Arrivée du ministre de la Santé et des solidarités à Gillot

’Action déterminée’ de l’État

31 janvier 2006

Le ministre de la Santé et des solidarités, Xavier Bertrand, a débarqué hier matin à 8 heures à l’aéroport de Gillot accompagné d’un renfort de 20 professionnels du corps médical, médecins urgentistes, infirmiers, et de 7 tonnes de matériel. Il vient apporter un message de solidarité à la population réunionnaise, faire entendre ’l’action déterminée’ de l’État dans la lutte contre le chikungunya. Il a affirmé que ’tous les besoins supplémentaires, qu’ils soient humains, en médicaments ou financiers’ seraient engagés.

La mission technique conduite par Gilles Duhamel, membre de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), à la mi-décembre, et la mission sanitaire mandatée par les ministres de la Santé et de l’Outre-mer, la semaine dernière, ont vraisemblablement permis le réveil brutal de l’État sur l’ampleur de l’urgence épidémique que vit La Réunion. Ainsi, le ministre de la Santé est venu en personne, accompagné par l’ex-préfet de La Réunion désormais directeur de cabinet du ministre de l’Outre-mer, Dominique Vian, prendre le pouls de la crise sanitaire réunionnaise.

Soulager le corps médical

Dès le retour des professeurs Houssin et Brücker à Paris, Dominique de Villepin réunissait en urgence les ministres concernés afin d’augmenter les moyens humains et matériels dévolus à la lutte contre l’épidémie galopante de chikungunya à La Réunion. Le renforcement de la lutte anti-vectorielle et l’amélioration de la prise en charge des malades sont prioritaires, selon le ministre qui ne veut pas s’attarder sur "la polémique" relative aux chiffres. Actuellement en formation, un contingent de 400 militaires va permettre le redéploiement des forces d’action sur le terrain, grâce à l’acheminement hier du matériel de protection adapté et de nouveaux produits de pulvérisations. La vingtaine de professionnels de santé, mobilisés en 24 heures, va venir en soutien du corps médical réunionnais, épuisé par une "charge de travail très importante". Xavier Bertrand a tenu à rendre hommage aux professionnels, hospitaliers et libéraux, qui "doivent être soulagés". Dans le courant de la semaine, après une rapide évaluation des besoins, d’autres équipes médicales de métropole seront mobilisées.

"Une veille épidémiologique s’impose"

"Intensifier les efforts de recherche et de développement de la recherche sur les zones de recrudescence du virus", s’inscrit comme la 3ème priorité affiché par le ministre de la Santé. Le directeur général de l’OMS, le Centre des arboviroses de Lyon et "d’autres spécialistes des moustiques" viendront coordonner et orienter les actions de recherche et de lutte. Arrivé dans la journée, un entomologiste antillais, le professeur Itchakima, va tenter d’apporter quelques éclairages sur le vecteur suspecté. Xavier Bertrand consent qu’"une veille épidémiologique s’impose". D’une part, parce que le décalage entre les chiffres avancés par les professionnels de santé et ceux des autorités sanitaires démontre que le système de surveillance n’est pas adapté, et d’autre part, parce que les premiers cas recensés à Mayotte doivent impulser un redoublement de vigilance. Être informé le plus tôt possible de l’évolution de la maladie ici et chez nos voisins constitue également un enjeu de santé publique. Le ministre de la Santé se rendra demain à Mayotte afin que les mesures de prévention et de prise en charge des malades adaptées à la situation sanitaire soient mobilisées.

Estéfani


An plis ke sa

o Chikungunya déclaré catastrophe naturelle ?
"Nous sommes conscients aujourd’hui qu’il y a des craintes économiques", atteste le ministre de la Santé qui tient compte de l’augmentation importante des arrêts de travail. Il convient selon lui de veiller au message à transmettre aux touristes, de ne pas leur déconseiller la destination Réunion, mais bien de les conseiller sur les mesures préventives à adopter. Sur cette approche économique, les compétences transversales des ministres de la Santé et de l’Outre-mer doivent permettre une évaluation rapide de l’impact économique.

o Anticiper pour maîtriser
Dès le retour du ministre de la Santé à Paris, Dominique de Villepin réunira à nouveau la cellule ministérielle afin d’élaborer "une stratégie globale pour ne pas se faire prendre de vitesse par l’épidémie". La saison des pluies favorisant la recrudescence de gîtes larvaires, une nouvelle progression de l’épidémie reste "toujours possible". Il est souhaitable de ne pas être à nouveau confronté à un phénomène "que l’on aurait pu anticiper".

o "Vision prospective"
Interpellé sur les cas de décès rapportés dans la presse, le ministre de la Santé souligne qu’ils doivent être examinés de près et que les personnes les plus vulnérables face à la maladie doivent faire l’objet d’une communication et d’une prise en charge adaptées. Paracétamol et autres médicaments ont été réapprovisionnés, de même que du matériel pédiatrique tel que des couveuses. Il convient selon Xavier Bertrand de pourvoir aux besoins actuels et à venir, d’avoir une "vision prospective".

o 30 cas de chik à Mayotte
Antoine Perrin, directeur de l’ARH, s’est rendu mercredi dernier à Mayotte. On y enregistre une trentaine de cas de chikungunya. Comme préconisé dans le rapport de l’IGAS, la CIRE Réunion-Mayotte va faire l’objet de renforcement de moyens humains et matériels "pour apporter des éléments de réponse aux différentes questions qui se posent" quant à la transmission du virus. À la différence du paludisme, le virus chikungunya ne fait pas partie des 27 maladies à déclaration obligatoire. Cela nécessiterait selon Antoine Perrin beaucoup de démarches administratives et légales. Il soutient que l’ensemble des médecins a désormais obligation de déclarer les cas pour éviter toute circulation du virus. La semaine dernière, un Mahorais atteint par le virus a dû différer son départ pour La Réunion. Il en sera de même pour les Réunionnais malades.

Estéfani


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