Conséquences du chikungunya sur le tourisme

12.000 annulations et 6 millions d’euros de perte

17 février 2006

L’ensemble des partenaires du secteur touristique s’est réuni hier pour faire le point sur les conséquences économiques de l’épidémie de chikungunya. ’Nous nous attendons à une période dramatique’, a noté Jocelyne Lauret, présidente du Comité du tourisme de La Réunion. À ce jour, 17 des 28 grands hôtels de l’île ont enregistré l’annulation de 12.000 nuitées, ce qui représente une perte de chiffre d’affaires de 6 millions d’euros. Le 23 février, Léon Bertrand, ministre délégué au Tourisme, sera dans notre île.

"L’État, par le biais du préfet, nous a garanti la réactivation de systèmes d’aides aux entreprises en période de crise. Il est notamment question de moratoires pour le versement des cotisations sociales et des taxes fiscales. C’est bien, mais nous sommes en situation d’urgence et aucune de ces mesures ne correspond, ni ne tient compte de cette urgence", déplore Jocelyne Lauret, présidente du Comité du tourisme de La Réunion (CTR).
Les professionnels du tourisme se sont donc regroupés au sein du "Collectif des acteurs touristiques réunionnais". L’objectif est notamment de faire des propositions en vue d’aider le secteur à surmonter la crise. "Par exemple, nous avons demandé la mise en place d’un crédit d’impôt pour les voyageurs qui viendraient à La Réunion, le gel des crédits bancaires ou encore des aides pour la démoustication des établissements hôteliers", énumère la présidente du Comité du tourisme.
Mais, précise-t-elle, "nous ne faisons pas que demander. Nous ne baissons pas les bras face à la crise, nous agissons". De fait, les hôteliers ont requis les services d’entreprises privées pour démoustiquer régulièrement leurs établissements. Ils distribuent également des kits de répulsifs à leurs clients. "Nous faisons tout pour offrir des conditions de sécurité sanitaire à notre clientèle", commente Jean-Paul Bordier, président du Club de la grande hôtellerie réunionnaise et porte-parole du collectif.
Malgré cela, il note pour le déplorer que "la clientèle extérieure est frappée de psychose". Du coup, bon nombre d’hôtels, de gîtes, de locations saisonnières etc... non seulement doivent faire face à des annulations massives de séjours, mais aussi à l’absence totale de réservations pour les prochaines semaines. "Pour février, la baisse de fréquentation est de plus de 30%. Elle dépassera les 60% dans les prochains mois", prévoit Jean-Paul Bordier.
Il insiste sur la nécessité de communiquer sur la « "non dangerosité" de l’île. "Nous sommes 700.000 à y vivre et nous ne vivons pas tous confinés dans nos appartements ou nos maisons. Il faut le dire et le faire savoir à l’extérieur de La Réunion", dit-il. Jocelyne Lauret souligne à ce propos que sur les 43.000 touristes venus dans l’île en 2005, 17 ont été contaminés par le virus, "ce qui représente une prévalence de 0,4 cas pour 10.000", remarque Jean-Paul Bordier.
Il conclut par ce constat : "Il y a 3 ans que nous prévenons les pouvoirs publics d’un risque de développement dans l’île d’une épidémie de dengue. Depuis le début de l’année dernière, nous les avons mis en garde contre le risque d’une explosion du chikungunya. Nous n’avons pas été entendus". Il ajoute : "la prise de conscience de nos ministres nous semble faible et tardive. Aucune mesure d’urgence n’a été prise à ce jour pour pallier les conséquences économiques de l’épidémie. C’est inadmissible".


Création du Collectif de relance de l’activité touristique et économique de La Réunion

"Suite au Conseil d’administration exceptionnel de la Fédération réunionnaise de tourisme du mardi 14 février, nous vous informons, par la présente, qu’il a été créé le mercredi 15 février 2006, un Collectif réunionnais des acteurs du tourisme, dénommé CRATER (Collectif de relance de l’activité touristique et économique de La Réunion), rassemblant l’ensemble des opérateurs de la filière touristique à La Réunion.
Constitué dans le contexte actuel de "crise du chikungunya", il a pour objectif de fédérer un panel représentatif des professionnels en exercice.
Ce collectif revendique la prise de mesures urgentes pour l’ensemble des opérateurs touristiques telles que :

- l’intensification de la lutte contre le vecteur de l’aedes albopictus, dans le respect de notre patrimoine environnemental ;

- la déclaration de La Réunion en zone de catastrophe naturelle ou sinistrée, pour l’application d’aides directes de l’État en la matière, l’exonération de toutes nos charges sociales et fiscales (taxe professionnelle, taxe foncière, etc...) ;

- l’application exceptionnelle du dispositif chômage technique ;

- la prise en charge à 100% du chômage partiel par l’État ;

- le report de nos charges bancaires ;

- la mise en place de Prêts à taux zéro, garantis par l’État, pour faire face à nos difficultés de trésorerie ;

- l’indemnisation mensuelle des pertes d’exploitation, du chiffre d’affaires déclaré sur le CA 3 mensuel 2006 par rapport à l’exercice 2005."


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