa lutte contre l’industrie agroalimentaire néolibérale.
Vandana Shiva est née le 5 novembre 1952 à Dehradun, actuelle capitale économique de la région de Uttarachal située au nord de l’Inde. C’est en ces lieux reculés que la plus haute chaine de montage au monde, l’Himalaya, prend racine. La petite Indienne, dont l’enfance se passait « soit à la ferme que ma mère a construite ou dans la forêt » est à l’aube d’un voyage extraordinaire. Grand-père mort d’une grève de la faim pour l’ouverture d’une classe pour filles dans son village, mère chantre de l’autosuffisance alimentaire, père garde forestier sur les contreforts de l’Himalaya : en matière d’engagement, Vandana a de qui tenir. Très tôt, elle met en pratique cet ADN familial. « À 6 ans, j’ai refusé un cadeau, un sari en nylon, pour conserver mes habits de coton biologique », raconte la militante au storytelling bien rodé.« Chaque fois que nous consommons ou que nous produisons au-delà de nos besoins, nous nous engageons dans la violence » Après des études de physique quantique puis une thèse de philosophie au Canada, elle rejoint le mouvement féministe Chipko – des paysannes qui s’attachent aux arbres pour lutter contre la déforestation. « Chaque fois que nous consommons ou que nous produisons au-delà de nos besoins, nous nous engageons dans la violence », aime répéter la militante, 70 ans aujourd’hui. Forte d’un indéniable charisme, d’un art consommé de la désobéissance civile et d’intuitions fines sur le futur de l’agroécologie, Vandana décide de creuser son sillon dans sa région natale de l’Uttaranchal.
Parallèlement aux premiers pas de notre protagoniste, l’État indien doit faire face à une situation agricole précaire. En effet, dès 1967, l’Inde est frappée par une augmentation incontrôlée du taux de croissance de sa population si bien que l’État craint de ne pas pouvoir subvenir aux besoins alimentaires de ses habitants. Ce phénomène s’explique par un simple facteur : les agriculteurs ne sont pas équipés correctement pour répondre à une telle demande. Afin d’améliorer la productivité du pays en matière agricole, le gouvernement indien décide de mettre en place une révolution agraire, aussi appelé la révolution verte. À la tête de ce projet se trouvent le premier ministre indien, Mr Nehru et M.S. Swaminathan, un jeune agronome généticien. Ces derniers divisent le projet en trois points majeurs :
- importation d’engrais et de semences occidentales et copie des techniques de culture intensive qui se pratiquent en Europe.
- mécanisation du secteur primaire, dans le but d’augmenter la productivité.
- mise en place un système d’irrigation efficace.
Ce projet permis à l’Inde, dès le début des années 70, de devenir une puissance agricole au niveau mondial, d’atteindre l’autosuffisance alimentaire et d’éviter une nouvelle famine. Dans un premier temps, la révolution verte indienne fut considérée comme une véritable réussite.
La joie fut cependant d’une courte durée. En effet, après quelques années de telles pratiques intensives, les agriculteurs ont dû faire face à de nombreux problèmes. Les terres fertiles sont devenues stériles par manque de matières organiques, les produits chimiques sécrétaient de mauvaises odeurs, rendant les produits non comestibles, et les nappes phréatiques étaient surexploitées.
C’est dans un tel contexte que Vandana Shiva, vénérant la nature et la Terre, mena ses premiers combats. En 1982, elle créa une Fondation de recherche pour la science, la technologie et la gestion des ressources naturelles (Research Foundation for Science, Technology and Ecology). Son premier mandat, ordonné par les Nations Unies, déboucha sur le texte « La violence dans la révolution verte » qui mis au jour les conséquences du projet entrepris par l’État indien, soit la violence et le terrorisme au Punjab. Mais Vandana la puncheuse parvient à trouver une cible à son combat : la multinationale Monsanto, symbole des privatiseurs de graines, devient au cours des années 1990 son meilleur ennemi. « S’ils peuvent contrôler les graines, ils contrôlent la nourriture. C’est plus puissant que des bombes. C’est le meilleur moyen de contrôler les populations du monde », affirme-t-elle dans le documentaire Le Monde selon Monsanto (2008). Vandana fait trembler Coca-Cola, accusé d’assécher les nappes phréatiques du pays.
