62% de la population n’ont pas été atteints par le chik

21 novembre 2006

C’est ce qui ressort d’une étude menée par le GHSR en collaboration avec le CIC-EC (Centre d’investigation clinique). Après la phase explosive de février où l’épidémie du chikungunya avait atteint un niveau record, le GHSR avait décidé de « mener une enquête pendant la période “creuse”, c’est-à-dire l’hiver austral, afin de déterminer le nombre de personnes qui ont été réellement atteintes du chikungunya », précise le Dr Favier, investigateur principal du projet et médecin responsable du CIC-EC. Le but a aussi été d’estimer la part de ceux qui se déclarent malades alors que leur sérologie est négative, c’est-à-dire qu’il n’y pas de trace de la maladie dans leur organisme. Précisons que lorsqu’on a été atteint par cette maladie, on est ensuite immunisé et donc les anti-corps restent dans notre organisme.
Cette enquête a été menée du 16 août au 10 octobre dernier dans les quatre coins de l’île. En effet, l’INSEE a apporté sa contribution en tirant un échantillon de 3.032 ménages représentatifs de la population totale. Cette étude a nécessité une enveloppe de 282.000 euros financés par le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, le Ministère de la Santé, l’INSERM et le CORI.
M. Martinez, Directeur adjoint du GHSR et promoteur du projet, a insisté sur le but premier du projet : « Toute cette étude est menée dans le but d’améliorer la prévention et la prise en charge des malades ».
Chaque enquêteur se rendait donc au domicile des ménages « tirés au sort » et deuxième tirage au sein du ménage pour déterminer « la personne index », la personne qui sera interrogée.

- Première étape : prélèvement de sang réalisé par la personne elle-même à l’aide d’un auto piqueur à usage unique. La goutte de sang est alors déposée sur un buvard et est transmise au service de bactériologie du GHSR. « L’analyse du sang a permis de déterminer si la personne a été contaminée ou non », ajoute le Dr Michault, Directeur du laboratoire.

- Seconde étape : le questionnaire individuel vise à savoir si la personne se déclare avoir été malade, quels traitements ont été apportés...

- Dernière étape : une fiche remplie par l’enquêteur renseigne sur le type d’habitation, l’environnement direct et indirect du logement...

Bonne ou mauvaise nouvelle ?

Les résultats de l’analyse montrent que 38,25% des Réunionnais ont été contaminés par le chik, soit 300.000 personnes ayant une présence d’anti-corps IGG anti-chikungunya.
L’étude démontre notamment que les personnes de 70 à 79 ans ont été particulièrement touchées et que le moustique Aèdes albopictus ne piquait pas plus les femmes. Comme beaucoup le prétendaient, il n’existe pas de différence selon le sexe. De plus, la région Nord a été relativement épargnée contrairement à l’Est où le taux de séroprévalence atteint 48%. Comme on pouvait le prévoir, la population la plus touchée est bien évidemment celle habitant en maison individuelle où l’environnement (présence de jardin) est plus propice à la prolifération du moustique.
A noter également que 6% des personnes interrogées se déclarant malades ont une sérologie anti-chik négative.
Quelles conclusions tirer de cette enquête ? Première hypothèse : bonne nouvelle, 38% des Réunionnais sont protégés, donc cela fait 300.000 personnes à risque en moins. Ou alors, seconde hypothèse : mauvaise nouvelle, plus de la moitié de la population, soit 62%, peuvent encore être contaminés ?
Restons tout de même optimistes. Selon des médecins et épidémiologistes, avec l’arrivée de l’été austral, nous risquons de revoir une augmentation des personnes malades, mais en aucun cas nous ne devrions revoir cette montée explosive du nombre de malades comme nous l’avons connu l’année dernière. « L’ampleur des dégâts sera moins importante », car la transmission sera beaucoup plus difficile parce que nous avons déjà 300.000 personnes qui ne pourront plus transmettre la maladie.

Mais malheureusement, n’oublions pas que nous devons tous continuer à nous protéger. La majorité d’entre nous n’a pas encore été touchée, alors adoptons un comportement citoyen et faisons les bons gestes.

Sophie Périabe


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