Que dit le rapport IGAS sur le vecteur du chikungunya ?

Chikungunya : maigres études pour maigres connaissances

2 février 2006

Existe-t-il un ou deux vecteurs de l’épidémie de chikungunya ? André Yebaquima suppose que deux vecteurs Aedes transmettent le virus mais, à peine arrivé à La Réunion, il ne peut l’affirmer. Le rapport IGAS, qui fait suite à la mission technique venue à la mi-décembre tend à écarter la responsabilité vectorielle de l’Aedes aegypti dans l’épidémie de chikungunya.

Si l’Aedes albopictus et l’Aedes aegypti "sont connus pour leur rôle majeur dans la transmission du virus de la dengue", la rapport IGAS souligne en revanche comme "peu probable" que l’Aedes aegypti "puisse jouer un rôle épidémiologique important dans le maintient d’une épidémie de dengue ou de Chikungunya, à la différence d’Aedes albopictus".

Et l’Anophèle ?

Les campagnes de lutte antipaludique de 1949 à 1952 ont rendu l’espèce plus rare. Le rapport précise même que "longtemps, on l’a cru disparu", avant de retrouver la trace de ses larves logées dans des creux de rochers dans l’Ouest de l’île. Aux États-Unis, l’introduction de l’Aedes albopictus a conduit à la régression des populations l’Aedes aegypti. En est-il de même à La Réunion ? l’Aedes aegypti est-il encore à La Réunion, à cet instant précis ? Si oui, est-il vecteur du chikungunya ? L’Anophèle, vecteur du paludisme, ne peut-il pas être en cause ? En effet, sur ce point, le rapport souligne que : "En Afrique, des isolements de virus ont ponctuellement été effectués à partir de plusieurs espèces d’Anophèles. Cependant, des expériences de laboratoires ont montré la faible susceptibilité orale d’Anophèle Gambiae et d’Anophèle funestus vis-à-vis du virus." "Ponctuellement", "faible susceptibilité" : maigres études pour maigres connaissances.

Le temps de l’étude

Le chikungunya va certainement permettre d’impulser enfin des recherches entomologiques plus solides, car en supposant, sans fondement scientifique, que l’Anophèle puisse être aussi vecteur du chikungunya, alors toute la stratégie de lutte anti-vectorielle serait à revoir pour affronter ce moustique, non plus diurne, mais nocturne, non plus domestique mais rural. Ce n’est qu’une hypothèse. Une chose est assurée, le moustique de genre Aedes étant dit "durable", résistant durant les périodes sèches et possédant un large spectre de gîtes larvaires, assurément La Réunion aura le temps de l’étudier.

Estéfani


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