Publication du rapport IGAS sur la “Mission chikungunya à La Réunion

Chikungunya : Ah ! si seulement on nous avait écoutés !

28 janvier 2006

Depuis hier est accessible sur Internet le rapport de la “Mission d’appui à la lutte contre l’épidémie de chikungunya à La Réunion”, qui est venue dans notre île du 12 au 20 décembre derniers. (1)
La mission était menée par Gilles Duhamel, membre de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), Dominique Gombert, du département d’expertises intégrées de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (AFSSET), Christophe Paupy, entomologiste médical de l’Institut de recherche pour le développement (IRD), et le docteur Isabelle Quatresous, du département international et tropical de l’Institut de veille sanitaire (InVS).
Ce document de 59 pages rappelle d’abord les objectifs de la mission :
"- identifier les raisons, y compris les carences éventuelles de prévention, qui ont permis à l’épidémie de se développer ;

- établir des prévisions épidémiologiques, évaluer les risques d’épidémie et les possibilités d’éradication ;

- déterminer les moyens et évaluer la pertinence des méthodes de lutte anti-vectorielle à mettre en œuvre, y compris en matière de communication, ainsi que la contribution des collectivités territoriales et faire des propositions d’évolution ;

- accompagner en tant que de besoin les différents acteurs locaux dans leur démarche de préparation du transfert de l’activité de lutte anti-vectorielle au Conseil général dans les meilleures conditions."
Nous invitons nos lecteurs qui le peuvent à consulter le texte intégral de ce document. Ils verront que les membres de la mission sont venus à La Réunion, où ils ont évalué la gravité de la situation et étudié les moyens de traiter l’épidémie.

Le téméphos condamné

Ils reprennent tous les thèmes que nous avons évoqués dans les colonnes de “Témoignages”. Plusieurs titres et passages de leur rapport sont d’ailleurs éloquents. Par exemple, ils déclarent : "La persistance de foyers actifs malgré la fin de l’hiver austral 2005 indique que les efforts déployés par le service de lutte anti-vectorielle de la DRASS et les mesures de prévention n’ont pas permis d’éradiquer le virus".
Ils regrettent également la déliquescence du service de prophylaxie de La Réunion.
De même, ils s’interrogent sur l’efficacité et la pertinence des moyens mis en œuvre pour combattre les moustiques porteurs du virus du chikungunya. Ils mettent en cause le choix des insecticides chimiques et signalent que le téméphos, dont on est en train d’inonder l’île, doit être éliminé du marché par l’Union européenne le 1er septembre 2006. C’est dire sa nocivité.
Les “missionnaires” notent également qu’il faut une substance de substitution et que le bacille BTI est un insecticide naturel de choix.

À l’écoute de la population

En résumé, toutes les personnes qui prendront connaissance de l’intégralité de ce rapport verront que cette mission a repris tout ce que nous avons déjà dit. Ses membres sont venus à La Réunion sans préjugés à l’égard de quiconque. Et au terme de leur enquête, ils sont arrivés aux mêmes conclusions que la sénatrice Gélita Hoarau, les responsables du PCR, “Témoignages”, Kanal Océan Indien, le président Paul Vergès, la députée Huguette Bello, des professionnels de santé, des responsables d’associations, d’autres élus, d’autres médias etc...
Comment aurait-il pu en être autrement si nous avons été - en ce qui nous concerne - à l’écoute de la population, des militants, de nos lecteurs et si nous avons traduit les angoisses dont nous étions destinataires ?
Il aura donc fallu cette mission pour qu’enfin on ouvre les yeux sur la véracité de ce que nous avons dit. Du coup, on a perdu beaucoup de temps. Car plutôt que de nous écouter, on n’a rien fait car on pensait que nous menions une lutte “politicienne”.

L. B.

(1)
http://www.invs.sante.fr/display/?doc=publications/2006/chikungunya_janvier_2006/index.html


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus