L’urgence de renforcer les autres moyens de prévention, de donner des moyens aux hôpitaux pour soigner tous les malades et de soutenir la recherche pour un vaccin 100 % efficace dans le temps

Coronavirus : les limites de la stratégie du « tout vaccin »

22 novembre 2021, par Manuel Marchal

Vacciner au moins 80 % de la population pour atteindre l’immunité collective et donc autoriser le retour à une vie dite « normale ». Tel est la stratégie de Paris, confirmée par l’abandon du remboursement par la Sécurité sociale d’un outil essentiel de prévention : le test de dépistage COVID-19. Mais avec plus de 75 % de la population vaccinée, et une progression inquiétante de la proportion des vaccinés dans les hospitalisations pour coronavirus, les limites de la stratégie du « tout vaccin » sont atteintes. Il importe donc de renforcer les autres moyens de prévention, de donner des moyens aux hôpitaux pour soigner tous les malades et de soutenir la recherche afin qu’un vaccin 100 % efficace puisse être mis au point et diffusé en dehors d’un « marché ».

Campagne de publicité d’autorités sanitaires en France pour la promotion de médicaments expérimentaux utilisés sous forme de vaccin.

Vaccinez-vous et ce sera le retour la vie d’avant l’épidémie : tel a été pendant des mois le message de Paris à la population. A l’appui de cette stratégie, une campagne de communication allant même jusqu’à diffuser des affiches montrant des embrassades ou des rassemblements sans masque. Nombreux sont sans doute ceux qui ont cru à cette stratégie, ce qui les a amenés à négliger les gestes de prévention élémentaires, se croyant faussement immunisés à 100 % contre la COVID-19 après avoir respecté le calendrier des deux injections. Aujourd’hui, la réalité impose de changer de stratégie.
En effet, malgré un taux de vaccination de plus de 75 %, l’épidémie de coronavirus flambe de nouveau en France. Le Professeur Antoine Flahaut avait dès le 23 octobre avancé une explication dans une émission de France 5 :

« Dans toute l’Europe, on a beaucoup négligé la ventilation des espaces clos. En fait, ce virus ne se transmet pratiquement que dans des espaces clos, bondés, où il y a beaucoup de monde, peu ventilés et dans lesquels on passe plusieurs heures : salles de classe, amphithéâtres d’universités, open space des entreprises, cantines, restaurants, transports publics ».

Dans un reportage alertant sur la recrudescence du virus, France Infos souligne ceci :

« Les défenses immunitaires des personnes vaccinées baissent en effet avec le temps. C’est pourquoi une partie de la population âgée risque d’être hospitalisée, même si elle est vaccinée. D’où l’utilité de la dose de rappel, qui renforce l’efficacité vaccinale ».

Pour cette raison, le président de la République a annoncé la fin prévue du « Pass sanitaire à vie » pour les plus de 65 ans. Si une troisième dose de vaccin n’est pas injectée 6 mois et 5 semaines après la seconde, alors la personne ne sera en fait plus considérée comme vaccinée, puisque deux injections ne seront plus suffisantes pour avoir droit au Pass sanitaire. De plus, le Conseil scientifique recommande d’étendre aux plus de 40 ans la 3e dose de rappel, et donc forcément la 4e, la 5e et ainsi de suite.

Sortir d’un cercle infernal

La stratégie mise en œuvre à Paris atteint bien ses limites. C’est le cercle infernal, car au bout de quelques mois, les mêmes vaccins produiront sans doute les mêmes effets : déclin de l’immunité et donc nécessité d’une quatrième dose, d’une cinquième. A 20 euros le rappel tous les 6 mois pour le médicament produit par Pfizer, les quelques entreprises à qui l’Union européenne a accordé un monopole de diffusion dans ce qui s’apparente bien à un marché pourront se targuer d’une nouvelle rente de situation. Ce sera tout bénéfice pour les actionnaires, tandis que les cotisations des travailleurs à la Sécurité sociale seront mises à contribution pour financer ces profits.
Il importe donc de sortir de la logique de marché qui prévaut en donnant libre accès à tous à la composition de ces produits dans un but de transparence, et pour que la quête du profit ne soit plus un argument invoqué par ceux qui s’opposent à la vaccination.
A La Réunion, l’État a infléchi sa stratégie, remettant en vigueur le port du masque obligatoire et appelant tout le monde, vaccinés compris, à respecter les mesures de prévention élémentaires qui avaient cours quand les vaccins n’étaient pas diffusés. De plus, quand l’État recommande aux Réunionnais d’éviter de se déplacer en dehors de notre île durant les prochaines vacances, il s’adresse uniquement aux personnes qu’il considère comme vaccinées. En effet, les autres doivent justifier d’un motif impérieux pour quitter La Réunion, les vacances ne sont pas un motif impérieux.
Les limites de la stratégie du « tout vaccin » sont atteintes. Il importe donc de renforcer les autres moyens de prévention, de donner des moyens aux hôpitaux pour soigner tous les malades et de soutenir la recherche afin qu’un vaccin 100 % efficace puisse être mis au point et commercialisé en dehors du « marché ».

M.M.

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