64 ans du PCR

Retour sur la fondation du Parti Communiste Réunionnais

24 mai 2023, par Paul Dennemont

Le Parti Communiste Réunionnais, fondé par Paul Vergès les 17 et 18 mai 1959, a cette année 64 ans. Que de combats difficiles ont été menés par les dirigeants et militants du Parti, pour la liberté, la dignité, la justice, l’émancipation du peuple réunionnais et le développement de notre pays.

L’opinion a souvent la tentation d’oublier que certains y ont laissé leur vie et qu’il n’y a pas eu de responsable politique plus insulté et blessé que Paul Vergès. Rien ne lui a été épargné !

Ce choix - de nos ainés- de fonder le PCR, guidé par le contexte politique de l’époque trouve ses origines dans le CRADS (Comité Réunionnais d’Action Démocratique et Sociale). Paroles de Paul Vergès : « Le PCR est issu d’un front qui existait en 1945 ».

Le CRADS fondé par le Dr Vergès

Le CRADS fut crée le 12 mars 1945 par le Dr Raymond Vergès, et avait triomphé dans 12 communes sur 23, lors des municipales du 27 mai 1945, puis aux cantonales du 7 octobre de la même année, en obtenant 23 des 36 sièges du Conseil Général.

Le CRADS verra également l’élection de 2 députés sur 3 lors des législatives du 21 octobre : Raymond Vergès et Léon de Lepervanche. Inscrits au groupe communiste, ils seront co-auteurs de la loi du 19 mars 1946, votée à l’unanimité l’assemblée nationale constituante, abolissant le statut colonial de la Réunion, la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane, érigés en département français.

C’est d’ailleurs en s’appuyant sur les structures du CRADS disparu en tant qu’organisation, qu’est fondée le 30 novembre 1947 à Saint-Denis, la Fédération Réunionnaise du Parti Communiste Français, toujours à l’initiative du Dr Raymond Vergès, député-maire de Saint-André qui en assurera la présidence. Ces évènements allaient être déterminants pour la suite.

Le triomphe retentissant des Communistes

En effet, une décennie après le 19 mars 1946, mises à part quelques mesures comme l’AMG, toutes les lois qui devaient être appliquée au 1er janvier 1947 sont repoussées. Le constat est alarmant sur tous les plans. La déception est grande, la majorité de la population estimant que la Réunion a gardé son statut colonial.

Ce ressenti est partagé par Paul Vergès de retour à la Réunion depuis peu. Face à cette situation, commence alors la critique sévère du bilan de la départementalisation. Arrivent les élections législatives du 2 janvier 1956. Malgré la fraude généralisée, la liste communiste obtient la majorité absolue dans 23 des 24 communes de l’ile et enlève 2 des 3 sièges : Paul Vergès et Raymond Mondon. Le triomphe retentissant des deux communistes est d’une part, un signal fort adressé aux dirigeants du Parti Communistes Français, d’autant que Paul Vergès - il a 32 ans - a une toute autre vision du « communisme local », et d’autre part, il effraie le pouvoir néo-colonial qui va envoyer à la Réunion, le 12 juin 1956, le Préfet Jean Perreau Pradier qui a pour mission de combattre les communistes.

La fraude et la répression

Dans le livre de Brigitte Croisier «  Paul Vergès , du rêve à l’action  », Paul Vergès raconte « …On nous a envoyé le préfet Perreau Pradier qui s’est illustré pendant plusieurs années. A partir de 1956, nous avons eu une répression politique qui est venue au premier plan  » et d’expliquer les conditions honteuses dans lesquelles se sont déroulées les élections partielles du 15 septembre 1957 à Saint-André, qui ont suivi la mort du Dr Vergès. Et Paul Vergès poursuit « ..Cette élection à Saint-André a été suivie, en novembre, par une élection dans toute l’ile suite à la mort du député Raphael Babet . Et à ce moment-là, ces moyens testés à Saint-André sont utilisés dans l’ile entière. Dans la même logique, les municipalités dirigées par les communistes sont dissoutes par le nouveau préfet ».

C’est donc dans ce contexte que se déroule le 6e Congrès de la Fédération Réunionnaise du PCF au Port les 17 et 18 Mai 1959. Le rêve de Paul Vergès est de faire renaitre - à l’image du CRADS - un front démocratique, le « Parti Réunionnais de la Liberté », visant à «  accueillir en son sein tous les éléments voulant le développement, le progrès social et plus de justice à la Réunion, y compris donc les communistes ... ». Mais le représentant du PCF, Léon Feix, s’y opposera. Ce qui fut une « erreur » selon Paul Vergès.

Le 18 mai 1959, le PCR ayant pour secrétaire général Paul Vergès succédait à la Fédération Réunionnaise du PCF. Paul Vergès ne cessera pas pour autant de privilégier le rassemblement le plus large, et ce, jusqu’à son dernier souffle.

Paul Dennemont
Légende de l’illustration : Lors de la création du PCR en 1959, Bruny Payet, Gervais Barret, Paul Vergès,
Léon Feix, Pierre Rossolin et Léonide Laude.

Parti communiste réunionnais PCR

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