Chikungunya : La piste du neem-tree
Anti-paludéen et insecticide naturel : un article paru dans le journal en ligne ’Afrik.com’
mardi 7 février 2006
Présent dans de nombreux pays d’Afrique et cultivé à la pépinière communale du Port, le neem-tree est un arbre ’aux milles vertus’ pour des centaines de millions de personnes, selon “Afrik.com”. Si les feuilles de l’arbre servent de médicaments pour soigner le paludisme dans la pharmacopée traditionnelle, ses fruits, dont on fait de l’huile, sont un parfait insecticide naturel, inoffensif pour l’humain et les animaux. Dans le contexte de l’épidémie de chikungunya, on ne peut négliger d’explorer la piste du neem-tree.
Un anti-paludéen et un insecticide naturel. L’Azadirachta indica, arbre plus connu au Sénégal sous son nom indien de neem, possède de précieuses vertus appréciées par de nombreux Africains depuis longtemps. Au-delà du bois de neem en lui-même et de ses multiples usages, les feuilles et les fruits révèlent de véritables trésors de bienfaits.
Le neem* est très présent en Afrique (et également en Inde). L’arbre appartient à la famille des méliacées et ne dépasse pas 10 à 12 mètres au Sénégal, mais peut atteindre 25-30 mètres dans son pays d’origine (l’Inde), selon la direction la Recherche forestière au Sénégal.
L’arbre pousse bien sous un climat semi-aride à semi-humide et supporte même les climats aux précipitations inférieures à 500 millimètres. Il montre peu d’exigences vis-à-vis des sols, s’accommodant des terres maigres, pierreuses ou sableuses. Il n’existe pas d’aires de plantation en régie dans les zones visitées.
Anti-paludéen et redoutable insecticide
L’Afrique souffre depuis longtemps du fléau du paludisme. Les vertus du neem sont un allié de taille qui permet de lutter contre, à travers l’élaboration du sirop de neem administré aux enfants. Et dans la pharmacopée traditionnelle, ce sont les feuilles de l’arbre que les populations locales font bouillir dans l’eau. Ces infusions font ainsi office de nivaquine. Sur le plan de la recherche en laboratoire, il est l’objet d’études approfondies, pour mieux percer ses autres mystères, notamment au sein de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal), avec le chercheur spécialiste du groupe neem, le docteur entomologiste Lassana Konaté. Les feuilles sont, par exemple, parfois utilisées comme antiseptique.
À ce jour et depuis les années 80, explique-t-on à la Recherche forestière, l’usage du neem dans le domaine agricole est d’une efficacité remarquable en qualité d’insecticide. Il est jugé efficace pour lutter contre 100 espèces d’insectes et nématodes (vers). L’huile de neem est un produit naturel dont les extraits ont une action extrêmement toxique et non mutagène sur les insectes, mais reste inoffensive pour les animaux à sang chaud et les hommes. Les substances actives, qui éliminent radicalement les larves de moustiques, se dégradent par ailleurs rapidement sous l’action des rayons du soleil. Utilisée en pulvérisation, l’huile est obtenue à partir du fruit de l’arbre.
30 kg de fruits pour 3,75 litres d’huile
La récolte des fruits de neem se fait soit en cueillant les fruits de l’arbre, soit en les ramassant à terre. À l’intérieur, une, parfois deux amandes brunes. Après le décorticage, le vannage consiste à séparer les débris de coques des amandes pour en faire de l’huile. Au Sénégal, le neem est productif vers 4 ou 5 ans. Il atteint sa pleine maturité vers sa dixième année, âge à partir duquel, il produit en moyenne 30 à 50 kg de fruits par an. Pour ce qui est de la fabrication de l’huile de neem, 30 kg de fruits fournissent 13,60 kg d’amandes, qui pourront fournir 3,75 litres d’huile par un procédé de pressage artisanal.
Le neem, malgré ses nombreuses vertus et produits dérivés, n’est malheureusement pas exploité sous forme de plantations surveillées. Ce qui permettrait une production plus conséquente. La direction de la Recherche forestière préconise "des plantations avec des écartements de 10 mètres sur 10 mètres pour éviter les effets bordure. Ainsi dans un hectare, on pourrait avoir 100 à 120 arbres qui produiront annuellement au bout de 4 à 5 ans 3 à 4 tonnes de graines". L’utilisation des feuilles, de la poudre des graines ou de l’huile soigne l’homme et protège les céréales et légumineuses en stock ou sur pied contre les insectes nuisibles. L’importance du paludisme en Afrique et les crises acridiennes qui sévissent sur le continent justifient à elles seules que soit développée une exploitation sans retenue du neem, l’arbre universel.
(Source : Afrik.com)
(*) Le Neem est connu sous plusieurs noms, Afrique de l’Ouest : Neem, Nim, Dému Buki, Dému tubab (celui qui guérit), en wolof, kaaki, Leeki, Nim, Nuwakinin, Tirotiya, Miliahi, en pulaar, Neem, Goo,Guy en bambara, Tubabu tombohô, Tubabu tohoro, en mandingue ou encore Dongoyaro, en haoussa et Neem en moré (maure).