L’aéroport reste ouvert aux voyageurs venus de France

Coronavirus : que viennent faire à La Réunion 600 personnes par semaine ?

4 avril 2020, par Manuel Marchal

Contrairement aux pays de notre région, l’aéroport Roland-Garros est resté ouvert. Il accueille donc trois vols par semaine. Si chaque avion transporte au moins 200 passagers, alors ce sont au moins 600 personnes par semaine qui viennent à La Réunion. Pourquoi faire ?

Contrairement aux pays de notre région, la France a imposé le maintien de l’ouverture de l’aéroport de Gillot, là où arrivent les vols venus de France. En conséquence, le coronavirus est entré à La Réunion. Trois semaines après la révélation d’un premier cas, près de 80 % des 321 cas officiellement répertoriés sont des cas importés. Cela n’est pas étonnant, car depuis le début du mois de mars au 30 mars, ce sont des milliers de personnes qui sont venues de France à La Réunion sans autre formalité qu’un engagement écrit à suivre une quarantaine.
Il est évident que si cette quarantaine avait été bien suivie, 100 % des cas répertoriés seraient des cas importés. Mais la part chaque jour plus importante des cas autochtones montre bien que la stratégie n’avait pour but d’empêcher l’arrivée du coronavirus à La Réunion.

France, un épicentre de l’épidémie

Depuis plusieurs semaines, la France est un des épicentres de l’épidémie. Dans plusieurs régions, les services de santé sont débordés, et la France n’a pas les moyens de tester toute la population. Ceci rend donc obligatoirement suspect toute personne ayant séjourné en France durant le mois de mars.
A Mayotte, l’État a décidé de fermer l’aéroport par mesure de sécurité. Telle n’a pas été la décision à La Réunion, au nom du maintien de la continuité territoriale. Trois vols par semaine sont maintenus, soit au moins 600 passagers par semaine. Depuis le 30 mars, une quarantaine stricte est imposée, sous surveillance policière, à tout nouvel arrivant. Malgré tout, le risque zéro n’existe pas dans le domaine d’une épidémie.
Un argument évoqué pour l’ouverture de l’aéroport est de permettre à des Réunionnais de revenir dans leur île. Ceci est contestable, car dans une situation pareille, la France se doit de prendre en charge ces Réunionnais qui se disent obligés de rentrer, de subvenir à leurs besoins notamment en termes d’hébergement pour que le confinement se passe dans les meilleures conditions possibles.
De plus, sauf erreur de notre part, l’État n’a pas sollicité Air France ou Air Austral pour organiser des vols de rapatriement de Réunionnais de France à destination de La Réunion. Par ailleurs, à la différence des vols de rapatriement, les avions qui desservent La Réunion ne sont pas vides dans un sens. Il est encore possible de se rendre en France depuis La Réunion, à condition de remplir des critères définis par l’administration.

Pourquoi pas uniquement des vols cargo ?

Le maintien du lien aérien avec la France, un des pays les plus touchés au monde par le coronavirus, interroge donc : mais que viennent donc faire à La Réunion 600 personnes par semaine ?
Le maintien de la « continuité territoriale » est possible sans être obligé d’accueillir de potentiels malades du coronavirus. C’est ce que rappelle d’ailleurs l’État dans la demande faite à Air Austral de faire décoller un avion cargo de La Réunion pour Mayotte. Air France a plusieurs avions cargo de grande capacité. Ne pourraient-ils pas assurer trois vols par semaine les soutes remplies de matériels médicaux ?

M.M.

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Messages

  • Vous vous posez la question mais vous n’essayez même pas d’y répondre.... sic....

    Ce sont tout simplement, des résidents réunionnais qui rentrent chez eux au terme de leur séjour en Métropole :
    - des personnes qui n’ont pas pu ou souhaité avancer leur vol initial ;
    - des étudiants qui, l’année étant finie, ont rendu leur appartement et n’ont plus de logement ;
    - d’autres étudiants qui attendaient la confirmation de l’annulation de concours avant de rentrer, etc...

    Ayez en tête qu’en temps normal, la Réunion a environ 35 vols par semaine sur la Métropole, soit environ 15.000 arrivées.
    Il n’est donc pas stupide de considérer que sur ces 15.000 arrivants potentiels, un maximum de 600 et je vous assure qu’il y en a beaucoup moins, soit moins de 5%, n’aient pas d’autre choix que de rentrer maintenant quitte à affronter le confinement en milieu surveillé.

    Soyons plutôt heureux que la Réunion (la France !) accepte encore ses concitoyens et ne fait pas comme Maurice qui les laisse errer tels des apatrides dans les aéroports du monde entier, sans le sou, ni solution...
    Et pour rappel, la Réunion c’est la France et c’est aussi l’Europe !

    Quand on est journaliste, on doit investiguer jusqu’au bout et non balancer des informations incomplètes dont le seul motif est de mettre le feu...

    • Justement, la France comme vous dites n’a-t-elle pas les moyens de prendre en charge en France le temps que passe la crise "des étudiants qui, l’année étant finie, ont rendu leur appartement et n’ont plus de logement" ou "d’autres étudiants qui attendaient la confirmation de l’annulation de concours avant de rentrer" ainsi que "les personnes qui n’ont pas pu avancer leur vol initial" ?
      Par ailleurs, Madagascar a fermé ses aéroports depuis le 15 mars et avait laissé jusqu’au 19 la possibilité de laisser atterrir des vols ramenant des Malgaches expatriés. Résultat : 70 cas à Madagascar pour un pays de plus de 25 millions d’habitants. A La Réunion, pour moins d’un million d’habitants, 30 fois moins d’habitants, c’est déjà 5 fois plus de cas !
      Une autre stratégie a été mise en oeuvre, elle a donné un résultat différent.


Témoignages - 80e année


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