Violences policières et censure : l’évolution de la démocratie en France ?

16 avril 2018, par J.B.

À Notre-Dame-des-Landes, une opération policière a été lancée par l’État pour expulser les opposants à la construction du projet d’aéroport finalement annulé. Les habitants de ce qui s’appelle une Zone à défendre (ZAD) se sont installés à demeure et demandent de négocier les conditions de cette occupation. Pour sa part, le gouvernement a choisi d’employer la force. Et il interdit l’accès du site aux journalistes. C’est ce que dénonçait un communiqué du SNJ-CGT publié le 10 avril : depuis le 9 avril « et comme promis par le gouvernement Macron, 2500 gendarmes sont mobilisés pour évacuer la ZAD (Zone à défendre) de notre Dame-des-Landes. Trois mois après l’abandon du projet d’aéroport, l’opération « musclée, brutale ou violente » selon les zadistes se fait sans présence de journalistes. En effet, les médias sont clairement interdits de filmer les affrontements. Selon Cédric Pietralunga, journaliste au Monde, le ministère de l’intérieur invite les journalistes sur place à « ne pas gêner les manœuvres opérées par la Gendarmerie, à rejoindre un espace presse » et ils doivent se contenter des images officielles fournies « gracieusement » par les forces de l’ordre. Selon Antoine Denéchère, journaliste de France Bleu, « la gendarmerie envoyait par mail les vidéos et photos de l’opération en cours ». Le correspondant de France 2 a déclaré qu’il n’avait jamais vu ça en vingt ans de carte de presse… Selon le porte-parole du ministère de l’Intérieur, qui se félicitait de la conduite des opérations, les affrontements sont pourtant « peu intenses ». Le point presse tenu par les zadistes de NDDL parle lui d’une « émotion vive après cette opération brutale qui met à mal le dialogue qui commençait avec la préfecture, On est extrêmement choqués ».

Dans un communiqué commun de trois syndicats de journalistes (SNJ, SNJ-CGT et CFDT-Journalistes) publié jeudi, les organisations constatent la réalité des faits : « Au troisième jour de l’opération policière d’expulsion de la ZAD de Notre-Dame-des Landes, les équipes médicales présentes sur place dénombraient plus de 100 blessés dont : 15 blessures au Flashball, 16 blessures suite à des tirs tendus de grenades lacrymogènes à la tête, 22 blessures liées à des explosions de grenades (éclats qui entrent profondément dans la peau entaillant nerfs et tendons). D’autres blessures telles que troubles auditifs ou blessures diverses à la tête ont également été recensées. On compte trois journalistes parmi les blessés. Ce climat n’est pas sans rappeler celui qui avait conduit à la mort de Rémi Fraisse à Sivens, en 2014 ».

Une opération de répression avec la presse tenue à l’écart et les seules images fournies par ceux qui sont chargés de faire cette répression : c’est un comportement que ne renierait pas un régime dictatorial. C’est en tout cas ce genre de pratique que la France dénonce quand cela se passe ailleurs, au nom de son titre de « Patrie des droits de l’Homme ». Mais ce qui est jugé condamnable dans d’autres État se passe quotidiennement en France depuis une semaine. Est-cela l’évolution de la démocratie en France ?

Gageons que le respect des valeurs républicaines, dont la liberté de la presse, puisse triompher de cette dangereuse dérive.

J.B.

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