Vandana contre Monsanto, c’est un peu David contre Goliath. Mais l’Indienne joue la carte de la lutte globalisée, au moment où les « alter » fourbissent leurs armes. Pour sûr, Monsanto aurait bien aimé se débarrasser d’elle d’un coup de Roundup. Mais la « Gandhi des graines » est tenace. Elle gagne plusieurs procès et parvient à faire inscrire dans la loi indienne le droit des paysans à échanger et reproduire leurs semences.
Pour mener à bien son combat, l’activiste indienne se lança dans une quête invraisemblable. Elle fonda en 1991 une organisation non gouvernementale, l’association Navdanya, qui signifie en hindi « neuf graines » ou « le don de renouveler ». Choisissant la graine comme symbole et porte-étendard de ses convictions, Vandana Shiva visait avec cette association à protéger la biodiversité agricole indienne et à lutter contre les multinationales qui la mettaient en péril. L’association peut être vue comme une véritable gardienne de l’autonomie et de la souveraineté alimentaires du pays. Le cocktail « Gandhi-Mère Teresa » séduit le jury du Right Livelihood Award, lequel décerne son prix Nobel alternatif à Vandana en 1993. Une reconnaissance qui participe à la mondialisation du combat de l’Indienne. Son prêche séduit les babas comme les bobos. Le tout en gardant ses terres de l’Uttaranchal comme un jardin secret autant qu’une légitimité de terroir. Égérie des mouvements antimondialisation, Vandana publie avec un rythme de métronome – un ouvrage par an – et transforme Navdanya en une ONG puissante, dotée d’une « université de la Terre » qui attire des stagiaires du monde entier. La pasionaria au bindi truste les couvertures des magazines et les top 100 des femmes les plus influentes. Surtout, elle se rapproche d’autres voix qui portent, comme celle de Pierre Rabhi, son alter ego cévenol, porte-parole de la « sobriété heureuse ». Pour renforcer sa green credibility, il fait bon se faire tirer le portrait en sa compagnie. Le prince Charles, Bill Gates et bien d’autres leaders l’ont parfaitement compris. L’écoféminisme est un terme introduit pour la première fois dans la langue française par Françoise d’Eaubonne au début des années 1970. Ce terme, jeune d’une cinquantaine d’années, met en avant la domination masculine sur les femmes et la nature depuis des millénaires. Aujourd’hui, l’écoféminisme représente un mouvement qui veut mettre au premier plan femmes et écologie.
Vandana Shiva, l’une des plus grandes représentantes de ce mouvement, mit au cœur de son combat tout au long de sa carrière le statut de la femme dans la société. Récemment, en 2010, l’activiste indienne a été citée comme étant l’une des féministes les plus puissantes au monde par un article du magazine Forbes.
« Aucune autre espèce n’a été assez stupide, pour détruire volontairement, la source de son alimentation, tout en se croyant super intelligent. » Vandana Shiva
Nou artrouv’
David Gauvin
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Messages
16 janvier 2022, 10:20, par biedinger simone
je trouve aujourd’hui (dimanche 15.O1.22) cet article qui me touche. Cette femme, Bandana Shiva dont je n’ai pas encore entendu parler, est en train de faire un travail extraordinaire.
Et même si la situation de la terre semble désespérée, l’espoir et toujours vif et son amitié avec Pierre Rabhi, un autre militant écologique, nous invite à faire nous aussi notre part, si petite soit-elle pour changer les choses.
Merci David Gauvin pour tes articles si précieux, bien documentés et qui élèvent notre niveau de conscience.
simone biedinger