Le Conseil constitutionnel donne raison à ceux qui se moquent de la santé des Réunionnais

Coronavirus : Paris choisit son camp contre la santé des Réunionnais

13 mai 2020, par Manuel Marchal

La décision du Conseil constitutionnel montre qu’entre les intérêts particuliers d’une petite minorité de voyageurs venus de France, qui estiment que la quarantaine est indigne pour eux, et la santé des Réunionnais, ce sont les intérêts de cette minorité qui passent avant ceux de plus de 850.000 Réunionnais jusqu’alors relativement préservés de l’épidémie de COVID-19. Si La Réunion était aussi gravement contaminée que la France et si la France était dans la situation de La Réunion, nul doute qu’imposer la quarantaine aux Réunionnais débarquant en France ne serait pas attentatoire aux libertés individuelles.

La quarantaine en centre dédié avait permis de circonscrire les cas de COVID-19 importés à La Réunion. Cette protection n’existe plus.

Nombreux sont ceux, à commencer par le président de la République, qui affirment que la guerre est déclarée contre un ennemi invisible, le coronavirus. Dans cette guerre, Paris a choisi son camp : les intérêts particuliers d’une petite minorité de voyageurs venus de France qui estiment que la quarantaine de deux semaines dans un hôtel de standing est indigne pour eux, passent avant la santé des Réunionnais.

En effet, la France est un des pays les plus contaminés au monde par le coronavirus et désormais, les personnes en provenance de ce pays en pleine crise sanitaire pourront refuser la quarantaine obligatoire dans un centre dédié.

Voilà comment à Paris, des personnes qui n’ont sans doute jamais mis les pieds à La Réunion, décident d’ouvrir à nouveau la porte de notre pays à une contamination massive à cause de cas importés de France. En effet, qui peut croire qu’une quarantaine à domicile, ou ailleurs, offre les garanties de sécurité sanitaire au moins égales à un séjour en centre d’hébergement surveillé ? Personne.

Et si les situations étaient inversées, la même décision ?

Le Conseil constitutionnel a décidé d’aller dans le sens de ceux qui considèrent que la protection de la santé des Réunionnais vaut moins que la liberté de voyager des Français. Cette décision fait suite à l’initiative de députés et de sénateurs français qui estiment qu’en pleine épidémie de coronavirus, exiger une quarantaine surveillée dans un centre d’hébergement dédié est une atteinte trop importante aux libertés individuelles !
Il est clair que si les rôles étaient inversés, à savoir que La Réunion soit un des pays les plus contaminés au monde par le coronavirus et que la France en soit relativement préservée grâce à une quarantaine obligatoire pour circonscrire les cas importés, il est évident que les députés et sénateurs français n’auraient pas hésité à faire campagne pour imposer la quarantaine obligatoire aux Réunionnais débarquant en France, faisant fi de tout argument relatif au respect des libertés.

Dans le rendu de sa décision, le Conseil constitutionnel soutient ceci :
« Les députés requérants soutiennent que les mesures de mise en quarantaine, de placement et de maintien à l’isolement méconnaissent la liberté d’aller et de venir et la liberté individuelle. Ils font valoir, en particulier, que la mesure de quarantaine ne bénéficie pas des mêmes garanties que celle d’isolement, en ce qu’elle n’est pas subordonnée à la production d’un certificat médical confirmant sa nécessité. Ils dénoncent également l’insuffisante effectivité du droit au recours devant le juge des libertés et de la détention, faute d’avoir prévu sa saisine automatique dans les quarante-huit heures suivant le prononcé d’une mesure de mise en quarantaine ou de placement en isolement. Ils dénoncent, en outre, l’imprécision des termes « lieux d’hébergement adapté ».
Les sénateurs requérants rejoignent les députés requérants dans leur critique au regard de l’article 66 de la Constitution et dénoncent l’absence d’information systématique du juge des libertés et de la détention lorsque des mesures de mise en quarantaine et de placement en isolement sont ordonnées et la tardiveté de l’intervention de ce dernier. »

Le Conseil constitutionnel a donc décidé d’accéder aux demandes de ce lobby :
« En cinquième lieu, la personne peut choisir d’effectuer la quarantaine ou l’isolement à son domicile ou dans un lieu d’hébergement adapté. »

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Messages

  • Qui sont les parlementaires requérants ?

  • Et voilà, encore une fois on nous met à l’arrière du convoi pour que les autres voyent mieux...
    On est entrain de stabiliser les cas, une économie tramblante, des emplois menacés,.. Et il vaut mieux laisser les gens potentiellement contaminés s’amuser parmi une population préservée jusqu’à l’heure, plutôt que d’avoir du bon sens.
    Franchement on se demande si c’est pas de la jalousie à ce stade putain....
    Le conseil Constitutionnel et ces vieux griboux en actions.. Que des cons en cravate payés à rien penser.


Témoignages - 80e année


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