17e conférence sur le sida : beaucoup de questions, peu de réponses

11 août 2008

La 17e conférence sur le sida, qui s’est achevée ce vendredi à Mexico, laisse ouvertes nombre de questions sur les coûts à venir, une prévention prometteuse et un vaccin toujours espéré. Cette réunion internationale, qui se tenait pour la première fois en Amérique latine, a rassemblé pendant six jours quelque 24.000 délégués de plus de 190 pays pour plus de 600 débats ou réunions, sans compter les 80 conférences de presse pour les 2.000 journalistes.

Si l’avancée des traitements a été saluée, puisqu’elle fait du sida une maladie chronique, la question des financements demeure lancinante pour la communauté internationale, qui y a consacré dix milliards de dollars en 2007.

Sur 33 millions de séropositifs à ce jour (un chiffre toujours en augmentation en raison de l’efficacité des traitements et de l’apparition de nouveaux cas), près de 3 millions de malades du sida ont pu être traités dans les pays du Sud en moins de trois ans. « Un des enjeux de la conférence de Mexico, c’est qu’il y en a encore 9 millions de personnes à mettre sous traitement dans l’hémisphère sud », a relevé Jean-François Delfraissy, directeur de l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS).

Problème, les responsables des grands organismes spécialisés commencent à revenir sur l’engagement pris en 2006 par les Nations unies, "traitement pour tous en 2010". « On ne tiendra pas la date, mais c’est un objectif qui aide à avancer », notait un délégué à Mexico.

Une augmentation des coûts est à prévoir, avec le changement progressif de médicaments devenus inefficaces pour de nouvelles molécules et de nouveaux brevets. Pour certains responsables, il apparaît d’ores et déjà "improbable" que la communauté internationale ait les moyens de traiter pendant toute leur vie tous ceux qui ont ou auront besoin d’anti-rétroviraux, le virus ne lâchant jamais prise.

Selon Seth Berkley, président d’un organisme américain de recherche sur le vaccin, le traitement à vie de ceux qui en auront besoin pourrait coûter quelque chose comme 90 milliards de dollars par an d’ici 2015, si rien ne change. Plutôt que des subventions annuelles, il faudrait des « financements pérennes », estime Jean-François Delfraissy.

Utilisation des anti-rétroviraux à titre préventif

Les chercheurs estiment quant à eux qu’ils n’ont « pas le choix » et qu’il est plus urgent que jamais de poursuivre la recherche sur le vaccin et les gels microbicides, qui n’a encore rien donné. La prévention pour tenter de supprimer le problème à la source, en combinant notamment plusieurs moyens - préservatifs, circoncision, échange de seringues, changement de comportements -, a été au coeur de la Conférence de Mexico.

A cet égard, l’utilisation des anti-rétroviraux à titre préventif, dont le succès est avéré contre la transmission mère-enfant, suscite de nouveaux espoirs. Le Tenofovir, utilisé en post-traitement pour les personnels de santé qui se blessent, pourrait l’être aussi par ceux qui vont entrer dans une situation à risque. Les études n’ont pas encore abouti, mais les pronostics sont favorables.


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