Manifestation ce matin contre l’arrivée à La Réunion de nouveaux cas de COVID-19 importés de France

Coronavirus : le réveil Réunionnais

18 juillet 2020, par Manuel Marchal

Une manifestation a eu lieu ce matin devant l’aéroport Roland-Garros à Gillot afin de demander la fermeture de La Réunion aux vols commerciaux. Ces Réunionnais ont décidé de se battre pour leur santé et celle de leurs enfants, et demandent donc que soit prise la seule décision capable de circonscrire l’épidémie de COVID-19 à La Réunion : la fermeture de l’aéroport pour briser toutes les chaînes de transmission qu’un passager porteur du coronavirus pourra créer à son arrivée à La Réunion.

Hier, la publication d’une carte a mis le feu aux poudres. Diffusée par Santé publique France, elle montrait que La Réunion se situait pour la première fois en zone rouge en raison du taux de transmission du COVID-19 calculé à Paris. Cette information a amené l’État à réagir, faisant état d’une erreur de calcul. Santé publique France ne faisant pas de distinction entre les cas importés et les cas autochtones, le calcul était faussé car plus de 70 % des plus de 600 cas enregistrés à La Réunion sont importés, et n’auraient donc pas dû entrer en compte. Néanmoins, l’image de cette carte a interpellé, car au cours des trois derniers jours, le nombre de nouveaux cas autochtones annoncé est supérieur à celui des cas importés. C’est un changement fondamental depuis l’apparition du virus à La Réunion. Jusqu’à présent, les cas autochtones étaient l’exception face à la masse des centaines de cas importés en raison du maintien de l’ouverture de l’aéroport pour les vols venant de France. Mais la plus grande crainte est de voir se développer des chaînes de contamination. C’est pour prévenir ce danger que l’ARS a lancé une campagne massive de dépistage de la maladie, en visant tout d’abord les marchés forains. Sur 155 tests pratiqués dans ce cadre le 15 juillet à Saint-Louis, aucun ne s’est révélé positif ce qui en dit long sur le degré exemplaire d’implication des Réunionnais dans la lutte contre l’épidémie de COVID-19.
Mais toutes ces précautions ne pourront suffire si dans le même temps, les conditions de l’arrivée de personnes contaminées ailleurs par le COVID-19 sont facilitées par les autorités.

Contre l’allègement des contrôles aux frontières

Durant la période où la quarantaine était la règle pour toute personne entrant à La Réunion y compris en venant de France, la préfecture de La Réunion diffusait le message suivant :
« Le délai d’incubation du COVID-19, soit la période entre la contamination et l’apparition des premiers symptômes, est de 3 à 5 jours en général, il peut toutefois s’étendre jusqu’à 14 jours. Pendant cette période, vous pouvez être contagieux : vous pouvez être porteur du virus avant l’apparition des symptômes ou à l’apparition de signaux faibles. Aussi, afin d’éviter la propagation à l’épidémie, vous êtes soumis à une période d’isolement strict obligatoire. Durant cette période, vous devez rester à votre domicile ou vous pouvez être hébergé dans un centre d’hébergement ».
Ceci rappelle donc qu’entre la contamination et l’éventuelle apparition de symptômes, une personne est contagieuse sans le savoir si elle n’a pas fait de test ou si le test a été pratiqué quand la charge virale n’était pas détectable par l’instrument de mesure. C’est la seule explication à la découverte à La Réunion de cas de voyageurs contrôlés positifs au coronavirus au bout d’une semaine de quarantaine à La Réunion, alors qu’ils avaient pu embarquer à destination de notre île sur la base d’un résultat négatif pratiqué dans les trois jours précédents le départ.
De plus, depuis le 14 juillet, le gouvernement multiplie les messages alarmistes faisant état du risque d’une reprise de l’épidémie. Il est question de rendre le port du masque obligatoire dans l’espace public, et un retour au confinement de la population comme c’est le cas dans plusieurs régions dans le monde n’est pas à exclure. Ces déclarations veulent donc dire que la France n’arrive pas à s’en sortir face à cette épidémie, et qu’il est donc clair que parmi toutes les personnes voulant se rendre à La Réunion, un certain nombre de personnes porteuse du virus débarquera dans notre île sans qu’elles puissent subir un second test de dépistage au bout d’une semaine de séjour à La Réunion faute de moyens suffisants.

Fermer la porte de l’infection de La Réunion

Il y a manifestement un décalage entre la situation décrite par le gouvernement, c’est-à-dire une aggravation de l’épidémie en France, et les décisions que le gouvernement prend pour les Réunionnais, c’est-à-dire un allègement de la protection contre les cas importés de France.
Aussi n’est-il pas étonnant que des Réunionnais se soient levés ce matin pour demander l’arrêt des vols commerciaux à destination de La Réunion. Rappelons que la fréquence des vols depuis la France est passée de trois vols par semaine pendant le confinement avec quarantaine obligatoire à plus de 20 vols par semaine sans quarantaine obligatoire à l’arrivée.
Ces Réunionnais ont décidé de se battre pour leur santé et celle de leurs enfants, et demandent donc que soit prise la seule décision capable de circonscrire l’épidémie de COVID-19 à La Réunion : la fermeture de l’aéroport pour éradiquer à la racine toutes les chaînes de transmission qu’un passager porteur du coronavirus pourra créer à son arrivée à La Réunion.

M.M.

A la Une de l’actuCoronavirus

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus