Point chikungunya du PCR

Doit-on de nouveau craindre la fin de l’hiver austral ?

10 mai 2006

D’une année sur l’autre, la problématique du chikungunya reste la même à l’approche de l’hiver austral. Sauf que 2006 est encore plus inquiétante que 2005 et que le retour de l’été risque de rimer avec un passage de relais pressenti vers des communes qui n’ont toujours pas les moyens de la lutte.

À la veille de l’hiver austral, le Parti communiste réunionnais demande à chacun de ne pas baisser la garde face au chikungunya. L’épidémie est loin d’être éradiquée puisque l’on dénombre actuellement 240.000 cas déclarés, 204 morts, 280 arrêts de travail, une progression constante de 3.000 ou 4.000 nouveaux cas par semaine.

Et après l’hiver ?

Pour Éric Fruteau, il est clair que "nul ne peut présager de l’ampleur de l’évolution de la maladie". Aussi pose-t-il un certain nombre de questions : "Que se passera-t-il au retour de l’été ? Combien de Réunionnais seront de nouveau touchés ? Combien de morts encore ? Quelles conséquences pour La Réunion ?" Les questions sont les mêmes que l’année dernière, mais la menace plus grande.
Le PCR apporte continuellement sa contribution dans la lutte depuis le début 2005. L’organisation politique demandait hier qu’un point financier soit réalisé sur le chikungunya, qu’on fasse le bilan de l’aide apportée aux entreprises, aux particuliers. L’engagement est-il à la hauteur des promesses gouvernementales ? La compétence relevant toujours de l’État, le PCR demande qu’un nouvel effort de communication soit fait pour impliquer davantage chaque individu et instaurer une véritable culture de la lutte via l’école.

L’action communale est complémentaire

Maurice Gironcel, maire de Sainte-Suzanne et conseiller général réagit à l’annonce d’une visite du Premier ministre dans notre île le 18 mai en revenant sur les aides importantes annoncées : le remboursement des médicaments, 9 millions d’euros pour la recherche, 60 millions d’euros pour l’économie, 500.000 euros pour le chômage partiel... Il attend lui aussi un point financier. Il craint qu’après le départ des militaires et le retrait des FAZOI, les communes ne soient appelées à répondre seules de la lutte contre le moustique et rappelle que "seule l’implication du principe de solidarité nationale mène à une lutte efficace avec les collectivités".
Il fait partager ce constat : "La commune est contrainte de parer à l’urgence au détriment de ses affaires courantes. Le personnel communal n’est pas recruté pour les tâches relevant de la lutte mécanique et souffre dans ce domaine d’un défaut de formation. Les communes n’ont pas les moyens de faire face, et les rivières et ravines sont sous la responsabilité de l’État. Nous manquons de véhicules, de matériel, de formation. Nous ne sommes pas opposés à apporter notre contribution, mais encore faut-il nous écouter, nous entendre. Nous sommes d’accord pour agir de manière complémentaire. Mais le droit à la santé relève de la compétence de l’État".

Quid du Centre de surveillance ?

La sénatrice Gélita Hoarau qui a demandé que la chikungunya soit reconnu cause nationale, fait part de sa très grande inquiétude face au départ programmé des forces armées et la manque de moyen des communes : "Les mesures annoncées ne sont pas en place. Que devient le Centre de recherche et de veille sanitaire ? Presque quatre mois après le passage des ministres et du Premier ministre, il n’y a plus de communication officielle sur ce centre. Pourtant nous ne sommes pas à l’abri d’autres maladies tropicales. Pourquoi l’État tarde-t-il ? Nous avons des échos qui disent que ce centre verrait le jour en France métropolitaine. L’épidémie sévit dans l’océan Indien, nous ne comprendrions pas que le centre soit ailleurs qu’à La Réunion. Ce Centre de surveillance et de veille sanitaire doit avoir à la fois un rôle préventif, un rôle de suivi et il doit répondre à toutes nos questions. Quelles conséquences a le chikungunya sur l’espérance de vie ? Quelles conséquences sur les nouveau-nés ? les femmes enceintes ? Quels sont les risques de rechute ? Que se passe-t-il dans le cadre de personnes atteintes de plusieurs maladies ?".
La sénatrice s’inquiète également du fait que le service de prophylaxie ne soit toujours pas relancé. Elle regrette que la commission d’enquête de la Commission des affaires sociales du Parlement n’ait pas permis la mise en application des mesures annoncées par le gouvernement. Elle relance la demande d’une commission d’enquête parlementaire et espère que la Commission de l’assemblée nationale sera plus efficace car si les outils ne sont pas donnés à la population, comment mener une lutte communautaire ?

Eiffel


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus