La santé des Réunionnais moins importante que les profits d’une minorité

Coronavirus : le reconfinement envisagé de la Guyane doit alerter La Réunion

22 juin 2020, par Manuel Marchal

Le reconfinement envisagé en Guyane et l’idée d’une quarantaine à l’entrée en France pour les voyageurs venus de Mayotte sont autant de faits qui montrent la crainte de Paris de faire face à l’importation de cas de COVID-19 venus de ces deux territoires. C’est aussi la confirmation que le plus gros de l’épidémie n’est pas encore passé, comme le soulignait jeudi dernier l’Organisation mondiale de la santé.

La quarantaine en centre dédié avait permis de circonscrire les cas de COVID-19 importés à La Réunion. Cette protection n’existe plus.

« Si le taux de reproduction demeure dans les jours à venir à un niveau élevé et que les signes d’une accélération de la circulation du virus se maintiennent, l’hypothèse d’un reconfinement de la Guyane devra être réexaminée », prévient Matignon dans un communiqué, ajoutant qu’Édouard Philippe a demandé à Annick Girardin, ministre des Outre-mer, de se rendre sur place demain mardi.
Selon les derniers chiffres communiqués dimanche, l’épidémie a progressé avec 278 cas supplémentaires en 24 heures, pour s’établir à 2.441 cas positifs au Covid-19 (dont 930 guéris), 97 patients hospitalisés et 14 en réanimation, pour six décès au total.
Ceci signifie que l’épidémie s’est installée en Guyane après le confinement. Auparavant, la Guyane faisait partie des départements peu touchés, mais la situation s’est brutalement aggravée ces dernières semaines. La proximité du Brésil n’y est sans doute pas étrangère. La Guyane partage en effet une longue frontière avec le deuxième pays le plus touché au monde par le COVID-19 après les Etats-Unis. Cette frontière traverse la jungle amazonienne. C’est aussi un lieu de passage pour des immigrés clandestins qui viennent travailler dans des mines d’or elles aussi clandestines.

Nouvelle quarantaine qui dérape

A La Réunion, l’actualité de ces derniers jours a été marquée par un nouveau dérapage lors d’une quarantaine à domicile. Selon une Réunionnaise rapatriée interrogée dans « le Quotidien » de samedi, les conditions de la quarantaine étaient fort peu contraignantes. Elle a ainsi indiqué n’avoir jamais été contactée pour savoir où elle se trouvait, et n’avait pas subi de test de dépistage à la fin de sa quarantaine. Elle était toujours en attente d’un rendez-vous.
Pour cette personne qui a eu l’honnêteté de mettre l’accent sur ce problème de santé publique, combien de voyageurs potentiellement contaminés par le COVID-19 ont-ils pu se mêler à la population sans autre contrôle que la signature d’un document engageant à respecter une quarantaine à domicile d’au moins une semaine ?
Force est de constater que dans notre île, le nombre de cas augmente quasiment tous les jours en raison de la détection de cas importés parmi des personnes venues de France. Ceci rappelle que le virus continue de circuler dans ce pays avec chaque jour des nouveaux cas et des décès.

Les Réunionnais sont-ils des cobayes ?

Le reconfinement envisagé en Guyane et l’idée d’une quarantaine à l’entrée en France pour les voyageurs venus de Mayotte sont autant de faits qui montrent la crainte de Paris de faire face à l’importation de cas de COVID-19 venus de ces deux territoires. Ils rappellent également que rien n’est joué. Quand il était question de lever le confinement le mois dernier, qui aurait pu penser que la situation se serait aussi rapidement dégradée en Guyane ?
A La Réunion, la volonté de Réunionnais et des autorités est de relancer le trafic aérien en faisant monter la fréquence des vols entre la France et La Réunion à 20 vols par semaine, et en laissant pour seule limite la capacité des avions en passager. Cela signifie que des milliers de personnes vont débarquer à La Réunion toutes les semaines. La dernière protection serait le test obligatoire avant l’embarquement en France. Il reste à savoir si cette dernière barrière ne risque pas de sauter au nom de la défense des libertés individuelle. En effet, le lobby anti-quarantaine peut très bien exiger la suppression de cette mesure de santé publique, au prétexte que de tels tests pourraient remettre en cause le secret médical.

M.M.

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