L’observation des données de l’Université Johns Hopkins doivent interroger

Coronavirus : différence entre vaccins made in USA et vaccins produits à Cuba et en Chine

10 février 2022, par Manuel Marchal

Comment expliquer qu’en France et aux Etats-Unis l’épidémie flambe alors qu’en Chine et à Cuba, elle est sous contrôle et que les taux de vaccination sont comparables ? Outre des stratégies différentes de lutte contre la COVID-19, ce contraste ne viendrait-il pas de l’efficacité des vaccins administrés ? Les données diffusées quotidiennement par l’Universite Johns Hopkins amènent en effet à s’interroger.

Selon les données diffusées quotidiennement par du Centre de ressources coronavirus de l’Université Johns Hopkins aux Etats-Unis, de nombreux pays occidentaux et quelques pays en développement ont injecté en moyenne environ deux doses de vaccin par habitant.
Voici au million de doses près, le dernier pointage de l’Université Johns Hopkins :

Etats-Unis : 541 millions de doses injectées
France : 139 millions de doses injectées
Chine : 3.000 millions de doses de vaccins injectées
Cuba : 34 millions de doses injectées

Sur ces 4 pays, trois produisent leurs propres vaccins anti-COVID-19 : Chine, Cuba et Etats-Unis. Ce n’est pas le cas de la France qui s’en remet essentiellement à des produits achetés aux Etats-Unis avec l’argent des cotisations des travailleurs à la Sécurité sociale. A La Réunion, ce sont uniquement des vaccins « made in USA » qui sont utilisés.
Ce choix découle d’une politique décidée au niveau de l’Union européenne : seuls quelques vaccins produits en Occident peuvent être utilisés. Dans ce panel, la France utilise essentiellement le vaccin fabrique par Pfizer et vendu 20 euros la dose.

En France et aux Etats-Unis, les vaccins made in USA n’empêchent pas la catastrophe sanitaire

Les graphiques de Johns Hopkins montrent en rouge le nombre de nouveaux cas de COVID-19 par semaine, en blanc le nombre de décès liés à la COVID-19 pour 7 jours, et en vert le nombre de doses de vaccin anti-COVID-19 injectés hebdomadairement.
En France et aux Etats-Unis, la campagne de vaccination a commencé début 2021. A la lecture du nombre de cas et de décès depuis cette date, force est de constater que ces vaccins n’y ont pas permis de contrôler l’épidémie. L’observation des courbes de l’Université Johns Hopkins montre en effet que la vaccination n’a pas enrayé la progression des nouveaux cas et des décès. Les principaux arguments mis en avant font reposer cet échec sur les non-vaccinés, et plus récemment sur un variant Omicron qui rend les vaccins made in USA moins efficaces : en France, il y a actuellement environ 2 millions de nouveaux cas par semaine pour plus de 2.000 décès sur 7 jours. Aux Etats-Unis, ces valeurs sont respectivement de 3,5 millions de cas après un pic à près de 6 millions, et bien plus de 15.000 décès par semaine.

A Cuba et en Chine, les vaccins contribuent à une vie sans coronavirus

A Cuba, la situation est totalement différente. Entre août et septembre 2021, le pays a connu le pic de l’épidémie avec 60.000 cas par semaine, et près de 600 décès hebdomadaires. Quand a commencé la campagne de vaccination en octobre 2021, il n’y avait plus que 400 cas et 9 décès par semaine. Si une résurgence début janvier, sans doute liée à un variant, à fait remonter la courbe à 19.000 cas par semaine fin janvier 2022, le nombre de décès n’a pas dépassé 42 pour 7 jours.
En Chine, le nombre de cas s’est concentré de janvier à mars 2020, tandis que l’essentiel des décès a eu lieu entre janvier et avril 2020. La campagne de vaccination en Chine a commencé début 2021. Force est de constater que depuis le début de l’utilisation des vaccins en Chine, ce pays n’a pas connu de résurgence de l’épidémie et plus personne n’y meurt de la COVID-19. Certes, le vaccin n’explique pas tout car la Chine utilise une autre stratégie : quand un cas est découvert, c’est le confinement de la ville concernée avec test systématique de tous les habitants. Résultat, les Chinois vivent sans COVID-19 depuis mars 2020. Il est également à noter qu’à la différence des Etats-Unis et de la France où la santé est un marché, avec une dégradation constante de l’hôpital public, la Chine et Cuba font de l’accès à tous à la santé une priorité. La santé est même la première source de revenus pour Cuba, via ses programmes de coopération avec les pays en développement.

Pourquoi priver les Réunionnais des vaccins de Chine et de Cuba ?

Malgré tout, la comparaison des données entre d’une part les Etats-Unis et la France, et d’autre part Cuba et la Chine amènent à s’interroger sur l’efficacité des vaccins made in USA qui sont achetés à prix d’or avec l’argent de la Sécurité sociale.
Pourquoi n’est-il pas possible en France, et donc à La Réunion, d’avoir accès aux vaccins fabriqués en Chine et à Cuba ? Sans doute parce que pour une île de moins d’un million d’habitants comme La Réunion, la Chine pourrait sans doute fournir un million de doses dont une partie gratuite et l’autre partie à un tarif bien inférieur à celui des vaccins produits aux Etats-Unis. Rappelons qu’outre les 3 milliards de doses injectées à sa population, la Chine a fourni gratuitement des millions de doses à des pays en développement, et va distribuer en Afrique 1 milliard de nouvelles doses, dont près de la moitié seront produites sur notre continent qui va ainsi acquérir la capacité de produire lui-même les vaccins dont il aura besoin.
Il est évident que tout ceci ne rapporte pas un dollar aux fabricants de vaccins des Etats-Unis et surtout aux actionnaires de ses sociétés. N’est-ce pas une des principales raisons du refus d’offrir aux Réunionnais des vaccins de Chine et de Cuba qui ont fait leur preuve, à la différence des produits made in USA à La Réunion ? Il serait intéressant de savoir combien coûte précisément à la Sécurité sociale financée par les travailleurs la persistance de ces errements parisiens.

M.M.

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