Sidaction 2013 : le point sur l’épidémie de VIH

Catherine Gaud : « l’espoir fort, c’est la thérapie génique »

6 avril 2013

Placé cette année sous le thème “Contre le Sida, ne crions pas victoire trop vite”, le Sidaction lancé hier est une manifestation de trois jours encourageant les dons pour la lutte contre le VIH/Sida. Présidente de l’Association RIVE (Réunion Immunodéprimés Vivre et Écouter), le Docteur Catherine Gaud revient sur les enjeux de la manifestation, la nécessité de la prévention et du dépistage de l’infection VIH, et sur les dernières avancées de la recherche.

Catherine Gaud rappelle que la prévention et le dépistage sont les seuls moyens de faire reculer l’épidémie. (photo MM)

Le Sidaction cette année souligne l’importance de ne pas relâcher la vigilance pour la prévention. Observe-t-on un changement des comportements liés à des traitements plus efficaces ?

— Le VIH/Sida, c’est tout d’abord un problème mondial : l’accès au traitement pour toutes les personnes malades. En Afrique australe, le VIH accompagne une épidémie de tuberculose multirésistante aux traitements. Le Sidaction permet de soutenir la recherche et la lutte contre l’épidémie dans les pays en voie de développement, c’est important de le signaler.

Dans les pays dits "riches", les problèmes sont d’un autre ordre. Les gens ne se font pas suffisamment dépister. C’est pourquoi cette année, 8 personnes sont mortes du Sida à La Réunion, elles ont été dépistées trop tard.

70% des personnes dans la file active sont hétérosexuelles, et dans les 42 nouveaux patients en 2012, 50% sont des homo-bisexuels.

50% de ces 42 personnes ont été dépistées par leur médecin traitant. Plus le diagnostic est tôt, mieux c’est. Entre l’infection et la maladie Sida, il s’écoule en moyenne 10 ans.

Il existe aujourd’hui des traitements efficaces sans effets secondaires. Le VIH est une infection chronique et pas une maladie. On parle de personne vivant avec le VIH, avec les traitements, elle a la même espérance de vie que tout le monde.

Le dépistage précoce, c’est aussi un enjeu majeur au niveau de la santé publique. En effet, avec le traitement, il est possible d’arriver à une charge virale indétectable. Cela diminue d’au moins 96% le risque de contamination.

Les gens n’utilisent pas toujours des préservatifs, sous le coup de la pulsion, le partenaire devient une personne adorée qui ne peut pas faire de mal. Le traitement est une prévention de la contamination.

Si on dépistait tout le monde, et si toutes les personnes touchées étaient traitées, alors l’épidémie pourrait disparaître en 2025.

Pourquoi la prévention reste-t-elle le pilier ?

— La prévention est essentielle. Il est important d’utiliser le préservatif qui protège de la contamination par le VIH, mais aussi des autres infections sexuellement transmissibles. Il faut savoir que 5% des personnes contaminées peuvent avoir un virus résistant. Cela les obligera à prendre 10 à 15 comprimés par jour, toute leur vie. Une personne vivant avec le VIH doit faire des prises de sang, aller une fois par an en hôpital de jour, consulter deux fois par an en hôpital. Cela complique les choses dans la vie intime et affective.

La contamination implique également un suivi très rigoureux pour une naissance. Si un des deux parents est atteint par le VIH, c’est au bout de trois mois de grossesse que l’on est fixé, ce qui laisse trois mois d’angoisse.

Vivre avec le virus, ce sont beaucoup d’obstacles dont le principal est la discrimination et notamment l’auto-discrimination. On se sent sale, bête d’avoir été contaminé. À cela s’ajoute le regard des autres. À Maurice, un slogan avait été trouvé, il résume bien les choses : « Ce n’est pas le VIH qui me tue, c’est votre regard ».

La vie d’une personne contaminée n’est pas un fleuve tranquille. Mieux vaut l’éviter, il faut se protéger.

Il faut aussi avoir à l’esprit que si on est contaminé et qu’on ne se fait pas dépister, on en meurt. Et il n’y a pas de traitement curatif, le vaccin, ce sera très difficile d’en avoir un. Et c’est un moyen préventif.

Pourra-t-on un jour guérir du VIH ?

— L’espoir fort, c’est la thérapie génique. Il existe une personne séropositive qui a été guérie, c’est le "patient de Berlin". Son virus a disparu de son organisme grâce à une anomalie génétique.

Le "patient de Berlin" vivait avec le VIH, et il avait une leucémie. Avant de bénéficier d’une greffe de la moelle, il a eu une chimiothérapie qui a éliminé ses cellules cancéreuses. Le donneur de la moelle était porteur d’une anomalie dans ses cellules, à l’endroit où le VIH y entre. Le virus ne pouvait plus y pénétrer. Cette anomalie était liée à une malformation génétique. C’est ce qui a permis au "patient de Berlin" de guérir du VIH.

Le traitement, ce sera de prélever des cellules souches contaminées par le VIH dans la moelle du patient, celles qui fabriquent les lymphocytes. Ces cellules seront ensuite traitées en laboratoire pour que le VIH soit détourné de sa fonction. Il deviendra porteur de l’anomalie génétique qui enlève au VIH son point d’entrée dans la cellule.

Les cellules souches seront ensuite réinjectées dans la moelle du patient. Elles vont devenir majoritaires, et la personne infectée sera guérie, comme le "patient de Berlin".

Depuis le début de l’année, des deux côtés de l’Atlantique, des équipes ont commencé à travailler sur des cellules souches.

Au Congrès d’Atlanta début mars, la dernière des six présentations en assemblée plénière était sur les thérapies géniques. C’est là que se situe l’espoir.

Les chiffres de l’épidémie à La Réunion

La file active est de 770 personnes vivant avec le VIH, suivies par le CHU Nord et Sud (environ 1/3 de femmes pour 2/3 d’hommes).

La file active continue son vieillissement annuel : l’âge moyen est d’environ 47 ans. 68% environ des patients ont entre 40 et 60 ans.

L’hétérosexualité demeure le mode de contamination le plus fréquent. Cependant, la part des homo-bisexuels augmente chaque année régulièrement, du fait que la moitié des nouveaux hommes diagnostiqués sont homo-bisexuels.

Le nombre de patients dépistés est légèrement supérieur à celui de l’an dernier (42 versus 31).

79 nouveaux patients (patients découverts à La Réunion et patients arrivés à La Réunion déjà connus séropositifs) ont intégré la file active.

Le nombre de nouveaux Sida est également stable (16 en 2011, 18 en 2012).

Le nombre de décès (7 en 2012) est constant et incompressible depuis 10 ans (entre 5 et 11/an).

(Source Corevih 31 décembre 2012)
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Quelques exemples :

- 30 euros : vous permettez à un malade de bénéficier des visites à domicile hebdomadaires d’une infirmière pendant un mois.

- 40 euros : vous offrez à une mère séropositive en Afrique du lait maternisé durant 2 mois pour lui éviter de transmettre le virus à son bébé.

- 50 euros : vous permettez de sensibiliser 100 jeunes ou adultes aux risques de transmission du Sida.

- 80 euros : vous offrez à un jeune chercheur doctorant les moyens de faire progresser une piste d’espoir durant toute une journée.

 
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