Quand l’entomoépidémiologiste de l’armée, Jean-Paul Boutin, nous dit qu’avec un cm3 à l’hectare il éradique les moustiques, ainsi que les autres insectes, il ne rassure personne. Au Canada, on recommande un tel dosage une fois par an. Combien de passages les Réunionnais devraient-ils subir ?
Dans le document ci-après, la DRASS fait la liste de recommandations à respecter lors du passage des 4x4 : on y apprend par exemple qu’avant le passage des engins, il faut "rentrer les jouets des enfants", que pendant le traitement, on demande notamment de "rester à l’intérieur de la maison (portes et fenêtres fermées)" et qu’après le traitement, il ne faut surtout pas "manger les fruits et légumes du jardin avant 15 jours ; passé ce délai, les laver et les peler avant de les consommer" : un tel catalogue n’est guère rassurant.

Des canons anti-moustiques

Armés de "canons" pulvérisateurs de Delta Méthrine, un insecticide chimique fatal aux moustiques adultes, selon la DRASS, 8 véhicules 4x4 spécialement équipés pour la lutte contre les vecteurs du chikungunya devaient entrer en action dans la nuit d’hier à aujourd’hui. Ils vont sillonner les routes de La Réunion de 2 heures à 5 heures du matin.
Ce procédé s’appuie sur ce postulat : "Seuls les insecticides chimiques sont en mesure de tuer les moustiques adultes", explique Jean-Claude Denys, ingénieur sanitaires à la DRASS (Direction des affaires sanitaires et sociales), en commentant la démonstration de pulvérisation par 4x4 qui a eu lieu hier à la caserne Lambert (Saint-Denis).
À bord des 4x4 anti-moustiques de la DRASS, les militaires épandront donc l’insecticide de 2 heures à 5 heures du matin.
Il sera demandé de nombreuses précautions aux habitants des secteurs ciblés par les épandages (essentiellement les zones d’habitants denses), comme le décrit la DRASS dans le communiqué ci-contre. De même, le trafic routier sera interrompu pendant le même laps de temps.
Autres recommandations : reverser et de brosser les coupelles et soucoupes sous les pots de fleurs "en sachant qu’elles abritent 80% des gîtes larvaires", dit encore l’ingénieur sanitaire en parlant de "la responsabilité de chacun", point de vue partagé par l’entomologiste du Conseil général de Martinique. Ce dernier ajoute qu’"il nous faut travailler tous ensemble, pouvoirs publics, élus et population. C’est le challenge qui nous est posé si nous voulons réussir notre action contre la prolifération des moustiques".
À noter à ce propos que dans certaines zones de l’île, 15 jours après la démoustication, des maisons présentaient des taux de nouvelles infestations larvaires allant 14 à 21%.

Domenjod : Malaise à l’école

Trois classes du groupe scolaire les Cocotiers à Domenjod (Saint-Denis) ont été évacuées hier après qu’un instituteur se soit senti mal. Les abords de l’école avaient été démoustiqués au cours du week-end.

"Lorsque je suis arrivée ce matin, (hier - NDLR) il y avait une forte odeur d’insecticide dans les 3 classes se trouvant en surplomb de la route. Un moment après, j’ai eu des picotements dans la gorge et aux yeux. Un peu plus tard, un instituteur a été pris de vomissements", relate l’une des aides maternelles du groupe scolaire les Cocotiers à Domenjod (Saint-Denis).
Aucun enfant ne se s’est senti mal, mais par précaution, les 3 classes (2 du primaire et une de maternelle) ont été évacuées. Les élèves ont été répartis dans d’autres classes de l’établissement.
Au cours du week-end, la ravine située en contrebas du groupe scolaire a été démoustiquée. C’est de là que serait venue la forte odeur d’insecticide.