Pauvreté, manque d’accès aux soins et prévalence du diabète sont des explications
Moins de chance de survivre à un cancer à La Réunion qu’en France
1er mars
Une étude sur les estimations de survie des personnes atteintes de cancer à La Réunion sur la période 2008-2018 sont publiées pour la première fois, annonce l’Agence régionale de Santé.
Selon cette étude, l’estimation de survie est plus faible à La Réunion qu’en France pour les cancers les plus répandus.
« Une participation moins importante aux dépistages organisés des cancers, un accès aux soins plus difficile, une prévalence plus élevée de certaines maladies chroniques ou encore une situation socio-économique défavorisée sont autant de facteurs pouvant impacter négativement la santé des populations », indique le communiqué présentant l’étude.
Dans le cadre du travail partenarial réunissant l’Institut national du cancer, Santé publique France, le réseau Francim des registres des cancers et les Hospices Civils de Lyon, des estimations de survie des personnes atteintes de cancer à La Réunion sur la période 2008-2018 sont publiées pour la première fois.
Ces travaux s’inscrivent dans les objectifs de la Stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030. Cette étude, s’appuyant sur les données du Registre général des cancers à La Réunion, s’intéresse à 10 localisations cancéreuses parmi les plus fréquentes et d’intérêt régional.
Elle présente des estimations de la survie à 1 an et 5 ans après le diagnostic par âge et par sexe avec la même méthode que celle utilisée pour les données de la France. Ces premiers résultats montrent une grande disparité parmi ces localisations et des situations différentes par rapport à la survie estimée en France.
Ces données constituent un point de repère pour la survie dans notre île, et sont autant d’éléments essentiels pour accompagner les acteurs sanitaires des territoires dans l’adaptation des déclinaisons régionales de la Stratégie décennale de lutte contre les cancers et la mise en œuvre du Programme Régional de Santé 2023–2033 La Réunion.
Les localisations de cancers étudiées sont : l’ensemble « lèvre-bouche-pharynx », l’œsophage, l’estomac, l’ensemble « côlon, rectum et anus », le poumon, la prostate, le sein, le corps et le col de l’utérus et les « myélomes multiples et plasmocytomes ». Pour certaines localisations, du fait des effectifs trop faibles, les estimations de survie sont parfois présentées hommes et femmes ensemble ou pour l’un des deux sexes seulement.
Survie plus faible
Ces premiers résultats montrent une survie qui varie fortement selon la localisation étudiée et peut, selon les cas, différer par rapport aux estimations réalisées en France.
Ainsi, les différences de SNS à 5 ans, entre La Réunion et la moyenne de la France, sont importantes pour les cancers de l’ensemble « lèvre-bouche-pharynx » (respectivement de 37 % et 45 %), de l’ensemble « côlon, rectum et anus » (57 % vs 63 %), les cancers du sein (81 % vs 88 %), du corps de l’utérus (67 % vs 74 %), de la prostate (85 % vs 93 %) et pour l’ensemble « myélomes multiples et plasmocytomes » (52 % vs 60 %).
Les différences de survie avec la moyenne de la France sont moins marquées pour les cancers de l’œsophage (13 % vs 17 %), de l’estomac (25 % vs 30 %) et du poumon (17 % vs 20 %).
Le cancer du col de l’utérus est le seul pour lequel la SNS à 5 ans est proche de la moyenne française estimée (62 % à La Réunion vs 63 %).
Comme en France, la survie diminue lorsque l’âge au diagnostic augmente pour la totalité des localisations étudiées. Par exemple, pour le cancer du col de l’utérus, une femme diagnostiquée à l’âge de 50 ans présente une survie nette à 5 ans de 72 % ; celle-ci baisse à 36 % pour une femme diagnostiquée à 80 ans. Pour les cancers de l’ensemble lèvre-bouche-pharynx, la survie nette à 5 ans passe de 52 % à 50 ans à 29 % à 80 ans.
Moins d’accès aux soins et forte prévalence de certaines maladies chroniques
Certaines caractéristiques, propres au territoire et à ses habitants, peuvent en partie éclairer ces résultats et les différences observées avec la moyenne française sans pour autant les expliquer totalement. Une participation moins importante aux dépistages organisés des cancers, un accès aux soins plus difficile, une prévalence plus élevée de certaines maladies chroniques ou encore une situation socio-économique défavorisée sont autant de facteurs pouvant impacter négativement la santé des populations.
La prévalence de certaines maladies chroniques (maladies cardio-respiratoires chroniques, insuffisance rénale chronique, diabète, obésité…) majore les risques de comorbidités susceptibles de réduire la survie des personnes atteintes d’un cancer. Par exemple, en 2021, 13,6 % de la population adulte se déclare atteint d’un diabète, soit le double de celle estimée en France (étude Esteban 2016).