Hier soir, Andry Rajoelina, président de Madagascar, a présenté les mesures prises pour empêcher le coronavirus d’entrer dans le pays. Parmi les décisions annoncées, une concerne directement La Réunion. Le président de la République a en effet annoncé la suspension pendant 30 jours de toutes les liaisons aériennes vers l’Europe. Cette mesure s’étend aussi aux vols reliant Madagascar à La Réunion et à Mayotte où des cas de coronavirus ont été détectés. Par ailleurs, tous les aéroports des régions sont fermés au trafic international. Tous les vols autorisés à atterrir à Madagascar devront donc se poser à l’aéroport international d’Ivato, qui sera alors la seule porte d’entrée de Madagascar pendant 30 jours. Les Malgaches et les résidents ont jusqu’à jeudi 19 mars pour revenir.

Cette décision est liée aux faits que Madagascar n’a toujours pas été touchée par le coronavirus, et que les autorités sanitaires du pays soulignent que le système de santé ne pourrait faire face à une épidémie de grande ampleur de coronavirus.
C’est aussi une conséquence de la gestion de l’épidémie par les autorités françaises. Elles n’ont pas réussi à empêcher le coronavirus d’arriver à La Réunion en raison d’une stratégie qui n’avait pas fixé cela comme objectif. L’absence de mise en quarantaine systématique des passagers venant de France, un des pays les plus gravement touchés, a de lourdes conséquences à commencer pour Air Austral. En effet, Air Austral et sa filiale Ewa ont le monopole de la desserte des aéroports de Madagascar depuis La Réunion et Mayotte. Cela représente plusieurs vols par jour, et donc une activité importante de la compagnie réunionnaise et de sa filiale.

Décision attendue

Cette décision était attendue par de nombreux Malgaches. Elle était dans l’air depuis le début de la semaine avec l’arrivée à plusieurs reprises de personnes venant d’Italie par des vols d’Air France, malgré les instructions données aux compagnies aériennes par le gouvernement. L’aggravation de l’épidémie en France et son arrivée à La Réunion et à Mayotte par des passagers ayant embarqué à Paris a renforcé la conviction que des mesures drastiques devaient être prises.

Il a tout d’abord été question de la suspension des vols d’Air France. Puis la question de la fermeture des frontières de Madagascar a été posée jeudi lors de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. Deux ministres avaient alors réagi. Le ministre de la Santé publique a déclaré : « Nous avons déjà étudié cette possibilité. Elle aura des impacts négatifs sur notre économie ». Quant à la ministre de la Communication et de la Culture, elle avait tenu ses propos : « Il s’agit d’une décision mûrement réfléchie. Tous les paramètres ont été pris en compte. Nous devons savoir que la fermeture des frontières occasionnera des graves problèmes sociaux, à savoir, une éventuelle pénurie de produits de première nécessité (PPN) ».

Accélération des événements

En 48 heures, la situation a donc considérablement évolué, au point que ce qui n’était pas envisageable est devenu la décision à prendre. La priorité a été accordée à la santé de la population, et pas aux affaires.
Dans son intervention, le président de Madagascar a indiqué que les stocks de carburants, de médicaments et de produits de premières nécessité sont amplement suffisants durant cette période de 30 jours. Des mesures vont être prises pour suivre de près les commerces, avec une surveillance des prix.
C’est aussi cette accélération des événements au cours des 48 dernières heures qui a poussé plusieurs présidents de Région et d’autres élus à demander un report du premier tour des municipales d’aujourd’hui, car les rassemblements de plus de 100 personnes sont interdits par le gouvernement français depuis samedi.

M.M.