Bilan de l’action de l’Île de La Réunion Contre le Chikungunya

« Cette catastrophe aurait pu être évitée » !

9 janvier 2007

Dans les jours qui ont suivi l’annonce des premiers cas de chikungunya dans le département, une poignée d’hommes et de femmes ont décidé de la création de l’association l’Île de La Réunion Contre le Chikungunya (IRCC) à Saint-Louis. Avec le dépôt des statuts le 4 janvier à la Préfecture de Saint-Denis pour l’officialiser.

Depuis cette date, les bénévoles ont retroussé leurs manches. Sur le terrain et sans relâche, ils n’ont cessé d’informer la population sur les conduites à tenir. Même s’il s’agit de gestes pourtant simples ! Dans cette action de proximité, Josette Brosse, la Présidente de l’IRCC, a été plus d’une fois “remerciée par des insultes”. Pour autant, elle n’a pas baissé les bras. Bien au contraire, elle continue et continuera à propager des messages de prévention.

Sur le terrain et sans relâche

Au cours de l’année dernière, les rencontres ont été multiples, des élus locaux aux nationaux comme le ministre de la santé. Ces derniers venus au chevet d’une île malade ! Plus d’une fois, elle leur a indiqué que la situation était alarmante !

Une des conséquence pour être montée au créneau est aujourd’hui « je ne suis pas aimée des élus », constate Josette Brosse. Pour cause, elle n’a pas hésité à leur remonter les bretelles lorsqu’il était nécessaire dans pareille épidémie. Elle a agi et agira de la sorte car il y va de la vie de Réunionnais. Avec des relais dans l’Ouest et l’Est, les bénévoles de l’IRCC ont rencontré les habitants des villes de La Possession, de Saint-Marie, de Saint-Louis, de Saint-Joseph. Certains d’entre eux n’imaginaient pas la dangerosité de cette maladie. Ils avaient pour habitude de se baigner dans les rivières. Et jusqu’à présent les piqûres des moustiques restaient sans conséquence. Entre temps les données ont évolué. Une simple piqûre du moustique porteur de cette maladie entraîne en effet des douleurs insupportables. Des habitants de Saint-Louis en ont fait la triste expérience. Car un des foyers de cette maladie était cette ville du Sud. Par la suite, les actions conjuguées ont abouti à une nette amélioration du climat.

« Je ne suis pas aimée des élus »

L’IRC a obtenu récemment de la DRASS une subvention de 15000 euros et auparavant 1000 euros de la commune de Saint-Louis. Des associations réunionnaises métropolitaines leur ont versé des euros. Suffisamment pour l’achat de répulsifs pour une campagne de lutte anti-vectorielle. Sollicitées, les collectivités locales jusqu’à aujourd’hui ne lui ont pas accordé de réponses favorables. Malgré tout, elle ne se désarme pas. Elle continue à leur adresser les demandes de subventions.

La note est parfois salée !

Leurs actions de proximité demandent un minimum d’investissement tant humain que financier. Le téléphone des personnes relais ne cesse de sonner pour l’écoute, le soutien et les conseils. La note est parfois salée ! Lorsque c’est indispensable, ils se déplacent dans les familles. Parfois, elles sont déboussolées. Après maintes et maintes démarches, des personnes malades se sont retrouvées au lit sans la moindre assistance. Ne pouvant plus se déplacer, chers lecteurs, imaginé un peu dans quels “draps”, elles se trouvaient.

La participation au recensement des malades

L’IRCC a procédé à un recensement des cas de malades auprès des médecins et des pharmaciens pour ensuite les communiquer aux autorités compétentes. Cette collecte de données a pu se réaliser par la mise en place de groupes de parole où les malades parlaient de leurs souffrances physiques et psychologiques. Ces témoignages terribles ont été mis sur la table lors des rencontres entre associations avec la DRASS et l’ARH. Il est à noter que la plupart des bénévoles avec leur peu de connaissance en matière de santé ont accompli une action capitale auprès de la population. Avec le concours de l’IRCC dont les initiatives ont été relayées par les médias, la maladie comme l’épidémie de chikungunya a été portée sur place publique. Peut-être est-ce pour cela que Josette Brosse est plus ou moins appréciée des élus locaux !

“2625 appels téléphoniques” et “2217” emails

Le bilan de l’action sociale menée par cette association n’est pas à mettre entre parenthèse. En une année d’activité, elle a reçu près de “2625 appels téléphoniques” et “2217” emails. À tous ces messages, une suite a été donnée. Les bénévoles ont au total parcouru 38 913 kilomètres et 368 familles qu’elles soient adhérentes ou non à l’association ont reçu leur visite.

Vigilant face à la situation

Pour l’IRCC, cette année a débuté avec “un chariot, un répulsif” en partenariat avec Nahana Maésah Ya Messo. Une fois de plus, des bénévoles sont d’attaque. Ils apportent des informations aux voyageurs à leur descente d’avion - à Gillot et à Pierrefonds - sur la nécessité de se protéger. Il est prévu que cette action soit renouvelée lors des vacances scolaires.

Josette Brosse sur cette épidémie porte un regard très critique. En un mot pour elle est « cette catastrophe aurait pu être évitée » !

J.-F. N.


Régulièrement insultée

Selon Josette Brosse , « les gens ont baissé la garde ». Certes, nous sommes loin des heures où l’épidémie de chikungunya frappait sans compter. Elle tient à dénoncer des comportements... irresponsables. Malgré les nombreuses campagnes d’information, elle voit régulièrement des personnes jeter des détritus dans les ravines ou ne pas respecter les jours de collecte des ordures ménagère. Allant à leur rencontre, elle se fait régulièrement insulter. Passons sur les mots ! Elle leur tient tête, car une fois de plus, il est nécessaire de rappeler qu’il y va de la santé de milliers et de milliers de Réunionnais.

J.-F. N.


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