La France annonce la suppression de la quarantaine

Coronavirus : les Réunionnais passent après les intérêts économiques

13 juin 2020, par Manuel Marchal

Le gouvernement a annoncé sa décision de supprimer la quarantaine pour les entrants à La Réunion au plus tard le 10 juillet. Alors que cela risque de remettre en cause la protection des Réunionnais face à l’importation de nouveaux cas de coronavirus venus de France, la date est trop tardive pour le MEDEF ! Paris a donc tranché : la santé des Réunionnais passe après les intérêts économiques qui misent sur le maintien à La Réunion d’un système qui rejette près de la moitié de la population sous le seuil de pauvreté.

Paris a donc tranché : la quarantaine imposée aux voyageurs se rendant à La Réunion sera supprimée au plus tard le 10 juillet prochain, avec la promulgation d’une loi de sortie de l’état d’urgence sanitaire. Le texte qui reste à adopter par le Parlement devra prévoir l’obligation de réaliser un test de dépistage préalable à l’embarquement vers un avion se rendant à La Réunion, ou dans les autres départements d’outre-mer. Il est à noter que la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie ne sont pas concernée par cette décision du gouvernement français. En effet, les gouvernements de ces collectivités autonomes disposent de cette compétence.
Le test obligatoire de dépistage serait donc la dernière mesure de protection pour les Réunionnais face à la menace de l’arrivée de cas de coronavirus importé. Le conditionnel est de rigueur, car rien ne dit qu’un amendement soutenu par le lobby anti-quarantaine pourrait très bien enlever cette disposition. En effet, certains pourraient penser que se soumettre à un tel test pourrait être aussi choquant qu’une quarantaine de deux semaines dans un hôtel de luxe tous frais payés. Par ailleurs cette protection est-elle suffisante compte-tenu du risque de fraude, voire de la fiabilité du test réalisé ?

Rebond de l’épidémie en Meurthe-et-Moselle

La France a donc décidé d’aller dans le sens des intérêts économiques, non seulement en décidant de mettre fin à la quarantaine, mais également en autorisant l’augmentation du nombre de vols, et en levant la limite de 250 passagers par avion.
Il convient de rappeler que selon les statistiques d’hier, 28 nouveaux décès dans les hôpitaux ont été reconnus par les autorités françaises, ainsi que 128 hospitalisations supplémentaires. L’épidémie de coronavirus a tué plus de 29.000 personnes en France, et la crainte est toujours là. En Meurthe et Moselle, c’est l’inquiétude : « En Meurthe-et-Moselle, depuis le début du mois, le taux d’incidence, c’est-à-dire le nombre de cas positifs au coronavirus rapporté à 100 000 habitants, atteint les 26,3 malades, alors que la moyenne nationale est aujourd’hui de 4,3. Comme une quinzaine d’autres départements, parmi lesquels la Moselle voisine, le Nord et Mayotte (dans ces trois zones, le taux oscille entre 20 et 30), la Meurthe-et-Moselle a ainsi dépassé le seuil de vigilance, fixé à 10 par le ministère de la Santé. La flambée de ce taux d’incidence, indicateur crucial pour déterminer si l’épidémie repart à la hausse, inquiète le préfet de Meurthe-et-Moselle, Éric Freysselinard. Il est à ce jour le seul des préfets concernés à avoir tiré la sonnette d’alarme et a appelé, mercredi, la population à la vigilance. Parmi les explications avancées, le représentant de l’Etat mentionne la hausse du nombre de diagnostics, mais aussi « l’imprudence » et le « relâchement » de la population, alors que certains habitants se seraient retrouvés « dans des moments privés, fêtes des voisins, réunions familiales », sans forcément respecter les mesures barrière ».

Relâchement de la vigilance

La décision du gouvernement fait donc courir incontestablement un risque à la population réunionnaise. Elle risque encore d’accentuer l’isolement de notre île au sein d’une région où le coronavirus a fait beaucoup moins de dégâts qu’en France, à l’exception de l’île de Mayotte sous administration française.
En effet, la discipline de la population et la quarantaine imposée aux nouveaux arrivants ont permis à notre île de ne plus compter de nouveaux cas autochtones, à l’exception de contaminations liées à des cas importés clairement identifiées. Il n’est donc pas étonnant que la vigilance se relâche. Ce vendredi soir à Saint-Denis, de nombreux jeunes avaient envahi les terrasses, et s’agglutinaient près des comptoirs pour commander, sans aucun respect des mesures de distanciation. L’arrivée d’un cas importé dans cette foule aurait des conséquences désastreuses. C’est pourtant ce qui pourrait arriver à notre île parce que les intérêts économiques d’une minorité passent avant la protection de la santé de tous les Réunionnais.

M.M.

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