Chikungunya : aides aux artisans quasi intactes

Concrétiser les annonces

18 avril 2006

Un mois après la définition finale des modalités et critères d’attribution des aides aux entreprises touchées par le chikungunya, seulement 29 dossiers ont été enregistrés pour le secteur de l’artisanat, pourtant sévèrement affaibli par l’épidémie. Alain Griset, président de l’Assemblée permanente des Chambres de métiers (APCM), actuellement en visite dans notre île, est intervenu auprès du gouvernement pour solliciter une simplification des procédures administratives et plus encore pour que le recouvrement des cotisations retraites, principal butoir pour 80% des entreprises du secteur qui ne sont pas à jour, ne soit pas un préalable aux versements des aides.

Le 19 mars, après la mobilisation unitaire du monde économique réunionnais, le gouvernement avait réévalué sa copie pour se conformer aux annonces du Premier ministre et ainsi proposer un soutien financier aux entreprises plus conformes aux attentes locales. S’attachant à ne pas préjuger de l’efficacité du FISAC (Fonds d’aide destiné au secteur de l’artisanat) avant d’avoir pu traiter les dossiers, le président de la CMA (Chambre de métiers et de l’artisanat), Giraud Payet, déclare aujourd’hui que "l’on ne peut pas parler de grande réussite".

7 dossiers acceptés

Selon le sondage réalisé par l’Observatoire économique de l’artisanat, près de 4.000 entreprises seraient touchées par l’épidémie, alors que seulement 29 dossiers de demandes d’aides ont été enregistrés pour 7 acceptés. "C’est loin de représenter le bilan des conséquences de l’épidémie sur ce secteur essentiel", commente Alain Griset. S’il comprend que la lourdeur et la complexité du dispositif peuvent dissuader les artisans qui, plus encore, sont victimes d’un chantage au recouvrement de leurs arriérés de cotisations retraites (l’Organic assurant le versement des aides), le président de l’APCM invite néanmoins vivement les professionnels à faire la démarche, à se tourner vers la Chambre de métiers, disposée à leur apporter son plein soutien. "On va essayer de régler ces problèmes, de simplifier la procédure, mais il faut au minimum déposer un dossier".
Alain Griset s’est adressé dès lundi à Renaud Dutreil, ministre délégué au Commerce et à l’artisanat, pour que "cette barrière difficilement surmontable" des cotisations retraites ne soit plus un élément de réticence pour les professionnels qui ont besoin d’aide. "Il ne faut pas rajouter au problème sanitaire un problème de complexité administrative".

Soutien de 100.000 euros

De son côté, Giraud Payet soutient que la CMA va doubler ses efforts, renforcer ses équipes pour aller au devant des entreprises et les aider à constituer leurs dossiers. "Proximité est notre mot clé". Alain Griset espère ainsi que d’ici 2 mois au maximum, un millier de dossiers auront été déposés et instruits. Il souhaite également que la date de prise en compte des difficultés soit anticipée à septembre 2005 au lieu de février 2006 et que les organismes sociaux chargés du recouvrement des cotisations (URSAFF, assurance maladie) accordent des reports de charges "pour ne pas rajouter à ces difficultés de santé des difficultés de gestion d’entreprise".
Pour leur part, les Chambres de métiers et de l’artisanat de France ont décidé d’attribuer 100.000 euros aux professionnels locaux sur leur fonds de calamité de 240.000 euros par an, réservé normalement aux catastrophes naturelles. La procédure d’attribution est simple : il suffit à l’entreprise de fournir une attestation qui fait état de ses difficultés suite au chikungunya pour bénéficier d’un soutien à peu près égal au montant de sa cotisation d’affiliation à la CMA, soit environ 130 euros. "Ce remboursement" devrait ainsi bénéficier à 900 entreprises du secteur.

Rebondir

En évaluant correctement les dommages en fonction des pertes mensuelles et en soutenant efficacement le secteur, "au bout du compte, la collectivité est gagnante", affirme Alain Griset. Depuis 2000, à La Réunion comme en métropole, le nombre d’entreprises du commerce et de l’artisanat a augmenté de 10% avec une création régulière de 1.000 emplois par an à La Réunion. Persuadé que le Premier ministre est venu apporter des mesures concrètes, qu’il "a voulu annoncer des mesures fortes, il ne faudrait pas que cela se concrétise pour les entreprises par un effet d’annonce".
Enfin, malgré le doute et l’inquiétude des professionnels, il ne faut pas, selon le président de la CMA, se focaliser exclusivement sur les aides, même si elles sont vitales, mais déjà penser une stratégie de développement pour le secteur, réfléchir au moyen de permettre aux artisans de rebondir, de redynamiser leur activité.

Estéfani


Audience avec Paul Vergès

"La Région est à nos cotés"

Après une visite de terrain à la rencontre d’un artisan ébéniste de Saint-André et d’un boulanger pâtissier de Sainte-Suzanne, Giraud Payet et Alain Griset ont été reçus hier en fin d’après-midi par le président de la Région Réunion, "à l’écoute" et "qui partage les mêmes préoccupations".
Le président de la Chambre des métiers et de l’artisanat a sollicité le soutien de Paul Vergès pour qu’il plaide auprès du Préfet en faveur d’une simplification du dispositif d’aide aux entreprises touchées par la crise et d’une alternative pour que les arriérés des cotisations retraites ne soient pas un frein aux indemnisations. "Il est essentiel de pouvoir offrir une réponse aux artisans dans les plus brefs délais. Le président Vergès l’a bien compris", nous confiait Giraud Payet au sortir de l’entrevue. "Nous avons aussi beaucoup parlé de relance économique. Notre visite de terrain cette après-midi nous a permis de constater que les artisans ont besoin d’encouragements. Il faut remettre la machine en marche pour continuer à animer un secteur jusque-là en bonne voie".
La Région, qui accompagne déjà très fortement les petites entreprises, a confirmé son soutien pour que les dossiers relatifs aux projets de modernisation, d’investissement sur les matériels de production, aux primes à la création soient instruits dans des délais acceptables. "Le président Vergès partage cette forte volonté d’aider les PME, le secteur artisanal. Il a conscience qu’il faut se serrer les coudes, se donner la main pour traverser cette épreuve. Comme nous, il est soucieux de mettre en œuvre des actions de relance. La Région est à nos cotés."

Estéfani


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