Le WWF dénonce le tout-chimique et appelle à la lutte biologique

Chikungunya : appliquer impérativement le “Bti” dans toute l’île

21 février 2006

Dans un communiqué diffusé hier sous le titre “Halte à la solution toxique contre le virus chikungunya !”, la section française du WWF (Organisation mondiale de protection de la nature) appelle à ne pas mettre en danger les générations futures et les richesses environnementales de notre île en utilisant de dangereux insecticides. On lira ci-après ce communiqué avec des intertitres de “Témoignages”.

Le Fénitrothion et le Téméphos, 2 insecticides hautement toxiques, ont été pulvérisés massivement, et le plus souvent par des personnes inexpérimentées, dans l’atmosphère des zones résidentielles, des écoles et un peu partout ailleurs sur l’île de La Réunion. Les services de la DRASS, les employés communaux, les militaires venus aider et des citoyens ont ainsi manipulé ces insecticides dans la précipitation et de manière très abusive, allant même jusqu’à les pulvériser dans les zones en altitude où pourtant aucun moustique et aucun cas de chikungunya ne sont répertoriés.

"Véritables nuages toxiques"

Le WWF déplore le fait que la population n’ait pas été mise au courant des risques qu’elle encoure par surexposition à ces véritables nuages toxiques. De plus, les précautions élémentaires n’ont pas été respectées, comme l’évacuation des gens avant pulvérisation, la mise en sécurité des personnes fragiles, la diffusion des informations de sécurité...
Les établissements scolaires ont ainsi fait l’objet de traitements intensifs sans information préalable des parents, des professeurs ni même parfois des directeurs d’écoles. Des écoles sont évacuées d’urgence pour "désagrément causé par des vapeurs toxiques". Certains enfants en contact avec ces substances toxiques ont même été conduits aux urgences pour des "intoxications aux organophosphorés".

Protéger les richesses naturelles

Sur le plan de la biodiversité, de nombreux insectes autres que les moustiques sont menacés par ces surdosages de produits toxiques, notamment les abeilles. D’autres espèces qui font la richesse de l’île, comme les oiseaux, sont également touchées. Enfin, ces produits toxiques vont se retrouver dans les rivières et entraîner une pollution des eaux.
Après l’utilisation d’un 3ème insecticide, le Deltaméthrine, que la Préfecture de l’île a décidé de pulvériser le 13 février dans tous les quartiers avec des canons ayant une portée de 50 mètres, c’est finalement un produit biologique nommé le "Bti" qui viendra à bout des larves des moustiques vecteurs du chikungunya, à partir du 17 février, produit larvicide biologique qui ne présente aucun des dangers des insecticides chimiques utilisés auparavant.

“Bti” : aucun risque

Le "Bti" est une spore bactérienne présente naturellement dans les sols. Les essais d’innocuité des traitements larvicides effectués au moyen de "Bti" ont montré que cet agent ne présente aucun risque pour la faune, les espèces non ciblées ou l’être humain. Cette dernière décision montre bien que les hommes sont capables de trouver des alternatives à l’utilisation précipitée de produits chimiques toxiques.
Le WWF ne peut donc que soutenir une telle initiative, et demande à ce qu’elle soit impérativement appliquée dans toute l’île pour en protéger ses habitants et notamment ses enfants, ainsi que son environnement aux multiples facettes uniques dans le monde.


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