La diversité ethnique de La Réunion, résultat d’un métissage complexe entre Cafres, Malbars, Yabs, Zoreils et bien d’autres, est une véritable richesse pour la médecine. Cette population métissée, avec des origines variées, offre une chance de plus aux malades en attente d’une greffe de moelle osseuse. En effet, la compatibilité génétique entre un patient et un donneur est essentielle pour le succès d’une greffe. Or, trouver un "jumeau de moelle osseuse" reste une tâche complexe et rare, d’autant plus lorsque les origines génétiques du malade et du donneur sont similaires.
Le Dr Patricia Zunic, responsable du service d’hématologie clinique au CHU de La Réunion, explique : « Les Réunionnais ont un profil génétique unique, qui pourrait faire la différence pour de nombreux malades atteints de leucémies ou d’autres pathologies graves du sang. Leurs profils sont recherchés et précieux, et il est crucial qu’ils s’inscrivent sur le registre national des donneurs de moelle osseuse. » Pour chaque patient, plus il y aura de diversité génétique parmi les donneurs, plus les chances de trouver une compatibilité augmentent. Le Dr Catherine Faucher, de l’Agence de la biomédecine, rappelle : « Chaque inscription sur le registre renforce l’espoir de guérison pour un malade. »

Manque de compréhension du don

Bien que les Réunionnais soient relativement informés des principes du don de moelle osseuse, un certain flou persiste sur les modalités de ce geste. Fin 2023, environ 4 500 Réunionnais étaient inscrits sur le registre national des donneurs, mais ce chiffre reste faible par rapport aux besoins. En 2024, seulement 125 nouveaux donneurs se sont inscrits, un nombre bien insuffisant pour répondre à la demande croissante.
Les idées fausses sur le don sont encore nombreuses : 41 % des personnes interrogées croient à tort que le prélèvement de moelle osseuse se fait dans la colonne vertébrale, alors que la procédure implique généralement une ponction dans la cavité osseuse du bassin. Par ailleurs, 63 % ignorent que les profils recherchés sont spécifiques, notamment les jeunes adultes et ceux issus de populations diversifiées.

Sensibilisation et appel à l’action

Pour lever ces ambiguïtés, l’Agence de la biomédecine et ses partenaires locaux appellent les Réunionnais à mieux s’informer sur le don de moelle osseuse. Il ne s’agit pas seulement de remplir un registre : il s’agit de comprendre que ce don peut sauver des vies. "Un geste simple, mais crucial", souligne le Dr Zunic. En s’inscrivant sur le registre, les Réunionnais peuvent offrir une chance réelle à des milliers de patients en attente d’un donneur compatible.
Les autorités sanitaires insistent sur l’importance de comprendre que l’inscription n’entraîne pas automatiquement un don : seulement 25 % des inscrits sont appelés à faire un don au cours de leur vie. Pourtant, chaque profil ajouté augmente les chances de guérison pour un malade.