Chikungunya

En aidant La Réunion, la France s’aidera

26 décembre 2005

Les déclarations de Madame Isabelle Schuffenecker, directrice adjointe du Centre National de Référence (CNR) des Arbovirus, et les questions du journaliste, Habibou Bangré, sont instructives à plus d’un titre.
Tout d’abord, l’Afrique est intéressée par les réactions des scientifiques à La Réunion. Pour nos voisins, l’épidémie qui nous frappe représente l’espoir de voir un pays développé s’intéresser enfin sérieusement aux moyens de lutte contre le chikungunya, dont nous-mêmes, à La Réunion, ignorions tout, alors que nos voisins en souffrent depuis plus d’un demi-siècle.
Quant à la responsable du Centre de Référence des Arbovirus, ses déclarations ne peuvent que nous inquiéter. Dans l’état actuel de ses connaissances, le chikungunya n’est pas mortel, mais, ajoute-t-elle aussitôt "ou alors dans de très faibles proportions" et cette scientifique précise : "À La Réunion, quelques formes cliniques graves ont été observées, mais aucun décès n’a été recensé".
Pressée de préciser sa pensée, Isabelle Schuffenecker reconnaît que cette maladie n’avait pas été jusqu’ici correctement évaluée : "À La Réunion, nous avons découvert que le virus pouvait être associé à des formes cliniques plus graves".

La voie à suivre

Mme Schuffenecker explique que, pour qu’il y ait épidémie de chikungunya, il faut le virus mais surtout "la présence d’un moustique vecteur en grand nombre".
Cette déclaration, à elle seule, suffit à démontrer l’inefficacité des mesures prises jusqu’ici. Si les moustiques Ædes Ægyptis et Ædes Albopictus n’étaient pas aussi nombreux, l’épidémie ne “flamberait” plus depuis longtemps. Or, 10 mois après son apparition, non seulement l’épidémie persiste mais, de plus, elle croît en intensité, semaine après semaine.
Les moyens dont dispose La Réunion à elle seule sont, à l’évidence, bien trop faibles pour combattre cette épidémie.
Et la dernière phrase de l’interview indique que le danger dépasse notre île et menace les rives Sud de la France : "il faut signaler que l’aire de répartition d’Ædes albopictus, un des vecteurs possibles de la maladie, a tendance à s’étendre [le long des côtes méditerranéennes]".
La voie à suivre est ainsi toute tracée : en aidant La Réunion à combattre puis éradiquer le chikungunya, la France se procurera les meilleures techniques de lutte et de protection pour les 20 années à venir, années qui verront le climat changer dans la France du Sud. De plus, l’expérience réunionnaise pourra utilement être mise à la disposition de nos voisins.

Jean Saint-Marc

Chikungunya

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