C’est dans cette période de campagne électorale intense, 3 jours avant le premier tour de l’élection présidentielle, que les ministres de la Santé et de l’Outre-mer, Philippe Bas et Hervé Marition, ont choisi d’annoncer l’entrée en phase inter-épidémique de chikungunya à La Réunion et à Mayotte.
La circulation du virus avait diminué notablement depuis juillet 2006. « Elle est devenue très sporadique. Mais l’Etat a choisi, délibérément ou non, le 19 avril 2007 pour annoncer cette bonne nouvelle, comme pour montrer que l’Etat avait réussi à vaincre le chik et à sauver les Réunionnais.
À l’approche du prochain été austral, il convient de poursuivre les actions de lutte anti-vectorielle.
(photo Toniox)
Durant ces 2 derniers mois, moins de 10 cas suspects de chikungunya par semaine ont été détectés à La Réunion par le système de surveillance épidémiologique coordonné par la Cellule interrégionale d’épidémiologie (CIRE Réunion-Mayotte) de l’Institut de veille sanitaire (InVS). A Mayotte, le nombre de cas signalés est également très faible.
Cette quasi-disparition des cas d’infections à chikungunya s’inscrit dans un contexte de conditions climatiques propices à cette évolution. La fin de l’été austral marque le déclin de la prolifération des moustiques et des gîtes larvaires. L’addition de l’ensemble de ces données a donc conduit les autorités à placer les 2 îles en situation inter-épidémique.
Bilan de l’épidémie à La Réunion
Pour rappel, après un premier épisode entre mars et juin 2005, l’épidémie de chikungunya avait repris sur l’Ile de La Réunion en octobre 2005, avant d’atteindre son pic au cours de la semaine du 6 au 12 février 2006.
Au total, et pour l’ensemble de la période épidémique, on estime qu’environ 266.000 personnes ont présenté, à un moment ou à un autre, une forme clinique de la maladie. Par ailleurs, un certain nombre de formes graves et atypiques de chikungunya ont été enregistrées au cours de l’épidémie : 246 personnes ont été hospitalisées en réanimation et une quarantaine de cas de transmissions materno-néonatales avec confirmation biologique ont été retrouvées. Entre les mois de janvier et décembre 2006, 254 certificats de décès mentionnant le chikungunya ont été recensés, les trois quarts concernaient des personnes âgées de plus de 70 ans.
Surtout restons vigilants
Il faut cependant rappeler que le niveau d’immunité de la population n’est pas suffisant pour se considérer durablement à l’abri de nouvelles flambées épidémiques si les conditions étaient réunies pour que le virus circule à nouveau. La vigilance restera donc de mise, notamment à l’approche du prochain été austral. Il convient de poursuivre les actions de lutte anti-vectorielle. Pour ce faire, d’ici 2008, les services de prophylaxie disposeront de moyens humains supplémentaires, de même pour Mayotte. Effet d’annonce du préfet, alors que les militaires, si utiles dans cette lutte, rentrent dans leur caserne. Alors que les pouvoirs publics doivent montrer l’exemple et fournir en moyens et en hommes de quoi continuer le combat contre les sites larvaires...
Sophie Périabe
Infos pratiques : l’Etablissement français du sang reprendra les dons du sang à La Réunion à partir du 14 juin prochain, ils avaient été interrompus en janvier 2006 à cause du chikungunya.