Leptospirose : Intervention d’Huguette Bello à l’Assemblée nationale

« Ce que nous demandons, c’est le renforcement des moyens existants »

11 juin 2008

Huguette Bello a interrogé le Gouvernement sur la recrudescence de la leptospirose à La Réunion et sur les moyens qu’il entend mettre en œuvre pour lutter contre les risques de contamination.

• Question orale sans débat d’Huguette Bello :

Je souhaite attirer l’attention de Madame la Ministre de la Santé et du gouvernement sur la recrudescence des cas de leptospirose enregistrés à La Réunion au cours de ces dernières années. Le plus souvent bénigne, cette maladie peut cependant être mortelle. Chaque année, au moins une dizaine de décès lui sont imputables à La Réunion. Un jeune agriculteur vient encore de succomber à cette maladie en avril dernier.

Répandue dans le monde entier avec une fréquence nettement plus élevée en zone tropicale, la leptospirose est due à des bactéries qui ont pour vecteur principal les rongeurs et particulièrement les rats. La transmission à l’Homme est le plus souvent indirecte, par contact avec la végétation, le sol et l’eau souillés par les urines des animaux contaminés. Certaines personnes, du fait de leur activité, sont particulièrement exposées comme les agriculteurs, les éleveurs ou les égoutiers, mais personne n’est vraiment à l’abri. En effet, le risque est aussi présent dans des activités telles que le jardinage, la pêche ou les loisirs nautiques. Il augmente après la saison des pluies. La contamination s’opère par les muqueuses ou par une plaie aussi minime soit-elle.
La similitude des symptômes avec ceux du chikungunya et de la dengue rend plus difficile le diagnostic de cette maladie alors qu’une prise en charge rapide est indispensable et qu’en l’absence de traitement approprié, l’état de santé des malades peut se détériorer gravement.

Limiter les risques de contamination passe nécessairement par des actions de prévention. En premier lieu, par des campagnes soutenues de dératisation. Or, il se trouve que le nouveau règlement européen du Fonds européen agricole pour le développement rural (le FEADER) ne finance plus la structure chargée de fabriquer les raticides. Du coup, ils coûtent quatre à huit fois plus cher.
La prévention passe aussi par la vaccination des professionnels exposés. Mais le vaccin qui est efficace pour certaines variantes de la maladie n’est pas remboursé lorsqu’il s’agit des agriculteurs, alors qu’ils sont parmi les personnes les plus exposées à cette maladie.

Ma question est simple : Quelles mesures préventives le gouvernement compte-t-il prendre, en complément de celles des collectivités et des associations, pour résoudre ce problème de santé publique ?

• Réponse du Gouvernement, représenté M. Bernard Laporte, secrétaire d’État chargé des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative :

Mme la ministre de la Santé, retenue au Luxembourg, m’a chargé de vous faire la réponse suivante.
La leptospirose est répandue dans le monde entier, particulièrement en zone tropicale et, selon une étude réalisée par l’Observatoire régional de santé en 2003, l’incidence à La Réunion est quinze fois plus importante qu’en Métropole avec une cinquantaine de cas par an et un taux de mortalité de 13%. Le risque de contamination à l’Homme s’explique par la prolifération de petits mammifères et se fait, comme vous l’avez dit, par les blessures. La leptospirose est reconnue comme maladie professionnelle, et bien que la maladie ne soit pas à déclaration obligatoire, la DRASS de La Réunion surveille les patients hospitalisés depuis de nombreuses années, avec le concours des laboratoires hospitaliers. On a dénombré cinquante-cinq signalements dont neuf décès en 2006, quarante-huit signalements dont trois décès en 2007, et vingt-deux signalements dont deux décès depuis le début de l’année 2008.
Pour agir, l’État s’appuie sur les recommandations du Conseil supérieur d’hygiène publique de France, en date du 18 mars 2005, pour la prévention de la leptospirose en cas d’activité professionnelle à risque : mesures de protection individuelles - port de gants et de bottes, désinfection des plaies - information des travailleurs à l’embauche pour limiter les comportements à risques ; éventuelle vaccination, après avis du médecin du Travail, en fonction de l’exposition professionnelle, car le vaccin est actif dans 80% des cas à La Réunion.
Des mesures adaptées au contexte local sont actuellement mises en œuvre conformément à la répartition des compétences entre l’État et les collectivités locales. Pour ce qui le concerne, l’État a renforcé les dispositions réglementaires relatives à la salubrité, en impliquant chaque citoyen et chaque commune, organisé une veille sanitaire par le biais de la DRASS, formé des agents des communes ; donné un appui technique et financier afin de coordonner les actions de dératisation. C’est ainsi qu’en 2007, la DRASS a passé une convention avec la Fédération départementale des groupements de défense contre les organismes nuisibles, pour 80.000 euros. En 2008, la nouvelle convention, qui définit des actions ciblées sur les écoles, porte sur quelque 14.300 euros. L’État a aussi renforcé l’information et la communication en diffusant 30.000 exemplaires d’une plaquette élaborée par la Direction générale de la santé. Des crédits peuvent être mobilisés dans le cadre de l’appel à projet du groupe régional de santé publique qui porte sur le volet “lutte contre les zoonoses”. Enfin, des informations sont mises à la disposition du public sur le site Internet du ministère de la Santé.
Vous le voyez, le Gouvernement et les collectivités locales sont mobilisées et travaillent efficacement, ensemble, à l’éradication de la leptospirose à La Réunion.

• Mme Huguette Bello :

Votre réponse, Monsieur le ministre, ne peut me satisfaire. Toutes les collectivités de La Réunion sont concernées, puisque le risque est partout. La Chambre d’Agriculture l’est également : la coupe des cannes va commencer, et les rats des champs vont entrer dans les maisons. Ce que nous demandons, ce n’est pas le rappel de ce qui est fait, mais le renforcement des moyens existants.


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