Zéro calebasse la fumée grand bois

23 juillet 2010, par Geoffroy Géraud-Legros

S’il est une économie d’échelle que le Gouvernement parvient sans peine à réaliser, c’est celle de la loyauté et de la continuité dans les engagements. Les Français devaient pouvoir travailler plus pour gagner plus ? Ils gagneront moins mais travailleront plus et plus longtemps… lorsqu’ils auront le privilège de travailler. Le président de la République s’identifiait au pouvoir d’achat ? Les classes moyennes auront le pouvoir de se serrer la ceinture et de remplir des dossiers de surendettement. À défaut de longues listes de commissions, ils pourront toujours établir celle des reniements de ceux qui les gouvernent.

Dans ce domaine au moins, les habitants de l’Outremer sont mieux dotés que leurs concitoyens de l’Hexagone : au lot commun de promesses non tenues du pouvoir, ils peuvent ajouter l’impressionnante série de dérobades qui a suivi le Conseil interministériel de l’Outremer tenu il y a maintenant plus de 7 mois à l’Élysée.
On sait l’origine de cette grand-messe : pressé par les grands mouvements sociaux de la Guadeloupe, de la Martinique et de La Réunion, Nicolas Sarkozy avait dû concéder des États généraux à un Outremer au bord de l’embrasement. À l’issue de cette procédure, le CIOM arrêtait une série de décisions destinées à transformer en profondeur les rapports de l’ancienne métropole et de la partie ultramarine de la République. Le Chef de l’État n’était pas alors avare de constats percutants : oui, les ultramarins étaient discriminés dans leur propre pays. Oui, la sacro-sainte-mobilité était à revoir. Oui, les prix étaient un scandale. Oui, le « dialogue social » manquait cruellement à l’Outremer français. Au travers de sa personne, la République prenait les choses en main, et on allait voir ce qu’on allait voir.

Depuis ? Zéro calebasse la fumée grand bois.

Les ministres défilent et se défilent, les grands mots continuent de s’envoler, et les écrits qui restent n’ont visiblement aucune valeur pour ceux qui les ont signés. Rien ne bouge du côté de la mobilité. Les Réunionnais qui voudraient accéder aux responsabilités attendent au guichet que les places se libèrent. Les prix sont toujours un scandale que le Gouvernement parvient à peine à « observer ». Et le « dialogue social », direz-vous ? Les onze jours de grève du "Quotidien" montrent ce que se payer de mots veut dire. Alors que les journalistes d’un média de référence écrivent pour quelques poignées d’euros, les actionnaires empochent des sommes rondelettes sur leur dos. Ils protestent ? On les laisse crier, en espérant qu’ils se fatiguent. Pour le « dialogue », on repassera…

G.G.-L.


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Messages

  • Gadiamb l’édito !

  • la fumée même de Grand Bois ne se montre plus depuis des lustres à cause de certains profiteurs.
    bientôt nos deux seules usines ... qui ne nous appartiennent plus d’ailleurs....ne produiront que du vent

  • Très bon article, Geoffroy, bravo. Tu sais, en métropole, on n’est pas trop caliné non plus ! Tu veux une p’tite histoire récente ? J’habite Dunkerque ; les pêcheurs vendent directement le poisson sur un petit marché ; comme ils ne peuvent pas être à la fois en mer et au marché, ils emploient des vendeuses. L’actuel ministre des Affaires Maritimes vient de décréter qu’il fallait toutes les licencier, parce que, d’après une loi de... Colbert (!), seules les filles et épouses des marins peuvent tenir ce poste. Avec des économies de ce calibre, Bercy est sauvé - et les pêcheurs et leurs vendeuses dans la m. (ici on dit : "dans l’brin"). Tous égaux, métros et ultramarins, tant qu’on n’est pas des people !

  • C’est vrai que le soi-disant dialogue social n’intéresse pas SARKO et ses valets. Et ici a La Réunion regardez ROBERT gonfler les plumes quand il y a une grève ou un mouvement...et en fin compte il ne fait RIEN comme pour les PROFESSEURS envoyés en France.


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