Pas d’isolement pour les « cas contact », isolement réduit à 5 jours en cas d’infection pour les adultes vaccinés et les enfants

Crèches : un protocole sanitaire pour amplifier l’épidémie de coronavirus ?

14 janvier 2022, par Manuel Marchal

Jamais depuis le début de l’épidémie de coronavirus, La Réunion n’a eu à déplorer un nombre aussi important de nouveaux cas quotidiens. Les autorités craignent une saturation des hôpitaux. La logique veut que des mesures drastiques soient prises pour limiter la progression de l’épidémie. Le nouveau protocole COVID-19 d’accueil des jeunes enfants ne va pourtant pas dans ce sens. Comment s’explique une telle décision ?

Depuis quelques semaines, l’épidémie de coronavirus atteint un niveau sans précédent, notamment en Europe, aux USA ainsi qu’à La Réunion. Cette situation apparaît paradoxale, car cette hausse exponentielle concerne des pays parmi les plus vaccinés au monde. Elle rappelle donc la protection relative des vaccins dans le cadre des politiques menées dans ces pays, car les vaccins n’ont pas permis de maîtriser l’épidémie de coronavirus. C’est notamment le cas de La Réunion.
Des craintes existent quant à la capacité du système de soin à La Réunion à encaisser le choc d’une telle vague épidémique, d’où la nécessité de mesures pour contrer la progression du coronavirus dans notre île.
Or, le nouveau protocole d’accueil des jeunes enfants dans les crèches semble manifestement bien laxiste en termes de lutte contre la propagation de la COVID-19. Le ministère de la Santé a en effet fait évoluer les conditions d’accueil des enfants dans les crèches. Elles s’appliquent depuis le 12 janvier.
Voici ces grandes lignes de ce protocole :
« Cette actualisation des recommandations nationales se distingue de celle du 7 janvier sur les dispositions suivantes :
– Dans le cadre d’un cas confirmé au sein de l’unité d’accueil, il convient de prévenir, pour leur organisation, les parents, ou représentants légaux, des enfants contacts à risque de la situation, sans exiger la récupération de l’enfant contact immédiatement s’il ne présente pas de symptômes
– Le résultat négatif du test antigénique (TAG) ou PCR est le seul justificatif à présenter pour maintenir l’accueil des enfants cas contact dans leur mode d’accueil
– Il est rappelé que l’utilisation d’autotest n’est pas recommandée chez les enfants de moins de trois ans. »

Pas d’isolement des « cas contact »

Le protocole précise la conduite à tenir quand sont découverts des cas de coronavirus et des cas contacts dans une crèche.
Tout d’abord concernant le personnel vacciné testé positif à la COVID-19, une quarantaine de 7 jours pouvant être réduite à 5 est une durée bien brève. Rappelons qu’avant la commercialisation des vaccins, le délai de quarantaine recommandé était de 14 jours, compte tenu des connaissances sur le virus.
Pour un enfant porteur du coronavirus, le délai de quarantaine est de 7 jours, réduit également à 5 jours en cas de résultat négatif à un test de dépistage. Pourquoi là aussi un délai aussi court ?
Ensuite, si un enfant ou un personnel vacciné est considéré comme « cas contact », un résultat négatif à un test de dépistage COVID-19 suffit à être réintégré dans la crèche ou pour reprendre le travail. Aucune quarantaine n’est requise.

Pourquoi ne pas s’inspirer de mesures efficaces ?

Ces dispositions amènent à s’interroger. Dans d’autres régions du monde, des pays ayant un fort taux de vaccination ne sont pas aussi fortement touchés que La Réunion et l’Europe par l’épidémie de coronavirus. La Chine compte 1,4 milliard d’habitants, et 1,21 milliard de personnes totalement vaccinées, soit un taux de vaccination de 86 %, et n’a eu à déplorer que moins de 10.000 morts de la COVID-19 depuis l’an dernier. Ce résultat s’explique par une politique différente.
Dès qu’un cas est découvert, les habitants de villes entières sont strictement confinés, vaccinés ou pas. Ce confinement dure jusqu’à ce que les conditions soient réunies pour que les autorités aient la certitude que le coronavirus ne peut plus circuler. Et au moment du déconfinement, chacun peut reprendre ces activités dans un contexte où il n’y a pas de crise sanitaire.
Il semble évident que les autorités sanitaires à La Réunion n’aient pas l’intention de s’inspirer des mesures mises en œuvre avec succès dans les pays qui ont été très peu touchés par le coronavirus.
Faire reposer tout l’édifice de prévention sur le résultat d’un test de dépistage pour les personnes vaccinées et les enfants est un pari bien risqué. En effet, l’expérience rappelle que de nombreux cas de coronavirus importés à La Réunion sont le fait de personnes qui avaient un test négatif au moment d’embarquer pour notre île. C’est notamment le cas pour le variant Omicron, dont il est prouvé qu’il a notamment été introduit à La Réunion par des passagers vaccinés qui étaient testés négatif avant de s’envoler pour La Réunion.
Manifestement, ce nouveau protocole ne permettra pas de réduire le nombre de cas de coronavirus dans les crèches.

M.M.

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