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Chikungunya : Entretien avec la sénatrice Gélita Hoarau
9 février 2006
Déjà en septembre de l’année dernière, les élus communistes mettaient en garde sur la toxicité des produits utilisés pour lutter contre le vecteur du chikungunya et soulevaient l’exemple de la lutte biologique conduite au Canada. La sénatrice Gélita Hoarau a soutenu et soutient encore cette méthode. Répondre à l’urgence est une nécessité mais ne doit pas engendrer des dégâts irréparables sur notre faune, notre flore, notre biodiversité. La population est exposée a des risques dont on ne mesure pas toute la portée. Face à cette crise unique, aucune solution ne peut être écartée.
Comment expliquez-vous que l’État, que vous avez interpellé à plusieurs reprises sur la lutte biologique, ne soit pas plus réceptif à cette solution ?
- Gélita Hoarau : Cette maladie est totalement inconnue chez nous. Aucune recherche n’a été réalisée jusqu’à présent. Il y a une méconnaissance de part et d’autre. Quand l’État a enfin pris note et décidé de réagir à l’épidémie, elle était déjà au stade de pandémie. Il a réagit dans l’urgence, mais avec les produits qu’il avait sous la main. Des mesures d’urgence sont certes nécessaires mais ne doivent pas occulter l’avenir. Le Téméphos et le Fénithrotion actuellement utilisés sont des produits toxiques, et l’on ne peut pas se poser la question de leur impact sur notre faune, notre flore et sur la population, d’autant que l’on constate que plus il y a d’épandages, plus il y a de cas. Il y a certainement d’autres moyens de lutter contre le moustique, mais pour trouver des solutions d’avant-garde, il faut aller les chercher. Et ces recherches sur le Net nous ont conduit vers le BTI d’abord au Canada, et le PCR s’en est fait l’écho lors d’une conférence de presse en septembre, puis en décembre au Pérou. Lorsque j’ai interpellé la mission sanitaire venue en janvier, sollicitant que soit privilégiée la lutte biologique, comme le préconise également le rapport IGAS, on m’a renvoyé aux coûts.
Pouvez-vous nous en dire plus sur le fruit de vos recherches ? La lutte biologique est-elle vraiment trop coûteuse ?
- Il faut d’abord rappeler que le Téméphos utilisé contre les larves va être retiré du marché européen en septembre 2006. Le BTI est un produit biologique qui s’attaque aux larves et qui est déjà utilisé par l’entente interdépartementale de démoustication en Indre, en Isère et en Savoie. Pour le traitement des adultes, d’autres méthodes biologiques peuvent être employées. Les Canadiens ont trouvé un procédé de culture biologique, le BTI, qu’ils utilisent pour la démoustication. En Côte d’Ivoire, ce même procédé est utilisé pour traiter 18.000 kilomètres de fleuves. La poursuite de nos recherches nous a conduit au Pérou. Dans ce pays où 25% de la population vit dans une grande misère, on utilise la noix de coco comme incubateur du BTI. C’est un produit économique, naturel et qui implique la population, investie dans la lutte. Madame Ventosilla, biologiste à l’Institut de Médecine tropicale de Lima, m’a donné quelques éléments d’informations en début de semaine. Au Pérou, le BTI est utilisé depuis plus de 20 ans pour lutter contre le paludisme, mais il peut servir à la destruction de tous types de larves. Un coton tige sert à prendre la souche qui est déposée dans la noix de coco refermée à l’aide de cire. Après 4 à 5 jours d’incubation, le produit peut être répandu. Madame Ventosilla affirme que ce produit est très efficace et le kit BTI ne coûte que 2 dollars hors frais d’envoi. Elle se dit prête à venir à La Réunion avec de la souche et à partager son expérience de la lutte globale.
Quelle est la prochaine étape ? Peut-on déjà envisager une échéance rapide dans le passage à la lutte biologique ?
