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Nouvelle-Calédonie et coronavirus : fermeture envisagée de l’aéroport jusqu’en 2021 aux vols internationaux et quarantaine maintenue
29 août 2020, par
« Il faut garder ce dispositif de quatorzaine tant que la métropole ne se sera pas remise de cette crise. Nous n’avons pas d’autre solution. Nous devons privilégier le principe de précaution » : tels sont les propos du président du Congrès de Nouvelle-Calédonie rapportés dans le journal « Actu.nc ». Roch Wamytan rappelle que dans son pays, le principe de précaution s’applique sur la base d’une « conscience collective du passé » commune aux Kanak. « En tant que Kanak, j’ai réagi comme nous tous en fonction de ce passé. Nous l’avons considéré comme un virus extrêmement dangereux dès le début », a-t-il dit. En conséquence, la fermeture de l’aéroport aux vols internationaux est envisagée jusqu’à l’année prochaine comme à Vanuatu, tandis que la quarantaine des nouveaux entrants sera maintenue jusqu’à ce que la France ait éradiqué le coronavirus. A La Réunion, la « conscience collective du passé » a été ignorée avec le résultat que l’on connaît aujourd’hui.
Dans son édition du 27 août, « Actu.nc » a consacré un article sur le rôle du Congrès de Nouvelle-Calédonie dans la lutte contre l’épidémie de coronavirus qui a touché le pays.
La parole est donnée à Roch Wamytan, président du Congrès de Nouvelle-Calédonie pour qui « C’est un rôle central qu’a joué le Congrès lors de la crise sanitaire ».
« A joué », le choix du passé est révélateur d’une situation bien différente de La Réunion, car si la Nouvelle-Calédonie a été concernée par des premiers cas de COVID-19.
Des mesures de protection ont été prises au nom du « principe de précaution » : suspension des vols internationaux et donc fermeture de l’aéroport aux passagers à l’exception des rapatriements, et quarantaine de trois semaines pour tout nouvel entrant : deux semaines dans un hôtel, et une semaine à domicile avec un suivi des autorités sanitaires. Attaqué par deux magistrats placés en quarantaine avec leurs familles, le dispositif a été confirmé par la justice et les requérants déboutés, au nom du risque couru par la population.
Cela souligne donc qu’en Nouvelle Calédonie, le principe de précaution s’applique et passe avant toute autre considération d’ordre économique ou politique. Un extrait de l’article de « Actu.nc » apporte une explication à cette différence de traitement dans deux territoires insulaires de la République :
« Le président a évoqué une « conscience collective du passé ». Les Océaniens ayant déjà essuyé l’impact de grandes épidémies, décimant une partie de la population dès le 18e siècle.
« En tant que Kanak, j’ai réagi comme nous tous en fonction de ce passé. Nous l’avons considéré comme un virus extrêmement dangereux dès le début ». Une expérience de l’histoire qui aura permis de mettre très rapidement en place une cellule de suivi qui s’est muée en mission d’information. « Elle vise à contrôler de manière constructive, consensuelle et inclusive la gestion de la crise – et elle continue toujours – dont le pilotage était assuré par le gouvernement et l’Etat français ». (…)
Une réactivité qui s’est également fait ressentir lors de la suspension des vols internationaux réguliers jusqu’au 24 octobre prochain. « Il faut garder ce dispositif de quatorzaine tant que la métropole ne se sera pas remise de cette crise. Nous n’avons pas d’autre solution. Nous devons privilégier le principe de précaution ».
Alors que des États insulaires comme le Vanuatu ont interdit tout vol international jusqu’au 31 décembre prochain, le président du Congrès ne serait pas réticent à une telle proposition. « Ce sont des mesures qui ont prouvé leur utilité. C’est une option qu’il faut envisager pour la Nouvelle-Calédonie ». »
A La Réunion, notre conscience collective du passé nous rappelle la vulnérabilité de notre île aux épidémies importées. Il reste encore le souvenir vivace de l’épidémie de choléra, matérialisé par le sanctuaire de Notre-Dame de la Salette à Saint-Leu. Il y eut également la grippe espagnole importée à la fin de la Première guerre mondiale. Elle fit des milliers de morts, et la tradition indique qu’un cyclone contribua de manière décisive au déclin de l’épidémie mortelle.
Sur la base de cette expérience, la quarantaine fut longtemps la règle à La Réunion. Le régime colonial qui dominait La Réunion n’était pas philanthrope. Si des lazarets ont été construits, c’est bien parce que cette société ne pouvait accepter de prendre le risque d’importer une maladie contagieuse.
Mais la conscience collective du passé a été ignorée lors des prises de décision. C’est tout à fait logique, car si en Nouvelle-Calédonie, les Kanak sont manifestement acteurs des décisions prises en accord avec le gouvernement français, ce n’est pas le cas à La Réunion.
Ceci est très simple à démontrer. Voici ce que dit Roch Wamytan :
« En tant que Kanak, j’ai réagi comme nous tous en fonction de ce passé. Nous l’avons considéré comme un virus extrêmement dangereux dès le début ». Conséquence logique : tout est fait pour empêcher le virus d’entrer dans le pays, donc l’aéroport est fermé jusqu’à nouvel ordre.
Mais à La Réunion, aucun responsable politique ou administratif pouvant influer sur la stratégie contre la COVID n’a déclaré :
« En tant que Réunionnais, j’ai réagi comme nous tous en fonction de ce passé. Nous l’avons considéré comme un virus extrêmement dangereux dès le début ».
