Autres témoignages sur le chikungunya

’Banna la komans par dir la sitiasion té pa grav’

13 janvier 2006

De nombreux cas de chikungunya sont enregistrés chaque jour. La maladie progresse, au grand dam des ’victimes’ livrées à de terribles maux. Les témoignages recueillis sont éloquents. Que fait l’État ?

Cette question reviendra souvent, même si les Réunionnais touchés par le chikungunya indiquent que la lutte contre ce fléau est l’affaire de tous, du particulier à la DRASS, en passant par les services communaux. Toutefois, on notera que les Réunionnais ne sont pas dupes et savent que la Direction régionale des affaires sanitaires et sociales (DRASS) portent une lourde responsabilité, notamment en termes d’information.
"Moin, mi konpran pa pokosa banna [NDLR : la DRASS] la komans par dir la sitiasion té pa grav. Aprésa,ti lanp ti lanp, nou apran maladi-là sé in gran zafèr", déclare Mme Técher (74 ans). Et de poursuivre en décrivant ce qu’elle subit depuis 3 mois : "sa i fé mal. Mon bann zo i bril ankor. O-débi, moin la pa fé in kont, mé moin la fini par konprann kosa moin lavé trapé. Moin la kour shé doktèr, li mèm té o bout pou explik amoin lo zafèr". La bibliographie médicale ne recense en effet aucune donnée précise sur le sujet. Par contre, depuis longtemps, La Réunion est censée mener une lutte sans merci contre le moustique, vecteur de paludisme, et aujourd’hui du chikungunya. Force est de constater qu’il reste beaucoup à faire. Et les Réunionnais attendent.

Ça ne fait rire personne

Présentement, on ne peut que constater le fléau qui s’abat sur notre île, presque sans pouvoir réagir. Les malades, eux, témoignent. M. Dijoux (35 ans, Saint-Paul) : "J’ai toujours fait attention qu’il n’y ait pas de gîtes larvaires chez moi. Depuis longtemps, je vide mes pots, je veille à ce qu’il n’y ait pas de l’eau stagnante. Mais je ne peux pas faire cela pour mes voisins, ou dans les moindres recoins de La Réunion. Moi, cela fait maintenant 6 mois que je souffre du chikungunya, que j’ai sûrement attrapé lors d’une sortie en famille. Ma femme et mon fils ont été épargnés. Mais moi... Des jours ça va, et le lendemain c’est une atrocité. Mes articulations brûlent, une douleur abominable", témoigne cet enseignant. Encore, il bénit le ciel de ne plus avoir des plaques sur son dos, l’empêchant de se mouvoir à son aise. Nous ne parlerons pas de la fièvre, maux divers et consorts.
Petit tour dans l’Est : une artiste du maloya connue reste chez elle, incapable de retrouver une vie normale, après avoir "goûté so pasti moustik", comme elle le dit elle-même. S’habiller est un supplice. Plus d’appétit. Douleurs abominables. Et toujours le même discours : "kosa bann zotorité piblik i okip la santé i fé ? Delo i dor pa dan mon kour. Mi vèy o grin. Par-kont, kosa mi pé fé kan mi sava shanté tèl ou tèl plass ? Si demoun i okip pa zot kour, si zot i fé lélvaz moustik, fé an sort i mord pa nou. Mèt in mizlièr si zot gèl souyon i flank anou in léta viévié granmoun", s’indigne-t-elle. Pareil, elle explique que son mal s’en va, revient, et elle sait qu’il faudra attendre des mois pour que les séquelles disparaissent. Mais combien de temps ?
Même à la Kaz Mangaye, on débattait sur la souffrance occasionnée par le célèbre moustique. Mais tout le monde ne rit pas de ce problème de santé publique, ce chikungunya qui s’incruste sur notre île de manière pérenne.

Bbj


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