- Le président de la Région Réunion a décidé d’envoyer une mission régionale au Pérou afin de voir si ce procédé est transposable à La Réunion. Je le remercie pour cette initiative. Nous pourrons ensuite faire remonter les informations au niveau national qui doit agir, nous le souhaitons, le plus tôt possible. Je dis nous, car l’ensemble des socio-professionnels réunis lundi dans l’hémicycle se prononcent spontanément en faveur de la lutte biologique. Tout le monde va dans le même sens pour préserver nos atouts, notre population et surtout l’avenir. L’initiative de la commune du Port de passer à la lutte biologique, le refus de la commune de Saint-Paul que soient encore utilisés des produits chimiques dans les maternelles ou encore la position du Conseil général qui décide de stopper ses opérations en raison de la dangerosité des produits démontrent bien qu’il faut adopter une méthode de traitement plus saine d’autant que le chikungunya est installé dans la durée à La Réunion. Il faut travailler ensemble pour l’avenir, car nous ne sommes pas exempts d’autres maladies infectieuses transmises par le moustique. Nous sommes peut être Français, Européens, mais nous restons dans une zone tropicale à risque.
Qu’attendez-vous aujourd’hui des autorités nationales ?
- Il faut que l’État soit conscient de la nécessité de restaurer un service de prophylaxie pérenne à La Réunion et à la hauteur des enjeux sanitaires qui s’offrent à nous. Face à la colère de la population, même si l’on a peu de connaissance de la maladie, il doit montrer son sérieux, délivrer des informations sures et vérifiées. Une équipe pluridisciplinaire doit être rapidement mobilisée. On ne sait rien du travail entomologique et épidémiologique récemment engagé. La mission d’information de la commission des Affaires sociales que nous avons sollicitée, avec la sénatrice Anne-Marie Payet et qui devrait se déplacer dans le courant du mois de mars, permettra d’ailleurs un contrôle des mesures de lutte engagées de la gestion de la crise. Elle ira à la rencontre des acteurs, prendra note des différentes suggestions pour les faire remonter au gouvernement.
Quel est votre état d’esprit ?
- Je laisse mon mécontentement de côté, essaye de garder la tête froide et de me concentrer sur ce que l’on peut faire avancer. Face à la pandémie, il faut décupler les moyens, et si tout le monde s’y met, l’État, les collectivités, les communes, les parlementaires, le corps médical, la recherche, la population, on y arrivera. L’État a pris du retard, c’est un peu tard, très tard, mais pas trop tard.
Propos recueillis par Estéfani
An plis ke sa
• Au ministère de l’Outre-mer : le BTI « quand ce sera possible »
Xavier Baroin déclarait hier en conférence de presse (voir en page 4) retransmise en direct sur RFO Radio que les produits utilisés actuellement pour le traitement des larves et des moustiques adultes sont recommandés par l’OMS et « couramment utilisés en métropole et aux Antilles ». Il n’exclut pas la réalisation d’un protocole d’utilisation du BTI pour le traitement des larves, « quand ce sera possible ». Il a souligné en outre que les équipes de démoustication étaient suivies médicalement car elles doivent respecter une « durée limitée d’intervention ». Un réseau d’experts a selon lui été mobilisé en amont sur cette question (IRD, Conseil général de Martinique, réseau de toxicovigilance, INV).
• OMS mobilisée
Selon Xavier Bertrand, l’Organisation mondiale de la santé aurait pris la décision d’envoyer une équipe à La Réunion. « La communauté internationale doit faire des efforts sur l’ensemble des maladies émergentes » qui doivent devenir « des priorités collectives ». Le ministre de la Santé ne dit pas à quand la venue de cette mission internationale.
• Point sur les chiffres
Sur les moyens : 3.600 personnes sur le terrain « toutes personnes confondues », 500 militaires déjà engagés dans la lutte, 300 vont venir en renfort, alors que le 18 février, sapeurs pompiers et sécurité civile vont venir assurer la logistique des opérations. 180 contrats aidés sont financés à 100% par l’État. Sur les cas : 20.000 cas par semaine et « nous aurions » 70.000 personnes touchées par le virus. Plus besoin d’assister au point hebdomadaire de la préfecture aujourd’hui, tout est dit.
• Pirouette...
Lorsqu’un journaliste souligne que la presse locale avertie depuis l’année dernière l’ampleur de la crise qui s’annonce, Xavier Bertrand répond que « nous n’avons pas attendu pour agir, début décembre ». « Il faut moins regarder derrière que devant ». Et lorsqu’un autre soulève le cas des médecins généralistes de Saint-Louis qui ont alerté la DRASS sur 20% de cas et qui n’ont pas été pris au sérieux demandant à qui les professionnels de santé doivent s’adresser, le ministre de la Santé répond : « au représentant de l’État sur place », avant de basculer rapidement sur la question des déchets et d’une stratégie à long terme.
Estéfani
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