COVID-19 : pourquoi les voyageurs en provenance de France ne sont-ils pas eux aussi systématiquement testés ?

Coronavirus : la population mieux protégée des cas importés à Madagascar qu’à La Réunion

18 novembre 2021, par Manuel Marchal

La réouverture des vols régionaux ne risque-t-elle pas de provoquer un rebond de l’épidémie de COVID-19 à La Réunion ? Cette question posée par un confrère montre le niveau inquiétant de l’aliénation culturelle à La Réunion et interroge : cette aliénation prend-elle le pas sur les données scientifiques pour décider des mesures dites de freinage visant les passagers arrivant sur notre île. A Madagascar, tous les passagers sont systématiquement testés, y compris dans les vols à l’intérieur des frontières du pays. Mais à La Réunion, à partir du moment où une personne est vaccinée contre la COVID-19 et vient de France, elle peut entrer sans contrôle dans notre île et devenir le point de départ d’une chaîne de contamination. La France n’a-t-elle donc pas les moyens financiers de tester tous les passagers qui entrent à La Réunion afin de protéger la population ?

Suite à une nouvelle accélération de l’épidémie de coronavirus quelques semaines après un pic de fréquentation de l’aéroport, l’État a décidé plusieurs mesures dites de freinage. L’une d’entre elles consiste à un test de dépistage COVID-19 obligatoire de tous les passagers, vaccinés ou non, limités aux vols en provenance des pays de notre région. Pendant ce temps, aucun test de dépistage n’est prévu pour les passagers en provenance de la France, pays qui a encore enregistré rien que pour hier 20.000 nouveaux cas. Ceci explique sans doute pourquoi le nombre officiel de cas importés est forcément bien en-decà de la réalité.

20.000 nouveaux cas par jour en France, 40 en 10 jours à Madagascar

Rappelons qu’à Madagascar, selon les chiffres confirmés par l’OMS, 40 nouveaux cas de coronavirus sont à dénombrer entre le 1er et le 10 novembre, essentiellement à Morondava, une ville éloignée de plusieurs centaines de kilomètres de la capitale. Ce faible nombre n’empêche pas les autorités malgaches de multiplier les mesures de précaution. Tout d’abord, tous les passagers entrant à Madagascar sont soumis à un test de dépistage qu’ils doivent eux-mêmes payer. Ils sont ensuite escortés jusqu’à des bus qui les amènent jusqu’à leur hôtel où ils doivent rester en quarantaine dans l’attente du résultat du test. Les contrôles sont stricts et la force publique intervient à la moindre alerte. C’est ce qu’il s’est passé quand il s’est avéré que des membres de l’équipe de football de Tanzanie, testés positifs à leur arrivée, ont tenté d’échapper à la quarantaine : l’armée a fait une descente dans l’hôtel pour empêcher tout risque de contamination par des cas importés.
Les précautions s’appliquent également pour les vols à l’intérieur du pays. Au départ d’un aéroport de province à destination de la capitale, un passager doit effectuer un test rapide de dépistage trois heures avant d’embarquer. Un résultat négatif est la condition du voyage. La même procédure est en vigueur pour un vol partant d’Antananarivo vers une province. Cela signifie qu’un passager quittant Antsiranana pour se rendre à La Réunion avec escale à Ivato aura donc été testé deux fois avant de sortir de son aéroport de destination. Mais pour un autre qui vient d’une ville de province en France, ces dispositions n’existent pas, il suffit d’être vacciné pour échapper à tout contrôle : zéro test.
Toutes ces précautions expliquent pourquoi Madagascar a réussi à empêcher toute reprise épidémique depuis plusieurs mois. Pendant ce temps, l’épidémie de coronavirus flambe depuis quelques semaines en France et depuis trois semaines à La Réunion suite au pic de fréquentation de l’aéroport pendant les vacances et le Grand Raid.

Le poids de l’aliénation

Pourtant, les voyageurs venant de Madagascar doivent se soumettre à un test de dépistage en arrivant à La Réunion et pas ceux qui viennent de France. Et un journal de notre île a même surenchéri : la réouverture des vols régionaux ne risque-t-il pas de provoquer un rebond de l’épidémie de COVID-19 à La Réunion ?
Cet alignement sur la ligne des autorités sanitaires interroge. En effet, quel est le message que La Réunion envoie à ses voisins au travers de cette réglementation et de ce point de vue diffusé par un média ?
La réalité est pourtant claire et démontrée : depuis mars 2020, chaque relance de l’épidémie de coronavirus survient quelques semaines après un pic de fréquentation de l’aéroport dû à un nombre plus important de voyages vers ou en provenance de la France. Le bon sens impose un test systématique de tous les passagers débarquant dans l’aéroport avec mise en quarantaine dans l’attente du résultat du test. Car rappelons-le, une frontière n’arrête pas un virus, et ce n’est pas parce qu’un passager vacciné vient d’un pays riche qu’il est immunisé contre la COVID-19.
Il est donc grand temps que la protection de la population à La Réunion s’appuie uniquement sur des données scientifiques.
Les moyens financiers ne manquent pas à Paris pour protéger la population réunionnaise des cas importés en testant systématiquement tous les passagers venant d’Orly ou de Roissy, et pas seulement ceux venant des pays de notre région. Tout est une question de volonté politique, et sur ce point, Antanarivo montre l’exemple à Paris.

M.M.

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Messages

  • Vision biaisée, azafady ! Vivant à Madagascar et prenant l’avion, force m’a été de constater qu’entre les dires officiels et la réalité il y a un gouffre ! Les tests pour les vols intérieurs ont lieu Ou pas. Si oui on vous gratouille vaguement l’entrée de l’orifice nasal, ça chatouille un peu et puis voilà. Le confinement, c’est pas pour tout le monde, et des hôtels laissent entrer les visiteurs. L’institut Pasteur de Tana a annoncé 60% de prévalence du Covid 19 dans les poches de sang des donneurs en avril dernier, ce qui confirme que les chiffres officiels n’ont aucune valeur sauf peut-être à indiquer vaguement la tendance de l’épidémie. Bref !

  • je dois être quelqu’un qui comprend vite ; mais à qui il faut expliquer longtemps ; votre article dit :
    " Mais à La Réunion, à partir du moment où une personne est vaccinée contre la COVID-19 et vient de France, elle peut entrer sans contrôle dans notre île" .
    je crois, pourtant, avoir lu que les passagers vaccinés qui viennent à La Réunion doivent avoir un test PCR négatif de moins de72 h et de moins de 48 h pour le test antigénique.
    Sur la situation sanitaire à Madagascar. Comme l’affirme l’intervenant ; il être prudent avec les affirmations des autorités. Malgré les restrictions ; il y a de nombreux cas.
    sans compter que dans certaines régions, le médecin n’intervient pas toujours en cas de décès..j’ai connu plusieurs cas dans le nord du pays.

  • Cet article a été publié environ une semaine avant la décision de rétablir l’obligation du test de dépistage avant l’embarquement pour les passagers voulant venir à La Réunion.


Témoignages - 80e année


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