Appel à la solidarité : RIVE récolte des fonds Opération “In min i lav in not’” parrainée par Gilbert Pounia
« De notre combat dépend la vie d’autres gens »
4 septembre 2007
Le VIH/SIDA tue toujours à l’image de l’inexorable diminution des subventions allouées aux associations qui viennent en aide aux malades. Pour poursuivre ses actions à La Réunion et dans la zone, RIVE a besoin de notre aide. Avec le soutien des grossistes et des pharmaciens de l’île, l’association lance une opération de récolte de fonds “In min i lav in not’”, parrainée par Gilbert Pounia et ses dalons musiciens. Une pièce plus une pièce, et c’est la solidarité qui peut sauver des vies.
A l’appel de RIVE, toutes les officines de l’île mettent à disposition de leurs clients de petites tirelires à l’effigie de Gilbert Pounia, parrain de l’opération “In min i lav in not’”, pour permettre à l’association de poursuivre ses actions auprès des séropositifs de La Réunion et des enfants de la zone.
(photo S.L)
Le VIH/SIDA a tué 4 personnes à La Réunion depuis le début de l’année et près de 3 millions dans le monde en 2006. S’il est une chose face à laquelle tous les habitants de la planète sont égaux, c’est bien face à la maladie qui ne fait de distinction ni d’âge, ni de condition sociale, ni de religion. Sur le terrain, les associations comme RIVE ne baissent pas la garde. Mais comment continuer quand les institutions ferment les robinets ? « On a un besoin cruel d’argent » La baisse des subventions est générale. On savait déjà que chaque année, les associations ont à renouveler des tonnes de paperasses pour obtenir des financements qui n’interviennent que tardivement et qui, d’années en années, sont un peu plus allégés. Mais en 2007, le couperet est sanglant. La Fondation Marc en Métropole a dû fermer ses portes alors que les actions grand public organisées par Solidarité Sida au plan national n’ont pas permis de récolter les fonds attendus. Moins 30% dans la caisse ! Des fonds dont une partie était jusque-là reversée à RIVE, qui n’est pas épargnée par ces restrictions, et destinée à fournir une aide matérielle aux personnes séropositives en grande précarité, de plus en plus nombreuses à La Réunion. « Des personnes qui n’ont pas de quoi se loger ou qui ont des revenus tellement minces que cela impacte sur le traitement », explique le docteur Catherine Gaud, Présidente de RIVE et responsable du service d’immunologie du CDH Félix Guyon. « On a un besoin cruel d’argent. C’est la première fois en 14 ans que l’association existe qu’on a une telle peur de ne pas pouvoir continuer ». Une partie des bénéfices de l’opération sera donc destinée à venir en aide à ces malades aux conditions de vie très précaires, pour contribuer au paiement de leur loyer - sachant que RIVE compte déjà 21 appartements de réhabilitation sociale qui bénéficient d’une contribution de la DRASS -, à l’achat de fournitures de base telles qu’un réfrigérateur ou un panier garni de nourriture. Pour qu’un traitement anti-rétroviral soit totalement efficace, il faut que le malade bénéficie au minimum de conditions de vie décentes pour pouvoir le supporter. Ce qui fait dire au docteur Gaud que « au-delà du challenge social, c’est un enjeu vital ». L’autre partie des fonds collectés servira au volet coopération régionale de RIVE Océan Indien, notamment en faveur des enfants. Car si l’accès aux traitements dans les pays de la zone s’est généralisé, les plus petits ont besoin de médicaments spécifiques. « Le problème reste que les enfants n’ont pas encore accès à des traitements de qualité. C’est RIVE Océan Indien qui les achète », précise le docteur Gaud.
10.000 euros pour sauver une vie
Aujourd’hui, l’association s’envole d’ailleurs pour les Comores avec dans ses bagages du sirop anti-rétroviral pour nos petits voisins affectés par la maladie. Elle y retrouvera Shariff, garçonnet de 3 ans qui a été pris en charge à La Réunion pendant plus de 2 mois comme Akshay, avant lui, ce jeune Mauricien âgé aujourd’hui de 12 ans dont le courage a inspiré Gilbert Pounia qui lui a dédié une chanson qui figure sur son dernier album. Tous deux arrivés à La Réunion dans un état de péril vital, ils ont pu être sauvés grâce à l’intervention des soignants de l’hôpital Félix Guyon et de RIVE, qui a dû trouver, sur ses fonds propres, 10.000 euros pour financer les soins de Shariff, dont les médicaments sont toujours prix en charge par l’association, ainsi que ceux d’Akshay. Un bébé aux Seychelles puis un autre à Maurice font partie des patients qui reçoivent aujourd’hui leur traitement grâce à RIVE. « C’est très difficile quand on est médecin, un être humain tout simplement, qu’on vous appelle pour vous demander de prendre un enfant dont la vie est menacée et que vous n’avez pas d’argent, explique le docteur Gaud. Qu’est-ce qu’on fait ? On le laisse mourir ? Non. On se dit tant pis, on va se débrouiller. Une vie est infiniment précieuse, unique. Cet enfant pourrait être le nôtre ». Et ce n’est pas Gilbert Pounia, artiste à fleur de peau (de rouleur ou d’épiderme), qui pensera autrement que dans le sens de la solidarité, de la main tendue pour lutter contre la maladie et l’indifférence, autre virus sociétal mortel.
