Josette Brosse de l’Association l’Île de La Réunion Contre le Chikungunya

Et si l’épidémie redémarre ?

18 juillet 2006

Josette Brosse s’est fait remarquer par ses interventions très énergiques dans le dossier de la propagation du chikungunya dans l’île. Malgré quelques avancées pour contrer cette épidémie, elle reste sur ses gardes.

Josette Brosse, vous présidez l’Association l’Île de La Réunion Contre le Chikungunya depuis le 20 décembre de l’année dernière. Aujourd’hui, êtes-vous satisfaite du déroulement des opérations pour mettre fin à cette épidémie ?

- Je suis satisfaite car la démoustication continue. Dans le même temps, je m’inquiète, car je constate que le service de prophylaxie n’a pas été créé. Avec le recul, je suis maintenant pour l’utilisation d’un produit propre - le Bti - pour protéger aussi bien l’Homme que l’environnement.

Selon vous, des victimes de cette maladie mortelle ont-elles été oubliées dans ce dispositif ?

- Sans hésiter oui. Des actions de démoustication ont été menées intensément de part et d’autres. Mais lors de ces opérations, les collectivités territoriales ont oublié les malades. Ces derniers nous ont fait part de leur mécontentement. En effet, ils attendaient de la compassion et de l’aide de la part des élus. Force est de constater qu’ils n’ont rien vu venir. J’ai été témoin d’une scène que je ne suis pas près d’oublier. Pour se rendre aux toilettes, un homme devait ramper. Puis, une personne devait l’aider à se déshabiller pour faire ses besoins. J’ai eu de la peine et de la colère lorsque j’ai vu des malades avec des mains et des pieds qui ont doublé de volume. Dans cet état de souffrance, aucun personnel soignant se trouvait à leur côté.

Dans quelques mois ce sera l’été, vous êtes inquiète ?

- Oui, comme la plupart d’entre nous. Pour que l’épidémie ne reprenne pas, les malades devront rester chez eux. Ainsi, ils vont préserver la vie des autres en l’absence de tout traitement.

À ce jour, votre équipe a aidé ou accompagné combien de personnes atteintes de cette maladie ?


- Oh la la ! Nous étions en contact avec 90 personnes. Mais toutes ne savaient pas qu’on pouvait leur venir en aide, financière ou humaine.

De quels moyens disposez-vous pour contrer ce mal ?

- J’ai reçu des colis d’associations et de particuliers parmi lesquels des médicaments donnés directement à des médecins du Sud. J’ai remis des moustiquaires au Réseau périnatal de Saint-Pierre. Le staff de Yannick Noah comme des associations réunionnaises installées en métropole nous ont remis des chèques. Je suis révoltée car des chefs d’entreprises et des responsables de collectivités de La Réunion, je n’ai rien perçu.

Ces moyens, vous les jugez suffisants ?

- Bien sûr que non ! Si l’épidémie redémarre à la fin de l’hiver austral, notre association manquera d’aides ménagères et financières. Actuellement, elles sont sollicitées au Tampon, à Saint-Louis, à Saint-Leu, à Saint-Joseph et Saint-André. Nous fonctionnons depuis le début de la crise avec nos propres moyens et nos propres fonds.

Pour conclure, avez-vous quelque chose d’autre à rajouter ?

- Les fonds alloués à cette épidémie doivent être gérés par une commission d’associations. À ce jour, nous ne connaissons pas la répartition des sommes dont La Réunion dispose. C’est avant tout de l’argent public ! J’ai adressé un courrier au Ministre de la Santé pour en savoir un peu plus. Mais dans l’immédiat, je n’ai pas reçu de réponse.

Affaire à suivre.

Jean-Fabrice Nativel


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