Au contraire, l’État n’a pas empêché le virus d’entrer à La Réunion. Lors de la conférence de presse qu’il a tenu le 11 mars, il a été clairement dit que la question n’est pas de savoir si le coronavirus allait entrer à La Réunion, mais de savoir quand La Réunion sera touchée par l’épidémie.
Ensuite, quand la quarantaine est supprimée le 11 juillet, pendant la semaine qui a suivi, aucun test préalable à l’embarquement ou à réaliser à l’arrivée n’était exigé, seule suffisait une attestation sur l’honneur affirmant l’absence de symptômes. Alors qu’il était déjà établi de longue date que ce virus est mortel.
Durant cette période récente, c’était la crainte de la 2e vague à cause du « retour des vacances », période de pointe du trafic aérien entre la France et La Réunion. Outre des Réunionnais partis voir de la famille en France, ce « pont aérien » de plus de 20 vols par semaine est aussi le moyen pour l’État de transporter son personnel. La rentrée scolaire est en effet une période de l’année où La Réunion accueille le plus de nouveaux arrivants, fonctionnaires nommés dans l’île et leurs familles. Face à cet accroissement du trafic aérien, et donc logiquement du risque d’importation de la COVID-19 à La Réunion, l’État n’impose pas de test obligatoire à l’arrivée alors qu’il est établi que le test préalable à l’embarquement ne peut pas identifier tous les porteurs du virus. Là aussi, c’est un risque qui contrevient au principe de précaution et ignore la conscience collective du passé.
En Nouvelle-Calédonie, les représentants du peuple ont les compétences pour faire appliquer des décisions en fonction des enseignements de leur propre histoire, et de la situation de leur pays qu’ils sont les mieux à même de connaître. Résultat : fermeture de l’aéroport jusqu’à nouvel ordre et pas de circulation du coronavirus.
A La Réunion, les décisions ne sont pas prises par les représentants que les Réunionnais se sont choisi. Elles relèvent d’un gouvernement situé en Europe à 10.000 kilomètres d’ici, qui est face à une situation bien différente. Aussi n’est-il guère étonnant que la santé des Réunionnais ne soit qu’un facteur parmi d’autres dans la gestion de cette crise. Les décisions prises depuis le 11 mars dernier sont là pour le rappeler. Comment expliquer autrement qu’au moment où la France est touchée par une seconde vague de contamination, et alors que La Réunion n’a jamais été classée comme département où le coronavirus circule, soit décidé un quasi-retour à la normale des vols en diminuant les contraintes sanitaires ?
La contamination de La Réunion est donc le résultat d’un fait : le gouvernement français a jugé que des intérêts essentiels autres que la santé des Réunionnais justifiaient de ne pas respecter le principe de précaution, et donc de prendre le risque de voir des Réunionnais mourir du coronavirus.
La Nouvelle-Calédonie rappelle qu’il était possible de faire l’économie de cette flambée épidémique, à condition que des Réunionnais imprégnés de la conscience collective de leur passé aient un niveau de responsabilité comparable à celui des Kanak en Nouvelle-Calédonie. Ceci montre que le chemin de la responsabilité passe par l’existence d’une conscience collective : celle qui fait que chaque Réunionnais ait conscience qu’il fait partie d’un peuple avec une histoire, une langue et une vision du monde réunionnaises.
M.M.
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29 août 2020, 19:01, par MichelM
En manque d’argument pour contrer la légitimité de l’autonomie proposée par Paul Verges, les héritiers de la colonisation de l’époque utilisaient en outre la peur de la division pour imposer leur conviction. L’histoire se répète actuellement à la Réunion, au lieu d’écouter les revendications des habitants, notamment des dockers qui étaient les premiers à manifester pour exiger l’application du principe de précaution face à ce virus, les gouvernants parisiens ont préféré prêter une oreille attentive aux lobbies du tourisme et autres représentants des compagnies aériennes locales. Les décisions des Réunionnais prises à la Réunion pour l’intérêts des Réunionnais n’ont jamais été à l’ordre du jour. L’autonomie décisionnelle, connait pas donc la santé des Réunionnais a été bradée. Les efforts fournis par la population lors du confinement effacés lors des premiers "clusters". Pourquoi, pourquoi comme aimait répéter Joseph. Mais aussi pourquoi, les instances sensées de défendre les intérêts et la santé des Réunionnais, n’ont à aucun moment vivement réagi. L’Agence Régional de la Santé n’a jamais su s’imposer pour contrer cet erreur de laisser le virus s’installer ici.
Quant aux politiques, ils n’ont pas eu la force de se faire entendre. Quant à celui qui dirige la plus grosse collectivité territoriale de l’île, la Région, il est assis entre deux chaises d’un côté limiter les pertes de "sa" compagnie aérienne et de l’autre trouver des galets pour finir "son" chantier de la NRL. Sauf à se parader devant les caméras pour la réception des masques, il n’a aucun moment faire allusion à la mémoire collective des Réunionnais pour demander avec conviction, avec insistance le maintien des quarantaines afin de faire valoir le principe de précaution. Sa campagne de pub pour "son" chantier était plus important que l’inquiétude des gramounes. Quel élu aurait eu le courage d’exiger avec force ce principe de précaution. Le seul que j’ai connu, nous a quitté. Les autres sont désemparés et n’auront pas la force de conviction tant qu’ils seront isolés. Le jour ou d’une même voie, ils réclameront plus de responsabilité pour que les décisions, notamment concernant la santé, soient prises à la Réunion pour les Réunionnais, la population valorisera sa mémoire collective et pourra mieux affronter les futures catastrophes.