Appel aux médecins retraités et tentative de désengorger l’hôpital

Coronavirus : l’aggravation de la crise sanitaire à La Réunion se précise

4 avril 2020, par Manuel Marchal

Hier, l’État a lancé un appel aux médecins retraités ou en disponibilité à La Réunion pour renforcer les équipes de soignants. L’Agence régionale de Santé tente pour sa part de désengorger l’hôpital en cherchant des hébergements pour des personnes contaminées par le coronavirus mais dont l’état permettrait un suivi à distance. Ceci souligne que l’État s’attend donc à une vague de malades arrivant dans les hôpitaux. Cela devait être évité si l’aéroport avait été fermé au trafic passager quand la France a été atteinte par le coronavirus. Le vol cargo d’Air Austral à destination de Mayotte montre qu’il est possible de desservir une île où tout trafic aérien a été suspendu.

Le CHU Nord à Bellepierre est l’hôpital de première ligne à La Réunion.

La conférence de presse organisée hier par le préfet et l’Agence régionale de Santé a montré une nouvelle évolution de la stratégie de l’État contre l’épidémie de coronavirus à La Réunion. Tout d’abord, le nombre de cas continue d’augmenter. Alors que La Réunion est encore loin d’avoir atteint le pic de l’épidémie, se pose d’ores et déjà la question des moyens. Interpellée à ce sujet, l’Agence régionale de Santé a annoncé une première livraison de masques de protection aujourd’hui.
Plusieurs solutions de réponses locales à l’épidémie ont été évoquées. Cela souligne que le soutien de la France ne pourra pas être à la hauteur de la crise. En effet, le Mistral dont l’arrivée est attendue la semaine prochaine dans notre île n’a pas vocation à amener du matériel et des moyens humains à La Réunion et à Mayotte, mais de fournir un support logistique qu’il reste à bien préciser (voir par ailleurs). Autrement dit, La Réunion devra non seulement compter sur ses seules forces pour résister à l’épidémie, tout en apportant un soutien à Mayotte où les infrastructures sont encore moins développées que dans notre île.

Pas assez de lits à l’hôpital

La Réunion n’a pas encore atteint le pic de l’épidémie. Elle est encore en stade 2, ce qui autorise le recours à 700 tests par jour, ainsi que le suivi de la quarantaine des personnes contaminées, et aussi de celles qui viennent de France en étant potentiellement porteuses du coronavirus.
L’essentiel reste deux annonces de l’ARS. Tout d’abord, l’Agence régionale de Santé lance un appel au volontariat à destination des médecins retraités ou en disponibilité vivant à La Réunion afin de renforcer les équipes de soin dans la perspective d’une aggravation de la situation.
Un autre indice de cette aggravation prévisible, c’est la recherche d’hébergements pour des patients atteints du coronavirus et soignés au CHU Nord afin de désengorger l’hôpital. Le but étant de ne réserver l’hospitalisation qu’aux personnes atteintes d’une forme sévère du coronavirus, comme des difficultés respiratoires. Compte tenu du passage du Mistral à Mayotte avant La Réunion, la possibilité que les hôpitaux de La Réunion fassent de la place pour des Français résidents à Mayotte notamment, n’est pas à exclure.
L’ARS estime d’ailleurs que ces hébergements permettraient aux patients de passer leur quarantaine de manière plus conviviale, car entre personnes qui ont déjà le coronavirus, on peut se passer de gestes barrière car on est déjà contaminé, a dit en substance une représentante de l’autorité sanitaire.

Indices de l’aggravation

L’appel aux retraités et le refus de soigner à l’hôpital tous les patients atteints ne sont pas de bon augure. Ce sont deux signes de l’aggravation de la situation. Autrement dit, il n’est pas à exclure qu’un tri des patients s’opère à La Réunion si la vague subie par la France s’abat dans notre île. Faute de moyens, des personnes ne seront pas soignées et mourront. Ce scénario catastrophe sera malheureusement possible, si l’épidémie à La Réunion suit la même progression qu’en France.
L’envol aujourd’hui d’un avion cargo de La Réunion pour Mayotte, où l’aéroport est fermé depuis plusieurs jours, montre qu’il aurait été possible de maintenir une « continuité territoriale » aérienne avec la France en limitant le trafic aérien aux marchandises, et donc en évitant d’importer des cas de coronavirus. Ceci aurait aussi permis aux avions d’emporter plus de fret. Mais la France a-t-elle encore les moyens d’une politique sanitaire à la hauteur de la crise ?
En attendant, comme dans toute situation de guerre, c’est la pénurie qui reste la principale menace. Cette pénurie existe déjà dans les équipements de protection contre le coronavirus, qui sont pourtant une priorité de l’État.

M.M.

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