’Coup de gueule’ du préfet

Alain Bénard en ligne de mire

11 février 2006

"Il faut que cela cesse !". D’une voix ferme et déterminée, le préfet a clairement dénoncé hier l’attitude du maire de Saint-Paul qui a cessé, brutalement et sans concertation préalable avec les autorités, toute action de lutte antivectorielle dans sa commune, en raison de la toxicité des produits, sans proposer d’alternative. "Je ne peux pas laisser compromettre l’unicité générale du dispositif", affirme le préfet qui prévient que si aucun compromis n’est rapidement trouvé, il utilisera ses pouvoirs de police pour recadrer le maire "au comportement anti-solidaire".
Conformément à l’article 73 de la loi de août 2004 portant sur la lutte épidémique, le préfet peut autoriser un maire à utiliser d’autres produits de lutte antivectorielle dans sa commune, sous réserve de garanties sur les protocoles d’utilisation et d’évaluation. C’est ainsi que le maire du Port, ayant pris toutes les dispositions légales nécessaires, a pu changer et adapter sa stratégie de lutte par soucis d’assurer la santé de ses administrés.

"... désorganisation orchestrée de mon dispositif"

"Est-ce responsable d’arrêter une démoustication sans en rendre compte au préfet dans une stratégie de lutte départementale ?". "Comment monsieur le maire de Saint-Paul compte s’y prendre pour rechercher des solutions en refusant le contact avec les autorités préfectorales ?". Alain Bénard fait de la résistance, joue les désinvolte au mépris de ses obligations légales, tel est le message. "À ce jour, la lutte antivectorielle dans la commune de Saint-Paul a été arrêtée de manière unilatérale sans démarche concertée". Le préfet a bien proposé à Alain Bernard de réorganiser la lutte sur sa commune, mais ce dernier n’a pas daigné lui répondre et a préféré régler ses comptes par voix de presse.
"J’appelle au sens des responsabilités de chacun", soutient Laurent Cayrel. "Je ne peux plus tolérer la désorganisation orchestrée de mon dispositif".

"Ensemble nous saurons y arriver"

Il rappelle que les 2 familles d’insecticides sont classées modérément toxiques par l’OMS. Suite à la volonté du ministre de la Santé d’utiliser un bacillus comme molécule de lutte, le préfet a mandaté un nouveau protocole aux services de la DRASS afin de définir les règles d’emploi et de sécurité de nouveaux produits tels que le BTI. Il rencontrait hier les maires de l’île afin de les informer des nouvelles dispositions. "Je ne suis donc pas en train d’intoxiquer les Réunionnais, ni de polluer la faune, la flore et l’eau de l’île", affirme le préfet qui se dit conseillé par les "meilleurs professionnels nationaux". L’IGAS, dans son rapport, a mentionné la nécessité d’évaluer les actions engagées. "Nous le faisons". Ainsi, la recherche de solution en situation de crise doit passer par le dialogue, et les différents interpersonnels ne doivent pas nuire à la conduite des opérations, à l’intérêt général, surtout lorsqu’ils s’affichent en pleine page dans la presse. "J’en appelle au respect de la cohérence du plan d’action qui mobilise non seulement les institutions, mais aussi chaque citoyen réunionnais", poursuit le préfet saluant à nouveau "la solidarité exemplaire des Réunionnais", des collectivités et jusque-là de l’ensemble des communes. L’heure est à "un comportement digne de nos responsabilités". "Ensemble nous saurons y arriver". Et l’aide des médias est sollicitée dans ce sens.

 Estéfani 


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