Distribution de répulsifs à l’Étang Saint-Paul

Des familles oubliées de la société

13 mai 2006

Huguette Bello et Liliane Souprayen, au nom de l’Union des femmes réunionnaises (UFR), ont distribué hier matin des répulsifs à des familles défavorisées de l’Étang Saint-Paul, les oubliées de la société.

Au quartier de l’Étang à Saint-Paul, des hommes, des femmes et des enfants ont été ou sont malades du chikungunya. Cette zone inondable pullule de moustiques. "Des militaires et des agents de la mairie ont démoustiqué", informent des habitants avant de souligner "mais une seule fois". Huguette Bello a distribué des répulsifs à des familles nécessiteuses. Accompagnée de Liliane Souprayen, elles ont sillonné cette portion de la plus grande commune de l’île.
À proximité, un homme vêtu d’un débardeur et d’un short dépoussière son jardin. Huguette Bello lui demande s’il se protège du chikungunya. "Non", lui dit-il. Elle lui propose un sachet contenant un spray et des spirales. Un peu plus loin, elle entame la discussion avec une famille contaminée par cette épidémie. "Nous vivons avec elle maintenant", informe un grand gaillard. Au bout de la rue bétonnée, une voie de terre et de roches. Et là, nous découvrons un autre monde.

Dans un taudis à 72 ans

Derrière des tôles se cachent des cases insalubres. La plus choquante est celle d’Anaïs Garçon, une dame de 72 ans. Elle nous accueille pourtant avec un large sourire. Coiffée d’une capeline et vêtue d’une robe usagée, elle se déplace difficilement. Elle nous laisse visiter sa demeure. Assise, elle nous montre 2 pièces externes : une pour la cuisine et une autre pour de débarras. Depuis une douzaine d’années, elle raconte qu’elle se réveille et se couche dans l’insalubrité la plus totale. Elle ne veut quitter ce petit carré de terre pour rien au monde. Avec 610 euros par mois, cette dame survit avec l’aide d’une voisine bienveillante. Lorsque l’étang sort de son lit, elle est prisonnière des eaux. Seule consolation pour cette dame âgée en période de pluies diluviennes, la toiture de son logis est imperméable.
Sur l’autre versant de ce cours d’eau, les problèmes sont identiques, mêmes si des familles occupent depuis peu des logements sociaux. Elles sont les victimes de cette épidémie et des inondations. Au travers de toutes ces rencontres, on ne peut que constater l’état de pauvreté d’hommes, de femmes et d’enfants réunionnais. Cela se passe chez nous à deux pas d’une aire de pique-nique et de ski nautique, près de maisons luxueuses et d’un complexe cinématographique. Ils semblent être les oubliés de la société.

Jean-Fabrice Nativel


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