La sénatrice de la Plateforme réunionnaise écrit au ministre des Outre-Mer

Audrey Belim : « Situation sanitaire préoccupante liée à la diffusion du chikungunya à La Réunion »

15 janvier

Ce 14 janvier, la sénatrice de la Plateforme réunionnaise a adressé un courrier à Manuel Valls, ministre des Outre-mer, au sujet de l’augmentation inquiétante du nombre de cas de chikungunya à La Réunion. Elle fait part de plusieurs propositions impliquant une action de l’État à La Réunion.

Monsieur le Premier ministre,
Comme vous le savez, l’épidémie de chikungunya à La Réunion constitue une situation sanitaire particulièrement préoccupante. Je salue la décision de l’État de déclencher le Plan Orsec de niveau 3.
En effet, les dernières données de Santé publique France, en date du 7 janvier 2025, font état de 138 cas recensés, répartis sur cinq foyers actifs, notamment dans les communes de l’Étang-Salé, Saint-Paul et Le Tampon. Plus inquiétant encore, nous observons une dispersion géographique croissante des cas, avec une augmentation significative de la proportion de cas isolés, passant de 23 % à 38 % entre les semaines 51 et 52 de 2024.
Le passage en phase pré-épidémique et la perspective d’une situation épidémique dès la semaine prochaine m’alarment particulièrement, d’autant plus que la circulation simultanée de la dengue et les conditions météorologiques actuelles créent un contexte favorable à la propagation de ces maladies.

Dans cette optique, il paraît essentiel d’agir rapidement sur trois principaux axes. L’accès pour toutes et tous aux produits de protection antivectorielle (répulsifs, moustiquaires,…) avec un encadrement de leurs prix dans le cadre de l’article 410-2 du code du commerce afin de garantir leur accessibilité à l’ensemble de nos concitoyens. Le renforcement rapide et drastique des moyens dédiés à la lutte antivectorielle et la redéfinition des modalités de contractualisation et de prise en charge par l’État des contrats PEC établis dans le cadre de la lutte antivectorielle. La prise en charge par l’État de ces derniers à hauteur de 85 % — comme ce fut le cas dès juillet 2018 — dans les meilleurs délais comme ce fut le cas notamment à l’occasion de la forte épidémie de dengue que notre territoire a connue entre 2018 et 2021, semble également pertinente. Cette baisse de charges notamment pour les collectivités territoriales, dont les ressources sont de plus en plus contraintes, leur permettrait de dégager des moyens en vue d’actions complémentaires. Enfin, l’intensification de la prévention à travers une très large campagne de communication sur les nombreux médias réunionnais est également primordiale.

Les Réunionnaises et les Réunionnais ont déjà largement éprouvé les conséquences de déploiements tardifs de moyens nécessaires de la part des autorités sanitaires et des services de l’État et d’actions préventives de masse pour endiguer l’épidémie de chikungunya dans les meilleurs délais en 2005-2006. Nous avons ainsi dénombré plus de 240 décès et 260 000 cas confirmés soit plus d’un tiers de la population. Malgré des alertes dès le premier semestre 2018, la réaction tardive des mêmes acteurs a engendré a minima 63 morts, plus de 65 000 cas confirmés (plus de 150 000 cas estimés par Santé Publique France) et 7 000 passages aux urgences entre 2018 et 2021.
Dès lors, il serait incompréhensible pour l’ensemble des Réunionnaises et des Réunionnais, que l’État ne mette pas tous les moyens en œuvre pour endiguer dès maintenant la diffusion du chikungunya. Pour ces raisons, je reste à votre disposition pour échanger plus amplement sur ce sujet et vous prie d’agréer, Monsieur le Premier ministre, l’expression de ma haute considération.

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