Chikungunya

Des pertes considérables pour les salariés

20 février 2006

"Baisse (à prévoir) de chiffre d’affaires", diminution de ventes, "crise économique", "entreprises en difficulté"... On consacre beaucoup de place et d’énergie, depuis ces dernières semaines, aux entreprises confrontées au chikungunya. Tout le monde se penche à leur chevet et c’est à qui dramatiserait un peu plus la situation et tout le monde n’arrête pas de réclamer, du Département, de la Région, de l’État, de l’Europe, des subventions de toutes sortes. Comme cela se passe d’ailleurs à l’approche de cyclones.
C’est la règle du jeu. Dans certains cas, cela peut se justifier. Dans bien d’autres, c’est du pain béni au principe que "zenfants in plère pas, i gaingn’ pas tété" !

Ceux qui trinquent le plus

Et du coup on oublie ceux qui trinque le plus : les travailleurs !
Eux, ils ne perdront pas demain, ils ont déjà perdu et continue, chaque jour de perdre. Des sommes considérables qui viennent diminuer de manière significative, voire dramatique, leur budget.
L’idée que les gens se font - notamment les "décideurs" - c’est qu’un travailleur, lorsqu’il est malade du chikungunya prend un congé maladie, et alors, la sécurité sociale prend le relais pour l’indemniser. Tout juste si certains - toujours bien intentionnés - ne considèrent pas que l’indemnisation de sécurité sociale est supérieure à la paie ! Et puis, le salarié ne travaille pas, donc c’est tout bénéf !
Rien n’est plus faux ! Il faut vraiment n’avoir jamais été salarié dans une entreprise pour raconter de telles balivernes.
Non ! Un salarié qui se trouve en congé maladie perd de l’argent. Beaucoup d’argent !
Quelle que soit la durée de son arrêt de travail, il n’est pas payé les trois premiers jours ! Ce sont les fameux trois jours de “délais de carence”.
Trois journées de salaire, sur la base du SMIC actuel, cela représente autour de 130 à 140 euros !

2.700 arrêts de travail en une semaine

Lors de la grande séance du Conseil général de vendredi dernier, des chiffres ont été donnés concernant les arrêts maladies dus au chikungunya : 2.700 arrêts de travail durant la dernière semaine (la sixième de l’année) et en moyenne 2.000 par semaine depuis le début de l’année, soit près de quinze mille arrêts de travail.
Sur la base de 130 à 140 euros de “délais de carence”, cela représente depuis le début de l’année une perte de l’ordre de 2 millions d’euros !
Et cela n’est pas tout, car l’indemnité journalière de sécurité sociale versée aux salariés en arrêt maladie est loin de correspondre au salaire d’une journée de travail. Par journée supplémentaire d’arrêt maladie, le salarié payé au SMIC perd autour de 25 euros.
Pour trois jours supplémentaires d’arrêt maladie, c’est encore plus d’un million d’euros de perte enregistrée par les quelque quinze mille salarié qui ont été en arrêt maladie depuis le début de l’année !
Il ne s’agit pas ici de pleurer sur le sort des salariés atteints de chikungunya, encore que celui qui verrait son salaire diminuer de 20% ou plus en un mois ne manquerait de s’en plaindre. Avec raison.
Mais ce sont là des sommes importantes en moins pour la consommation. Et donc pour les commerçants qui, d’ailleurs, se plaignent de la baisse de leurs ventes.
Il serait peut-être temps que tous les experts en chikungunya et en crise économique se penchent un peu sur la situation faite aux salariés.

Chikungunya

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus