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Coronavirus à La Réunion : des milliers de nouveaux cas à prévoir

Au moment où il est question de réduire la durée d’isolement des porteurs de la COVID-19

mercredi 9 septembre 2020, par Manuel Marchal


Une modélisation de l’épidémie de COVID-19 à La Réunion aurait été réalisée par l’Institut Pasteur, elle fixe le pic de l’épidémie à décembre. Si cette prévision se vérifie, des milliers de nouveaux cas seront à prévoir dont un nombre indéterminé de formes graves nécessitant des soins en réanimation.


Hier s’est tenue au siège du Conseil départemental une rencontre à huis clos entre le préfet et les maires pour faire le point sur l’évolution de l’épidémie de COVID-19 à La Réunion. Une première réunion de ce genre au même endroit avait eu lieu en présence du ministre des Outre-mer, là aussi le huis clos avait été la norme ce qui ne permet donc pas de savoir précisément la teneur des échanges. Depuis un décret publié le 5 septembre, notre île est classée en zone rouge. Ce nouveau statut donne la possibilité au préfet de prendre des mesures spécifiques pour contrer la progression de l’épidémie.
Rappelons que la seconde vague de contamination en France et à La Réunion se déroule dans un contexte bien différent de la première. Cette fois, les masques sont disponibles. Ceci permet donc d’éviter de confiner afin de laisser les activités économiques se poursuivre.
Compte tenu du huis clos, les seules informations divulguées sont le résultat d’interview réalisées au bout de quatre heures de réunion.
Pour le moment, la manœuvre sanitaire reste la même avec l’annonce d’un renforcement des contrôles. Les zones où le port du masque est obligatoire dans l’espace public pourront être étendues en concertation avec les maires. L’interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes est également maintenue, tout comme celle des sports collectifs et de combat.
Par contre, les écoles vont continuer à fonctionner normalement, tout comme les centres commerciaux. Aucune restriction supplémentaire comme la remise en place de cours en alternance n’est donc à prévoir dans ces lieux qui sont de potentiels foyers de transmission. Il est néanmoins noté un certain relâchement dans le respect des gestes barrière dans la grande distribution, ce qui pourrait donner lieu à un respect plus rigoureux de la capacité d’accueil de ces centres. Rappelons que les plus grands de notre île peuvent rassembler simultanément plus de 1.000 personnes.

Des évacuations sanitaires de plus de 10000 kilomètres ?

Une autre information évoquée fait état d’une modélisation qui aurait été réalisée par l’Institut Pasteur, et qui a été présentée par la directrice de l’Agence régionale de la Santé de La Réunion. D’après ce qui a été dit à la sortie de la réunion, le pic de l’épidémie est attendu pour le mois de décembre à La Réunion. Cela veut donc vouloir dire que pendant encore trois mois, le nombre de nouveaux cas de coronavirus sera supérieur à celui des guérisons. Cela signifie aussi que selon l’ARS, le plus gros de l’épidémie est à venir. D’où plusieurs importantes questions, dont celle de la capacité de La Réunion à faire face à ce pic prévu dans trois mois.
A ce jour, La Réunion compte officiellement plus de 2.000 cas, et ce sont chaque jour des dizaines de nouveaux cas de COVID-19. A ce rythme, cela signifie plusieurs milliers de cas supplémentaires d’ici le mois de décembre, sans oublier qu’après le pic, de nouveaux cas seront encore confirmés. Tout ceci n’est guère rassurant compte tenu du nombre de lits de réanimation disponibles à La Réunion. Selon le directeur du CHU Réunion, la capacité maximale pourrait monter à 95 lits. Or, hier, 13 étaient déjà occupés par des patients atteints de formes graves du coronavirus.
Pour pallier à ce manque de place, il est maintenant question d’évacuations sanitaires vers la France, soit un vol de 11 heures. Voici pourtant peu de temps, il a été pourtant affirmé que cela n’était pas possible, du fait de l’expérience acquise durant les évacuations sanitaires en provenance de Mayotte. La durée de vol entre Mayotte et La Réunion était jugée limite, compte tenu du temps de ce transfert…

20 % des cas détectés en France, 80 % sous les radars ?

Par ailleurs, la question de la réduction voire de la suppression de la quarantaine que laisse entendre la démarche faite par le ministre de la Santé n’a pas été évoquée à la sortie. C’est pourtant un problème de santé majeur. Il est en effet établi que le risque de contamination par une personne porteuse de la COVID-19 existe encore au bout d’une semaine. Manifestement, ce risque passe après d’autres intérêts, notamment économiques.
Or, comme l’a rappelé l’épidémiologiste Catherine Hill, interrogée par l’AFP, « il n’y a pas de justification à ce raccourcissement », juge en revanche l’épidémiologiste Catherine Hill, interrogée par l’AFP, expliquant que l’urgence est plutôt de trouver les 80 % de cas qu’on ne détecte pas en France aujourd’hui.

M.M.


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