Coronavirus : arrêter de jouer avec la santé des Réunionnais !

Un communiqué diffusé hier par le ministère de la Transition écologique et des Transports annonce le lancement d’une expérimentation dérogeant à la quarantaine de deux semaines imposée à toute personne arrivant de France pour protéger la population de la contamination de cas importés.
Après l’abandon de la quarantaine obligatoire en centre dédié, c’est un nouveau recul au prétexte de vouloir faire venir les touristes !

Expérimentation proposée

La lecture du protocole proposé pour la Guadeloupe, la Martinique, Saint-Martin, Saint-Barthélemy et La Réunion est en effet là pour décourager n’importe quel touriste potentiel :
« A partir du 9 juin, pour tous les territoires concernés, tous les passagers seront invités à réaliser dans les 72 heures précédant le vol un test RT-PCR, de détection du génome SARS Cov2. A l’arrivée dans les territoires concernés, les passagers, qui présenteront un test dont le résultat est négatif, bénéficieront d’une procédure accélérée de traitement à l’aéroport et effectueront sept jours de quarantaine, suivi d’un nouveau test RT-PCR. En cas de test négatif, ils pourront sortir de leur domicile, avec le port du masque systématique à l’extérieur et une application stricte des mesures de distanciation sociale et ce durant une semaine. Ils devront s’abstenir de participer à des rassemblements et éviter les contacts avec des personnes à risque " (personnes âgées…). »
Si une personne refuse d’être testée, alors elle devra observer une quarantaine de deux semaines à son entrée à La Réunion. Tout risque n’est pas écarté comme le montre la contamination de 4 membres d’une famille par une personne observant une quarantaine à domicile.
Ce dispositif pourrait s’appliquer à partir du 22 juin, à quelques jours du début des grandes vacances de l’été septentrional.

Quel touriste viendra avec une quarantaine ?

Que la quarantaine dure une ou deux semaines ne change rien : quel touriste accepterait de payer plusieurs milliers d’euros en billets d’avion et en séjour pour sa famille pour se retrouver confiné une semaine, et d’éviter tout contact avec des personnes à risque la semaine suivante avec port du masque obligatoire ? Rappelons que précédemment, les candidats à l’Île intense devront porter un masque depuis leur entrée dans l’aérogare de départ à la sortie de celui d’arrivée, y compris pendant plus de 10 heures de vol.
Sur la forme de l’expérimentation, elle garantit une diminution de la sécurité sanitaire. En effet, comment surveiller dans la rue ou ailleurs une personne qui peut potentiellement contaminer d’autres personnes ? Comment s’assurer que le masque est toujours porté ?

Pourquoi refuser la réalité ?

Pendant ce temps, l’objectif des pouvoirs publics et de professionnels du tourisme est d’arriver à rétablir pour la période des vacances la moitié des 30 vols hebdomadaires qui desservaient La Réunion, et qui sont responsables de l’introduction puis de la circulation du coronavirus dans notre île. A croire que le COVID-19 ne serait qu’une fable alors que la réalité, c’est le danger que fait peser sur La Réunion la situation sanitaire en France où le coronavirus continue de tuer tous les jours depuis plusieurs mois.
Ceci rappelle que le monde d’avant le COVID-19 n’est plus, car mis à part les personnes obligées de voyager pour des raisons familiales ou professionnelles, qui prendra encore l’avion pour faire du tourisme au cours des mois, voire des années qui viennent ?
A moins de faire entrer dans la fonction publique tous les professionnels du tourisme et de l’aérien qui subiront le chômage, il est urgent de s’occuper de leur donner une véritable perspective d’avenir. Cela passe par identifier et conforter des secteurs capables de donner de l’emploi à ces travailleurs dans l’incertitude la plus totale. Ce sera beaucoup plus pertinent que de jouer avec la santé des Réunionnais.

M.M.