Vers une crise financière plus grave qu’en 2008 ?

25 octobre 2018, par J.B.

Sylvie Matelly, économiste et directrice adjointe de l’IRIS, n’est pas rassurée par les indicateurs économiques mondiaux. Comme elle, une multitude d’experts soulignent les similitudes entre le contexte actuel et celui qui a précédé la crise financière majeure de 2008. Nouriel Roubini était un des économistes qui avait prévu cette crise que beaucoup d’autres n’avaient pas vu venir. Il a publié dans « Les Echos » un article : « Les cinq ingrédients qui préparent la crise de 2020 ».

Le docteur en économie dénombre une récession globale, une hausse des taux d’intérêt, des valorisations boursières excessives, des difficultés politiques et l’impuissance des banques centrales. Il constate que « à la différence de 2008, époque à laquelle les gouvernements disposaient des outils politiques permettant d’empêcher une chute libre, les dirigeants qui affronteront la prochaine récession auront les mains liées, sachant par ailleurs que les niveaux globaux de dette sont supérieurs à ceux d’avant-crise. » En effet, d’après le FMI, la dette mondiale a atteint un record de 164.000 milliards de dollars en 2016. Cela représente 225% du PIB de la planète.
Philippe Bechade, président des Econoclastes, souligne que « c’est la plus phénoménale bulle spéculative qu’on a connue depuis 1929. Et elle va forcément exploser. Comme le souligne l’économiste en chef d’Allianz, Mohamed Aly El-Erian, la question est de savoir comment la correction ne s’est encore produite. Cela fait depuis 2015 que les niveaux atteints par les marchés sont délirants. Arrive là-dessus Donald Trump qui crée un nouvel emballement de la croissance avec un choc fiscal et qui tend encore plus le ressort ».

Sylvie Matelly ajoute que les tensions commerciales depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir sont une élément aggravant : « Les tensions commerciales peuvent impacter la croissance mondiale, car elles vont ralentir le commerce international. À partir du moment où vous imposez des droits de douane sur des produits, vous les rendez plus chers et donc vous en limitez les échanges. Or le commerce international est un élément clef de la croissance économique partout dans le monde ».
D’où cette conclusion de Nouriel Roubini : « lorsqu’elles surviendront, la crise et la récession de demain pourraient se révéler encore plus sévères et prolongées que celles d’hier. »

La crise de 2008 a été le prétexte pour l’aggravation de la politique d’austérité. Cela s’est traduit en Europe par la montée de l’extrême droite comme à la veille de la Seconde guerre mondiale. A La Réunion, cette politique d’austérité accentue la pression sur les abandonnés du système, ceux qui ont le plus besoin des services publics. Autant dire que si les prévisions de Nouriel Roubini se révélaient de nouveau exactes, ce sont de graves menaces qui pèseraient sur la cohésion sociale de La Réunion.

J.B.

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