Vers un nouveau mode de calcul pour faire baisser artificiellement le chômage

26 mai 2017, par J.B.

Contrairement à l’usage, le gouvernement n’a fait aucun commentaire au sujet des chiffres mensuels du chômage publiés mercredi. Le ministère du Travail a publié un communiqué qui ne concernait pas l’information mais la manière de la traiter. Voici un extrait :

« Le nombre de personnes inscrites à Pôle emploi, dans toutes les catégories, peut être affecté, chaque mois, par différents évènements de nature administrative, entraînant une fluctuation des inscriptions qui ne reflète pas bien l’évolution du marché du travail. La périodicité mensuelle de cette donnée entraîne par ailleurs une volatilité structurelle de l’information qui brouille plus qu’elle n’éclaire les tendances de fond sur le niveau de chômage. C’est pourquoi ces données ne sont pas utilisées dans les comparaisons internationales qui reposent, elles, sur le taux de chômage défini par le Bureau international du travail, selon les normes statistiques internationales, et publié tous les trimestres par l’INSEE.

En s’appuyant sur les rapports de grande qualité déjà existants sur cette question, la ministre saisira dès les prochains jours les autorités et organismes compétents de façon à réfléchir, avec eux, aux moyens de mieux éclairer le débat public à l’avenir, dans un double objectif de pertinence et de transparences accrues. »

Souvent, des gouvernements ont voulu diminuer le nombre de chômeurs en changeant les critères de recensement. C’est un moyen bien commode de faire croire à une amélioration qui n’existe pas dans la réalité. Ainsi, les chômeurs radiés ou qui sont tellement découragés qu’ils ne s’inscrivent plus à Pôle emploi ne sont pas comptabilisés. Mais cela ne semble pas suffire. Le communiqué laisse clairement entendre que la référence du gouvernement, ce n’est plus le nombre de personnes inscrites à Pôle emploi, mais le chiffre obtenu à partir de l’application des critères du Bureau international du travail dans ce domaine. Avec les critères du BIT, le nombre de personnes comptabilisées au chômage est inférieur à celui de Pôle emploi.

Par ailleurs, la publication de ces statistiques par l’INSEE n’a lieu qu’une fois par trimestre, soit 4 fois par an. Cela ferait donc 8 occasions de moins de parler du chômage pour le gouvernement, puisque les chiffres de Pôle emploi sont mensuels.

Changement des critères de calcul pour faire baisser le nombre de chômeurs et 4 commentaires par an au lieu de 12, le problème de l’emploi est pour le moment envisagé par le prisme de la communication, pas des actions. Alors que le gouvernement veut engager la remise en cause du Code du Travail, un changement du mode de calcul du chômage ne serait sans doute pas de trop pour brouiller l’information afin de cacher les conséquences de la chasse aux chômeurs et des licenciements facilités. Cette déclaration du ministère du Travail est un nouvel avertissement. Pour ne pas que cette politique s’applique, il sera nécessaire qu’une majorité de députés des forces de progrès puissent siéger à l’Assemblée nationale.

J.B.

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