Violences organisées

15 décembre 2010, par J.B.

Un précédent unique dans un pays dont l’immense majorité des habitants est issue des vagues migratoires. Il y a 9 ans presque jour pour jour, les 19 et 20 décembre 2001, l’Argentine connaissait d’autres émeutes : la population s’attaquait aux supermarchés et aux locaux d’un gouvernement qui, en autorisant les capitaux à quitter librement le pays, avait provoqué l’effondrement du système économique. En quelques mois, le nombre d’Argentins vivant en dessous du seuil de pauvreté passa de 24% à 40%.

Les émeutes xénophobes d’aujourd’hui sont-elles aux antipodes du mouvement de 2001, d’où était né un mouvement de solidarité et de reprise en main des usines par les travailleurs ? Évidemment, oui. Au fond, la cause est pourtant identique : elle réside dans l’immense vague de pauvreté et de déracinement qui suit le déferlement de la crise dans l’Amérique latine.

Mais la crise n’est pas ce courant irrépressible auquel l’on voudrait nous faire croire : elle progresse en fonction de prescriptions, de recommandations et de scenarii organisés et planifiés dans des laboratoires et des institutions qui ont pour nom FMI, Banque mondiale, OMC… Pour les hommes en complet cravate qui y agissent, la vie des hommes et des pays ne sont que chiffres, statistiques, dépenses dans lesquelles il faut “trancher”, prix et profits qu’il faut libérer.
Mais voilà : pour libérer les prix et les profits, il faut enfermer les hommes. Les enfermer pour de bon, dans des prisons. Ou les enfermer dans la prison de la pauvreté, celle que l’on transporte avec soi dans l’errance. Une errance qui, comme à Villa Soldati, mène ceux qui n’ont plus rien face à ceux à qui il reste encore quelque chose.
Rien de plus simple, pour ceux qui assurent la promotion et le progrès d’une mondialisation injuste, de les dresser les uns contre les autres.

J.B.


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