Et le chikungunya sans les TOS ?

Danger social et sanitaire pour la rentrée

6 janvier 2006

Au risque d’être accusé par certains de chercher la petite bête, si l’on se projette de quelques jours sur la rentrée scolaire, le moustique Aèdes, en plus de se complaire dans une saison des pluies, pour l’heure calme, risquerait fort de profiter de la grève annoncée des TOS pour s’installer confortablement dans les établissements scolaires. Ce transfert est-il aussi prévu par l’État ?

Les pluies sont, heureusement pour la santé des Réunionnais, actuellement modérées. L’on sait qu’à chaque nouvelle forte pluie, les opérations de décontamination menées par la DRASS et les communes seront réduites à néant. Il faudra traiter à nouveau les mêmes sites. Dans mois d’un mois, la rentrée scolaire se profile. Une rentrée qui avec le mouvement de grève des TOS s’annonce socialement mouvementée et sanitairement dangereuse.

Les élèves menacés

Qu’adviendra-t-il des milliers d’élèves, des professeurs, des personnels des établissements scolaires de notre île, lorsqu’à la rentrée ceux-ci seront privés de leurs techniciens ouvriers de services qui attendent toujours une réponse de la part de l’État ? Comme l’ont déjà démontré les derniers débrayages de fin d’année, si les TOS ne travaillent pas, les déchets vont immanquablement s’amonceler aux quatre coins des établissements, représentants autant de gîtes larvaires potentiels.
Avant le chikungunya, cette éventualité était présentée par les syndicats enseignants comme un risque sécuritaire et sanitaire pour les élèves et personnels scolaires. Avec le chikungunya, c’est une véritable menace de santé publique. Alors que le préfet déclarait mercredi que "chaque fois que quelqu’un jette un déchet par terre, il créé un gîte", l’on peut s’attendre à une prolifération massive et rapide des gîtes larvaires et donc à un décuplement fulgurant de l’épidémie.

Il faudra bien un coupable

Alors que Laurent Cayrel rappelait mercredi que "l’ennemi c’est le moustique, pas l’État", l’on peut d’ores et déjà se demander qui sera responsable lorsque les élèves déserteront massivement les salles de classe, en raison de la maladie ou par peur de la contamination ? Les collectivités qui refusent un transfert de personnels précaires qui n’est pas inscrit dans la loi ? Les syndicats qui pointent du doigt le désengagement de l’État ? Les enseignants, solidaires des TOS, qui veulent s’assurer de leurs bonnes conditions de travail et du respect de personnels employés comme précaires par l’éducation nationale ? Tous ceux qui refusent un transfert illégitime et forcé ? Le Conseil général qui écope d’une nouvelle patate brûlante avec le transfert de la lutte anti-vectorielle ? Les Réunionnais qui n’auront pas su éduquer leurs enfants non plus seulement à jeter leurs déchets dans les poubelles des établissements, mais à les vider eux-mêmes lorsqu’elles sont pleines ?...
À moins que l’État n’anticipe d’ores et déjà ce scénario en débloquant la situation des TOS, il faudra bien trouver effectivement un coupable.

Estéfani


Humeur

À la manière du Révérent (1) Bruno Geoffroy

C’est Noé le coupable*

Il nous faut un coupable, et vite de préférence.
La maladie gagne du terrain, les esprits s’affolent sur les ondes, les rumeurs partent dans tous les sens, le temps presse. Il nous faut un coupable. Que les oiseaux transmettent le SRAS et tuent là-bas, de l’autre côté de la planète, c’est une chose à laquelle nous sommes habitués. Qu’ils volent jusqu’ici et véhiculent la grippe aviaire à travers La Réunion, département français, terre d’abondance, c’en est une autre beaucoup moins supportable.
Puisqu’il faut à notre époque trouver un coupable pour chaque problème, que ce bouc émissaire soit les services de la Préfecture ou de la DRASS (2). Pourquoi en effet se priver de cette réponse toute faite, surtout si on s’appelle le PCR (3) ou si l’on considère la première pathologie venue (4) comme un scandale et comme une offense faite à notre confort de vie (5).
Pourtant le vrai coupable, le coupable idéal est ailleurs. Faisant honneur à ma qualité de fin limier du “Quotidien”, je l’ai retrouvé : c’est Noé. Ce vieux fou a fait monter tous les animaux de la création dans son arche. Tous, même ces merveilleux oiseaux migrateurs porteurs de la grippe aviaire (6).
p.c.c. Bruno Geoffroy (les “arrangements” musicaux irrévérencieux sont de Jean Saint-Marc)

* - Titre de l’édito paru dans le “Quotidien” daté du 05/01/2006 et signé de Bruno Geoffroy

1 - Nous avons bien écrit "Révérent" et non pas Révérend
2 - Exprimez votre solidarité, écrivez à l’Association “Touche pas à ma Préfecture et larg le lourlé mon Drass” dont j’assure la présidence.
3 - Pourquoi en effet se priver de cette réponse toute faite, - héritée de JL Rabou - surtout si on s’appelle le rédac-chef du “Quotidien” ?
4 - Je ne parle pas ici de l’anticommunisme pathologique.
5 - les 7.200 victimes officielles du chikungunya apprécieront certainement.
6 - Ces imprécations bien méritées, il nous faut cependant les tempérer de remerciements chaleureux. En effet, ce vieux Noé a également sauvé une paire d’humains et c’est donc grâce à lui que nous avons aujourd’hui la chance de lire les éditos de Bruno Geoffroy.


Rectificatif

Suite à une erreur de manipulation sur le correcteur orthographique, grammatical et des synonymes de notre ordinateur, un terme inexact a été publié dans l’encadré en haut à droite de la page 3 de notre édition d’hier sur la conférence de presse tenue la veille à la préfecture. Quatre lignes avant la fin de ce texte, il fallait lire : "(...) le préfet et ses collaborateurs (...)" au lieu de "(...) et ses complices (...)".

Chikungunya

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