Gilbert Pounia : « allié de RIVE »
En tant que personnage public, « si je peux apporter quelque chose », soutient l’ancien éducateur spécialisé. Il a abandonné son métier en 1992 pour se consacrer totalement à la musique, mais se rappelle encore de ce jeune Réunionnais, le premier séropositif à s’être exprimé publiquement sur RFO. « Il avait du mal à vivre dans la société réunionnaise où les tabous sur la maladie étaient forts à cette époque-là. Il a été montré du doigt par les gens, par sa famille. Il est rentré en Métropole, et aussitôt arrivé, a mis fin à ses jours », se souvient le leader de Ziskakan. Lors de ses concerts à La Réunion, il accueille d’ailleurs toujours un stand de l’association, et lors de ses prochaines représentations les 26 et 27 septembre à Saint-Gilles, 1 euro sur chaque place vendue sera reversé à RIVE. « Il ne faut pas seulement attendre des institutions, mais de la propre institution qu’est chaque personne », estime Gilbert qui se dit l’« allié de RIVE » et prêt à continuer la lutte à ses côtés. Les 3 grossistes (Pharmar, Soredip, Cerp-Sipr), le syndicat des pharmaciens et les 244 officines de l’île où sont déposés les petites tirelires n’ont eux aussi pas hésité à répondre favorablement à l’appel de RIVE. Leur porte-parole, Claude Marodon, explique que c’est « une action importante pour nous qui voyons la détresse au quotidien. Des gens qui souffrent de malnutrition, de manque de logement ou qui ont perdu leur travail. Nous assurons souvent la prise en charges des toxicomanes, aussi un fléau porteur du VIH. Le soutien financier est important, mais aussi moral ». Car au mal physique, se rajoutent le poids social, la honte, l’exclusion, la discrimination.
Une pièce contre l’indifférence
Une opération similaire menée en 2003-2004, parrainée cette fois par Jackson Richardson, pour soutenir la naissance de RIVE Océan Indien avait permis de récolter 5.000 euros. Sachant que les petites tirelires à l’effigie de Gilbert Pounia seront disponibles durant 4 mois jusqu’en décembre dans les officines qui accueillent en moyenne 72.000 personnes chaque jour ; sachant que le budget annuel dont RIVE a besoin pour La Réunion et la zone s’élève à 135.000 euros, hors cas d’urgence, et sachant enfin, comme le souligne le docteur Gaud, que « de notre combat dépend la vie d’autres gens » : qu’elle soit de 1, 2, 5 centimes ou de 1, 2 euros, chaque pièce coulée dans la boite sera mise à profit. Dans un monde que l’on veut diviser, la solidarité reste l’arme pour nous unir et nouer l’Humanité.
Stéphanie Longeras
Chikungunya en Italie : plus de 100 cas Le ministère français de la Santé a prévenu, vendredi 31 août, que plus d’une centaine de cas de chikungunya ont été enregistrés dans le Nord-Est de l’Italie, invitant toute personne présentant des symptômes du virus à consulter un médecin. Selon le communiqué du ministère, les autorités sanitaires italiennes ont informé leurs homologues européennes jeudi de la survenue de plus d’une centaine de cas dans la région de Ravenne.
Le nombre de nouveaux cas hebdomadaire est « actuellement en décroissance », précise le ministère, citant les autorités italiennes. L’Aedes albopictus, un des moustiques vecteurs connus de cette maladie, est installé dans cette région depuis plusieurs années et a permis la transmission autochtone du virus.
L’Aedes albopictus, parfois appelé moustique-tigre, est également présent dans certaines zones du Sud de la France métropolitaine, en particulier dans les Alpes-Maritimes et en Corse, mais n’a pas transmis à ce jour le virus du chikungunya.