Le cas de Saint-Benoît : avis croisés

Assurer la crise et au-delà

31 janvier 2006

Xavier Bertrand a pu se rendre compte, hier après-midi, de la saturation des capacités hospitalières du CHI et de la clinique bénédictine comme du surmenage et de l’extrême fatigue des hospitaliers. Il a rappelé au cours d’une réunion de fin de visite quelles étaient les priorités de la lutte contre le chikungunya, les moyens supplémentaires dévolus aux hospitaliers et l’importance d’un échange d’information pour optimiser la prise en charge des malades, et l’avancée de la recherche sur la maladie et son traitement. Il a bien-sûr rendu hommage au dévouement des professionnels de santé et les a assuré de son plein soutien pour affronter la crise.

"Suractivité permanente"

Entre 18 et 24 heures, c’est le Boom au CHI de Saint-Benoît. Le renfort de 2 médecins et de 3 infirmiers sur le site ne sera pas de trop, selon son directeur, Arsène Nerbard, qui souligne que "la médecine c’est l’échange, beaucoup de compagnonnage". Ce soutien va permettre de soulager le personnel en place dans le suivi des malades et la recherche de placement dans d’autres structures hospitalières, comme dans le Nord qui a libéré des lits. "Avec l’installation de lits supplémentaires, cela va mieux", confie Arsène Nerbard, "mais c’est toujours tendu". "Saint-Benoît est en suractivité permanente installée dans la durée". Les urgences ont augmenté leur activité de 30%.

Pour un état des lieux

Jean-Michel Saingainy, secrétaire général de la Fédération Santé CGTR, a souligné au ministre qu’il fallait un renforcement des moyens et effectifs dans la durée, un état des lieux du système de santé et pas uniquement au moment de la crise. Le personnel est selon lui "épuisé, vulnérable et touché comme le reste de la population". Il s’est dit "froissé" de constater que jusqu’à aujourd’hui, aucune des organisations syndicales, pourtant élues par les hospitaliers pour les représenter et faire entendre leurs revendications, n’ont été conviées à aucune concertation des autorités sanitaires. Il ne s’agit plus selon lui de revendications salariales mais de revendications sur les conditions de travail. À chacune de leurs visites, les ministres de la Santé reconnaissent le dévouement du corps médical, mais saupoudrent les moyens. "Le personnel soigne jusqu’à épuisement, mais ne croit plus aux promesses", souligne Jean-Michel Saingainy qui accorde que Xavier Bertrand s’est montré écoutant et soutient l’idée d’un état des lieux.

Estéfani


Engagés volontaires dans la lutte contre le chikungunya

"Solidarité interrégionale"

Professeurs, médecins urgentistes et 13 infirmiers ont fait le voyage hier dans l’avion ministériel pour prêter main forte à leurs collègues réunionnais durant 15 jours. Pour Éric Roupie, professeur urgentiste à Caen et Laurent Turi, médecin urgentiste dans la région Pas-de-Calais, c’est une mission de "solidarité interrégionale". Ils ne savent du chikungunya que ce qu’ils ont pu glaner sur le Net. Pour eux, la priorité est de soulager les professionnels hospitaliers et d’évaluer rapidement les capacités de prise en charge pour solliciter un nouveau renfort auprès de la Société française de médecine d’urgence.
Si les médecins sont surchargés, les infirmières, épuisées, ne parviennent plus à suivre la cadence infernale de l’épidémie. Charlotte, Stéphanie et Évelyne, infirmières dans la région parisienne, ont été retenues pour cette mission. Depuis l’épisode tragique du tsunami, elles se sont inscrites spontanément sur la liste des volontaires pour agir en cas de catastrophe naturelle. En 24 heures, leur départ s’est organisé. Comme l’ensemble du renfort, elles ne savent rien du chikungunya si ce n’est ce qu’en rapportent les médias nationaux. "On en entend parler à la télé, que cela commence à être inquiétant, que l’on n’arrive pas à endiguer l’épidémie", nous confie Charlotte. Hormis les consignes de rigueur, répulsifs et manches longues, si elles ne sont pas préparées à ce virus, en revanche, la pénurie en personnel et capacités des hôpitaux réunionnais, a fortiori en temps de crise, ne les surprennent pas. "Sur ce point, c’est partout pareil. Pour ça, on est bien habitué", sourit Charlotte.
Avant de partir pour Saint-Benoît où l’ensemble du renfort médical doit se retrouver avant d’être réparti vers d’autres hôpitaux, de gauche à droite, (sur notre photo) Évelyne, Charlotte et Stéphanie auront pris soins de se pulvériser de spray anti-moustiques de la tête au pied.

Estéfani


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