« Les Réunionnais vont-ils pouvoir réveillonner pendant les fêtes ? » : quelle est la priorité, la santé ou la consommation ?

Coronavirus : les profits vont-ils encore passer avant la lutte contre l’épidémie ?

25 novembre 2021, par Manuel Marchal

Le respect des gestes barrière, de la distanciation sociale et du port du masque en continu semblent peu compatibles avec ce qui est observé tous les mois de décembre à La Réunion : les hypermarchés surtout et les commerces sont pris d’assaut par de nombreux clients potentiels. Cette période constitue en effet le pic de consommation mondial du système capitaliste. Pourquoi ne pas se recentrer sur l’humain en limitant la consommation au strict nécessaire avec un achat en une seule fois ? Ceci sera alors compatible avec une nécessaire limitation drastique de la jauge des hypermarchés, afin que les Fêtes ne soient pas responsables d’une nouvelle catastrophe sanitaire.

Forte concentration d’hypermarchés dans le Nord, là où vit et travaille la partie la plus solvable de la société réunionnaise.

Le rebond de l’épidémie débuté quelques semaines après un pic de fréquentation de l’aéroport est encore en phase ascendante. Invitée hier du journal télévisé de la mi-journée de Réunion Première, le Docteur Christine Kowalczyk, Présidente de l’URML-OI (Union Régionale des Médecins Libéraux de l’océan Indien) l’a confirmé. En prenant toutes les précautions d’usage, elle estime que le pic pourrait se situer aux alentours de Noël.
La situation est pourtant déjà alarmante à en croire les autorités. Voici un extrait du communiqué présentant mardi le dernier bilan hebdomadaire de l’épidémie de coronavirus à La Réunion.

« La Réunion fait désormais partie des 20 départements les plus concernés par la recrudescence de l’épidémie. Pour stopper cette reprise épidémique, il y a une nécessité urgente et forte de maintenir les gestes barrières en toutes circonstances tout en respectant strictement les mesures de restrictions, de recourir à la vaccination (primo-injection ou dose de rappel), de faire un test et de s’isoler en cas de symptômes ».

Priorité : le respect des gestes barrière

Dans le même temps, l’État reconnaît que la vaccination ne suffit pas comme mesure de prévention. Car il est désormais prouvé que ces médicaments n’empêchent pas l’infection et la transmission, en témoigne la recommandation faite aux personnes vaccinées d’éviter de partir en vacances en dehors de La Réunion, surtout en France et à Maurice où l’épidémie flambe.
Le même communiqué souligne que « le meilleur moyen de ralentir la progression du virus dans l’île est de stopper le plus tôt possible les chaînes de transmission via le dépistage et l’isolement ».
Autrement dit, dans l’attente des retours d’expérience sur au moins 6 mois sur l’efficacité d’une troisième dose de vaccin, La Réunion est dans la même situation que l’an dernier. Par conséquent, le meilleur moyen d’atténuer le pic de contaminations, c’est de limiter ses déplacements au strict nécessaire et respecter scrupuleusement les gestes barrière.

Qui peut croire au Père Noël ?

Or, le respect des gestes barrière, de la distanciation sociale et du port du masque en continu semblent peu compatibles avec ce qui est observé tous les mois de décembre à La Réunion : les hypermarchés surtout et les commerces sont pris d’assaut par de nombreux clients potentiels. Cette période constitue en effet le pic de consommation mondial du système capitaliste. C’est là que les plus importants profits sont réalisés, la population étant bombardée constamment d’appels à aller dépenser son argent durement obtenu. La quête du profit est telle que les enseignes ne s’embarrassent pas à respecter le 20 décembre, qui est pourtant le jour férié rappelant l’abolition de l’esclavage à La Réunion. Elles profitent des bas salaires pour compter sur une main d’œuvre qui a besoin de travailler ce jour-là.
Sans doute ces hypermarchés et autres commerces vont jurer la main sur le cœur qu’ils mettront tout en œuvre pour garantir une sécurité sanitaire suffisante dans leurs magasins afin d’échapper à des restrictions d’ouverture ou à des jauges imposées. Mais compte tenu de l’affluence attendue, qui peut croire au Père Noël ?

Ne consommons que le strict nécessaire

Cette fin d’année n’est-elle pas le moment de donner justement un autre sens aux Fêtes ? Au lieu d’une orgie de consommation, saisissons l’occasion de se recentrer sur l’humain, de retrouver sa famille tout en respectant les mesures visant à lutter contre la propagation de l’épidémie en contentons-nous de cadeaux simples, achetés en une seule fois. N’était-ce pas cela qui faisait le charme des fêtes de nos aînés, et n’est-ce pas à cela que sont contraints une grande partie de nos compatriotes, contraints de survivre sous le seuil de pauvreté ?
Ceci sera alors compatible avec une nécessaire limitation drastique de la jauge des hypermarchés, afin que les Fêtes ne soient pas responsables d’une nouvelle catastrophe sanitaire.

M.M.

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